Coordination européenne du soutien au peuple sahraoui
Secrétariat :
110 rue Stévin,
1000 Bruxelles

 

Bruxelles, le 27 septembre 1999

Monsieur Kofi ANNAN

Secrétaire Général des Nations Unies

New York

 

Monsieur le Secrétaire Général,

Votre visite dans les campements sahraouis, votre contact personnel avec les populations sahraouies réfugiées dans les camps de Tindouf et votre rencontre avec le Front Polisario le 30 novembre 1998 avaient suscité un réel espoir parmi tous ceux qui pensent qu'il revient effectivement de droit et de fait aux Nations Unies de conduire à son terme le processus référendaire d'autodétermination pour le Peuple sahraoui.

Nous, les Comités européens de soutien, les ONG, les associations de juristes, les intergroupes parlementaires européens en faveur d'une solution juste et durable pour le Peuple sahraoui, avons placé notre confiance dans vos initiatives afin de finaliser les justes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité en avril 1990 (Résolution nƒ 690 de 1991) créant le Plan de Paix pour le Sahara Occidental et mettant en place la MINURSO ainsi qu'un calendrier et les conditions pour la réalisation d'un referendum d'autodétermination au Sahara Occidental.

Dix ans plus tard, l'ONU n'aura pas été en mesure de conduire à son terme le Plan de Paix. Aujourd'hui encore, nonobstant vos efforts et ceux de votre envoyé spécial, l'Ambassadeur James Baker, le Maroc invoque tout argument, même faux, susceptible de retarder les échéances fixées par l'ONU et de rendre caducs les accords convenus entre les parties en conflit - le Maroc et le Front Polisario- sous l'égide de Monsieur James Baker.

La succession du trône au Maroc n'a pas entraîné de changements notables dans l'attitude du Palais et du Gouvernement marocain.

L'inondation des sections d'identification d'un nombre infini de recours, dénoncée dès la mois de mai dernier par le Secrétaire général du Front Polisario, est bien réelle et n'a fait qu'amplifier. Vos appels à la modération en vue de rendre possibles les travaux de la Commission d'identification n'ont pas été pris en compte par la partie marocaine. Cette attitude relève d'une volonté délibérée de la partie marocaine de bloquer le processus d'établissement des listes de votants tel que prévu dans les accords de Houston.

Comment, dans de telles conditions, la Commission d'identification pourra-t-elle, dans un délai raisonnable et aussi sérieusement que précédemment, conduire à son terme en faisant preuve d'autorité, d'indépendance et d'impartialité, sa mission d'établissement des listes de votants ?

En représentant l'ensemble des personnes non retenues au cours de la première identification, en présentant des personnes issues des tribus contestées, la partie marocaine se livre à une réelle manipulation en vue de reculer, voire annuler, tout espoir d'organiser un referendum d'autodétermination au Sahara Occidental.

La partie marocaine met dangereusement en cause le Plan de Paix et sans une attitude ferme et courageuse de l'ONU et de la Communauté internationale, c'est la paix dans la région qui est directement en cause.

L'exemple du Timor démontre de manière tragique tout à la fois la détermination des Peuples à faire respecter leur droit, et combien il leur en cošte lorsque la communauté internationale tarde à faire respecter ces droits par l'envahisseur.

Au Sahara Occidental, comme au Timor ou en Palestine, les Nations Unies n'ont pas à se poser de questions "ingérence ou non-ingérence humanitaire" : le droit international est clair, précis, et la communauté internationale, tant l'Assemblée. générale des Nations Unies que l'OUA, s'est prononcée.

Rien ne saurait retarder votre intervention afin de mettre fin aux manoeuvres dilatoires du Maroc et conduire à son terme, dans les délais prévus par vous-même, le referendum d'autodétermination honnête, vérifiable et observable par le peuple sahraoui.

Votre représentant spécial, l'Ambassadeur William Eagleton, vous aura très certainement alerté des graves violations des droits de l'homme commises par les autorités d'occupation marocaines à l'encontre des citoyens sahraouis à El Ayoun.

Rien que durant ce mois de septembre, les forces de l'ordre occupantes ont tué une personne, blessé plus de quarante personnes, dont une douzaine grièvement, et fait disparaître plusieurs dizaines d'autres Sahraouis au centre de la capitale. Il s'agissait d'étudiants, de travailleurs et de retraités, tous civils sahraouis.

N'est-ce pas lý un argument supplémentaire pour amener l'ONU à accélérer la mise en oeuvre du plan de paix et prendre sous sa responsabilité administrative le territoire occupé du Sahara Occidental ?

Vous devez savoir, Monsieur le Secrétaire Général, que nous sommes à vos côtés lorsqu'il s'agit de faire valoir les droits d'un petit peuple courageux, victime d'un déni de droit, celui de n'avoir pu conduire à son terme son droit fondamental à la décolonisation. En annexe, vous trouverez la résolution adoptée par l'Assemblée du Comité des Liaison des ONG européennes en avril 1999. Ce Comité représenté plus de 900 ONG de coopération au développement.

En terminant, nous vous adressons, cher monsieur Kofi Annan, une invitation à participer ou à vous faire représenter à l'occasion de la 25ème Conférence des Comités de Soutien à la juste cause du Peuple Sahraoui, qui se tiendra les 6 et 7 novembre prochain à Las Palmas aux Canaries.

Veuillez croire, Monsieur le Secrétaire Général, en l'assurance de notre haute considération.

Pierre GALAND,
Président de la Coordination européenne du soutien au peuple sahraoui
Secrétariat :
110 rue Stévin,
1000 Bruxelles
T/F : 32 2 231 01 74.
Email : forum.nord.sud@euronet.be


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