Révolte des Sahraouis - Revolt of the Saharawis - Revuelta de los Saharauis

Procès des activistes des droits humains et des détenus politiques sahraouis

Séance du tribunal du 6 février 2007, El-Ayoun

Témoignage d’un militant présent sur place

Le tribunal de l’injustice et de l’agression à El-Ayoun occupée a eu à nouveau rendez-vous avec les héros du soulèvement pacifique de l’indépendance au Sahara Occidental. Il se trouvait, en effet, ce mardi 6 février 2007, face aux activistes sahraouis des droits humains Ibrahim Sabar, secrétaire général de l’Association Sahraouie des Victimes des Violations Graves des Droits de l’Homme Commises par l’Etat du Maroc (ASVDH) et Ahmed Sbai, membre de son bureau de coordination.

Ces deux héros ont comparu le 6 février 2007 dans la salle d’audience du tribunal, scandant des mots d’ordre patriotiques : « pas d’alternative, pas d’autre alternative que l’autodétermination » ; « non et non à l’autonomie » ; « l’autodétermination est au rendez-vous » et « il n’est pas du ressort de l’occupant de prononcer des condamnations à notre égard ». Ce qui ne fut pas de l’avis du procureur général qui a ordonné l’ouverture d’un procès-verbal de mise en accusation d’atteinte à l’honneur du jury pour les motifs suivants : « des slogans hostiles répétés, de lever les doigts en signe de victoire au sein même du tribunal ». C’est de cette façon que l’ennemi déchu tentait à faire taire nos libres héros dont la volonté ne se brise point.

La plaidoirie de la défense, qui souhaitait s’assurer au préalable des garanties essentielles d’un jugement équitable, constatait l’absence du principe de la solennité de l’audience. Car celle-ci s’est déroulée non seulement en l’absence des familles des détenus politiques sahraouis, mais en présence massive, qualifie-t-elle, d’un ensemble d’individus qui ne sont que différents éléments des appareils makhzen et d’autres personnes triées sur le volet pour faire croire que la cour est tenue publiquement, exigeant ainsi l’ouverture de la porte du tribunal au grand public.

Cette protestation a justifié un arrêt de 3/4 d’heure de la comparution des prévenus d’opinion.

Cependant, les anciens détenus politiques et activistes des droits humains Ibrahim Dahan, président de l’ASVDH (El-Ayoun occupée) et Naama Asfari, co-président du CORELSO (Ivry/Seine) ont été détenus et mis à l’écart par les appareils répressifs en dehors de l’enceinte du tribunal et empêchés par un groupe de policiers marocains conduits par un bourreau dénommé Abou El Hassan Ichi. Après avoir interrogé ce service d’ordre, sans obtenir de réponse, sur les motifs réels et sérieux de cette interdiction illégale, ils se sont résignés, tous les deux, à mener un sit-in devant la porte du tribunal, en guise de protestation contre ce refus injustifié. D’autant plus qu’ils ont été surpris par l’intervention sauvage des individus qui assiégeaient le tribunal de tous les côtés. Ils ont été ensuite emmenés de force et détenus pendant 45 minutes, à l’abri des regards, avant que les avocats de la défense, accompagnés d’un représentant du procureur général, ne viennent les inviter, indignés de ce comportement illégal, à entrer dans la salle d’audience. Les activistes des droits de l’homme et les familles des détenus politiques sahraouis ainsi que la défense ont rétabli le droit de tous les proches des détenus à l’accès libre à la salle de l’audience.

La séance a repris ensuite son cours normal, avec la comparution de nos héros, Ibrahim Sabar et Ahmed Sbai, toujours dignes et répétant des slogans, malgré leur faiblesse suite à la torture et à la grève de la faim, dont les traces étaient visibles sur leurs visages.

La défense a plaidé la fausseté des accusations de l’ennemi, à savoir l’absence de preuves irréfutables d’un flagrant délit ; l’illégalité de la durée de la détention provisoire et de la surveillance préventive ; la clôture des dossiers d’instruction infligeant des peines décidées d’avance, violant le principe de l’objectivité de la police d’instruction judiciaire et enfin l’absence inexpliquée des familles des inculpés dans la salle d’audience.

Ibrahim Sabar a pris la parole lors de sa comparution à l’audience pour se défendre, faisant la lumière sur les pratiques illégales exercée par l’ennemi. Sans la moindre protection les détenus sont constamment assaillis et humiliés en prison et même lors de leur transfert aux assises pour s’assurer de leur silence au tribunal.

Le détenu politique et activiste des droits humains Ahmed Sbai a déclaré à la barre adopter les mêmes positions qu’Ibrahim Sabar.
Les deux détenus d’opinion ont déclaré leur volonté collective de continuer la grève de la faim, entamée depuis le 30 janvier 2007. Ils ont préféré garder ensuite le silence en guise de protestation contre les pratiques répressives perpétrées contre les détenus politiques sahraouis et le refus de l’autorité d’occupation d’ouvrir une enquête à ce sujet, pourtant exigée par les détenus sahraouis eux-mêmes.
La défense, constatant l’impossibilité de plaider dans ces conditions, s’est retirée du tribunal, et a contraint, ainsi, le jury à ajourner le procès au 20 février 2007. [voir communiqué public]

Le détenu sahraoui d’opinion Abdelsalam Mammadi [Loumadi] a comparu ensuite et a répété les mêmes paroles, amenant le jury du tribunal à prononcer l’ajournement de son procès à la même date. Les prévenus Mohamed Lahbib El Kassimi [El Ghasmi], Ahmed Salem Hmaidi [Ahmeidatt] et El Hafedh Taoubali, présents à la barre en 3e lieu, ont réitéré eux aussi des slogans nationalistes sahraouis dès leur comparution. Mais Taoubali s’est évanoui à cause des séquelles de la grève de la faim visibles sur lui. Les mères sahraouies, présentes dans la cour, ont clamé des slogans patriotiques revendiquant le départ des forces d’occupation marocaines des territoires occupés.

Le président du tribunal d’occupation a alors reporté le jugement au 20 février 2007, alors qu’El Hafedh Taoubali et sa sœur se sont faits transporter à l’hôpital, qui refusait, selon les dernières nouvelles, tout soin médical.

L’ennemi a sans aucun doute paniqué devant l’audace du soulèvement de l’indépendance et la vigoureuse protestation des organisations humanitaires internationales contre des excès pratiqués par l’ennemi sur les Sahraouis des territoires occupés.

El-Ayoun occupée.
Traduction de l’arabe Ali Omar Yara, Paris.


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