Adresse:

Ministry of Foreign Affairs
To Foreign Minister Ms Junko Kawaguchi
11-1, Shiba-Kouen 2-chome
Minato-ku, Tokyo
105-8519 Japan
E-mail:
ticad3@mofa.go.jp

Expéditeurs:

Les signataires de la Lettre ouverte au Premier ministre et au Ministre des affaires étrangères

 

29 Août 2003

Au Premier ministre M. Junichiro Koizumi
Ministre des affaires étrangères Ms Junko Kawaguchi

 

Nous demandons le traitement juste du problème du Sahara Occidental lors de la troisième conférence TICAD III (Tokyo International Conference on African Development).

A notre lettre ouverte sur le traitement du problème du Sahara Occidental à l'occasion de la 3e conférence de la TICAD (Tokyo International Conference on African Development) datée du 12 mai 2003, vous ne nous avez pas répondu en personne mais par l'intermédiaire de M. Uezawa, chef de la deuxième section Afrique du département Moyen Orient et Afrique du Ministère des affaires étrangères. Mais nous considérons que, bien qu'il soit responsable du département chargé des Affaires pratiques de la TICAD, M. Uezawa n'est pas en mesure de répondre à nos questions car la zone du Maroc et du Sahara Occidental ne relève pas de sa compétence. Il nous faut constater qu'il s'agit d'une attitude déloyale et qui méconnaît que le problème du Sahara Occidental est un conflit international important et un dossier grave de violation des droits de l'homme.

De plus, M. Uezawa ne répond en aucune manière à nos questions. Par conséquent, et compte tenu des dernières évolutions du dossier du Sahara Occidental, nous vous adressons les demandes suivantes.

Nous tenons à signaler que la lettre ouverte et la réponse de M. Uezawa ont été traduites et publiées sur le site web de l'association européenne de solidarité et de soutien au peuple sahraoui, et que les citoyens du monde entier intéressés par la question du Sahara Occidental, à commencer par le groupe de députés du Parlement Européen, prêtent une grande attention à l'attitude du gouvernement japonais. Le présent courrier et la réponse que vous lui apporterez feront de la même façon l'objet d'une publicité internationale.

1. Puisque TICAD III fait du soutien à "l'initiative africaine" un thème central et que la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) est membre des organisations nées de l'idée de l'initiative africaine comme l'Union Africaine (UA) ou le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), nous estimons qu'elle y a naturellement sa place et vous demandons en conséquence de l'inviter à la conférence.

2. Dans sa lettre-réponse, M. Uezawa présente ainsi l'attitude du gouvernement japonais : celui-ci "souhaite une solution rapide et pacifique à travers des négociations entre les deux parties et soutient les efforts de médiation déployés par le Secrétaire Général des Nations Unies". Pourtant une telle attitude passive est totalement insuffisante. Nous réclamons du gouvernement japonais qu'il fasse de la TICAD un lieu actif au service de tous ceux qui doivent œuvrer au succès du processus de paix des Nations Unies et de son ambition de résoudre le conflit dans le respect du droit à l'autodétermination.

Japan_Sahara Association/ Kagawa
Western Sahara Campaign/ Tokyo
AOYAGI, Noriko (Translator)
AMANO, Reiko
AMINAKA, Akiyo (Graduate School, Tsuda Collage)
IIJIMA, Midori (Associate Professor, Rikkyo University)
OHKI, Kenji (Japan-East Timor Association/ Shimonoseki)
OHKUMA, Naohiko
OHTA, Kazuo (Director, Peace Studies Association of Japan)
KASUGA, Tomonari
KAMIKUBO, Kazuyo (Japan Association for African Studies)
KAWAUCHI, Shinsuke
KAWABE, Ichiro (Associate Professor, Aichi University)
KAWAKAMI, Naoko (Japan Association for the Study of Yoseba)
KUSUHARA, Akira (Professor, Kokugakuin University)
KOIZUMI, Mari (Lecturer, Seisen Jogakuin College)
SAIGA, Keiko (Lecturer, Osaka-Sangyo University)
SATAKE, MasaakiÅiProfessor, Shikoku Gakuin UniversityÅj
SATOH, Kenta (Africa Reconciliation Committee)
SHINGO, Keiko (Translator)
SUZUKI, Harumi (Tanka-Poet)
SUNANO, YukitoshiÅiProfessor, Prefectural University of KumamotoÅjÅ@ÅîåßóßÅI
TAKABAYASHI, ToshiyukiÅiAssociate Professor, Shikoku Gakuin UniversityÅj
TAKAKI, Keiko (Professor, Obirin University)
TAKEUCHI, JunkoÅiAssociate Professor, Kobe City University of Foreign StudiesÅj
TAKEMURA, Keiko (Associate Professor, Osaka University of Foreign Studies)
TAMURA, Yukari (Executive Committee of Ethnic Concerts)
TODA, Misato (Professor, Bunkyo University)
TOMINAGA, Chizuko (Professor, Miyagi Gakuin Women's University)
NAGAOKA, Hiroaki
NAGAHARA, Yoko (Associate Professor, Tokyo University of Foreign Studies)
NUKATA, Yasuko (Osaka Women's University)
NOMURA, Tamio (Amnesty International/ Japan)
HARADA, Yohei (Mozambique Support Network)
HIGAKI, Mari (Graduate School, Tokyo University of Foreign Studies)
HIROMITSU, Kiiko (Lecturer, Shimane University)
FURUSAWA, KiyokoÅiAssociate Professor, Keisen UniversityÅj
MASAHIRA, Tatsuo ÅiProfessor, Towa UniversityÅj
MORIKAWA, JunÅiProfessor, Rakuno UniversityÅj
YAMAGUCHI, NaokiÅiGraduate School, Tohoku UniversityÅj
YAMASAKI, Takako
YAMAGAMI, Atsuko
YAMAGAMI, Takao
YOSHIKUNI, Tsuneo (Professor, Senshu University)
WADA, Shohei (Professor, Koshien University)
HOSOMI, ShinnyaÅiProfessor der Hokkai Gakuen Universität
KOMURA, NobukoÅiDoktorandin der Colorado Universität

 

Justification de nos demandes

1. Première demande

L'explication pour ne pas inviter la RASD à TICAD III donnée dans le 5e paragraphe de la lettre-réponse ne répond nullement à la première question de notre lettre ouverte. Nous ne souhaitions pas savoir comment le gouvernement japonais voit juridiquement la RASD mais comment il voit la position internationale des pays africains à l'égard du problème du Sahara Occidental.

Le document "TICAD III, signification et objectif" publié sur le site web du Ministère des affaires étrangères met l'accent à plusieurs reprises sur "l'importance de l'initiative des pays africains". En particulier, il inscrit le soutien au NEPAD comme un thème majeur en notant que le NEPAD est une initiative de développement formulée par l'Afrique elle-même et dont l'idée rejoint celle de la TICAD. TICAD III aura à débattre largement sur la façon de concrétiser le concept NEPAD à travers le processus TICAD avec le soutien de la communauté internationale.

De même, dans "Japon et Afrique", brochure récente du Ministère des affaires étrangères, le NEPAD et l'UA sont abondamment évoqués comme des "efforts de prise d'initiative" (pages 12 et 13).

Il y est écrit que "l'UA constitue l'institution régionale la plus importante au monde avec ses 53 pays membres du continent africain". Comme nous l'avons signalé dans notre lettre ouverte, la RASD est un de ces 53 pays. En tant que programme de l'UA, le NEPAD considère lui aussi la RASD comme un de ses membres. Tout ce qui précède peut être vérifié sur les sites web officiels de l'UA et du NEPAD.

Dans ce contexte, la RASD est sans aucun doute "une nation concernée par le développement africain" (dernière phrase du 5e paragraphe de la lettre-réponse). Si le premier objectif de la TICAD est de soutenir l'initiative des pays africains, il va de soi que la TICAD doit inviter la RASD en qualité de pays admis par l'Afrique au sein de cette initiative. Nous pensons que cette invitation serait également profitable aux thèmes de l' "installation de la paix" et des réfugiés.

2. Seconde demande

A notre deuxième question sur la raison de l'invitation faite au Maroc, la lettre-réponse répond simplement : "le Royaume du Maroc est une nation concernée par le dossier de développement africaine et je vous informe que nous l'invitons à TICAD III". Cette réponse étonnante démontre un manque de compréhension non seulement de notre question mais de la gravité de l'occupation militaire du Sahara Occidental par le Maroc en violation des règles internationales.

Le chapitre "Signification et Objectif", sur le site web du Ministère des affaires étrangères, avance la formule "base du développement = installation de la paix" comme un "des domaines importants pour le développement". De même, le chapitre "Japon et Afrique" affirme que "le Japon traite "l'installation de la paix" comme un des éléments essentiels de la coopération avec l'Afrique". A ce compte, l'invitation du Maroc irait manifestement à l'encontre de l'objectif de la TICAD, puisqu'il s'agit d'un pays occupant militairement un territoire voisin sans respecter l'avis consultatif de la Cour Internationale de Justice ainsi que les résolutions des Nations Unies, imposant aux habitants un statut de réfugiés et des violations des droits de l'homme, et menaçant "l'installation de la paix" au Maghreb voire en Afrique. Par conséquent, nous ne pouvons admettre cette réponse qui se borne à nous '"informer" de l'invitation du Maroc comme si celle-ci allait de soi.

Dans le 7e paragraphe de "G8, Plan d'action pour l'Afrique" on peut lire que "nous ne collaborerons pas avec des gouvernements qui ignorent les intérêts et la dignité de leur peuple". Le gouvernement japonais est-il prêt à renier ses engagements ?

Si c'est parce que "le problème du Sahara Occidental n'est pas encore résolu" que la RASD, membre de la communauté internationale africaine, ne peut être invitée à TICAD III "organisée à l'initiative de notre gouvernement", il va de soi que le Maroc qui n'est membre ni de l'UA ni du NEPAD ne devrait pas l'être davantage.

Cependant, si le gouvernement japonais a véritablement la volonté d'œuvrer à travers la TICAD à l'installation de la paix, il devrait inviter la RASD et le Maroc et exiger de ce dernier, pour condition d'une coopération, de collaborer sincèrement avec les Nations Unies au processus de paix. Si tant est qu'il fasse sienne l'idée de l'initiative onusienne, le gouvernement japonais doit veiller au fait que toutes les résolutions du Conseil de Sécurité et de l'Assemblée Générale, y compris la dernière, appellent une solution basée sur l'autodétermination du peuple.

Dans le contexte du problème non résolu du Sahara Occidental, s'il invite le Maroc sans inviter la RASD, la position du gouvernement japonais sera à coup sûr interprétée comme un soutien à la position marocaine.

Depuis 1991, le Japon aura été, par deux fois, durant quatre ans, membre non permanent du Conseil de Sécurité. Le premier mandat correspondait à l'année initialement prévue pour le référendum (1992), le second à l'Accord de Houston (1997) qui reconfirmait le processus de paix. C'est dire que le Japon a été membre du Conseil de Sécurité à des moments décisifs pour le processus de paix, et qu'il a en conséquence une responsabilité majeure dans l'évolution du processus de paix au Sahara Occidental. Même en dehors de son mandat au Conseil de Sécurité, le gouvernement japonais, qui n'a de cesse de rappeler qu'il est le deuxième contributeur de l'organisation internationale, se doit de promouvoir activement le plan de résolution tant au sein des réunions sans huis clos que de l'Assemblée Générale.


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