Le Maroc refuse le Plan de Paix

>> Summary by Sahara Press Service 26.04.04
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Resumen en castellano por la Agencia SPS, 26.04.04

Dans son dernier rapport, S/2004/325, Kofi Annan fait état de la réponse du Maroc au Plan Baker - autonomie à l'exclusion de toute option d'autodétermination - et propose un nouveau prolongement du mandat de la MINURSO, dans l'espoir d'arriver finalement à une solution qui respecte l'autodétermination exigée par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1429 (2002).
M'Hamed Khaddad, coordinateur sahraoui avec la MINURSO, nous fait part de ses premières
réflexions:

- Le Maroc refuse le plan Baker, quelle est votre réaction ?

Après neuf mois de tergiversations et de reports, le Maroc a donné sa réponse. La réponse de toujours. Une réponse qui se résume ainsi: les Sahraouis ne doivent pas être consultés sur leur devenir, pas d'élections, pas de démocratie, pas de légalité internationale. La réponse de Baker et de Kofi dans le rapport qui vient d'être publié est on ne peut plus claire: La seule "ligne rouge" qui vaille est le respect du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Au paragraphe 38, le Secrétaire général des Nations Unies écrit : "Mon Envoyé Personnel et moi-même pensons que le Plan de paix continue de constituer la meilleure solution politique du conflit du Sahara occidental qui prend en compte le droit à l'autodétermination comme stipulé au paragraphe 1 de la résolution 1429 (2002)" du Conseil de sécurité.
Enfin, M. Kofi Annan propose au Conseil de sécurité une prorogation du mandat de la MINURSO de dix mois, jusqu'à février 2005, et dit "espérer que le Conseil de sécurité réaffirmera son récent soutien unanime au Plan de paix et appellera, de nouveau les parties à collaborer avec les Nations Unies et entre elles en vue de l'acceptation et de l'application du Plan de paix" .

- Que signifie ce nouveau délai ?

Il constitue avant tout une fin de non-recevoir de la part des Nations Unies aux tentatives marocaines de faire sortir le conflit de son cadre de décolonisation inachevée. C'est aussi un renouvellement de l'engagement de la communauté internationale en faveur du plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Cela est important surtout si l'on sait que le Maroc mène depuis plus d'une année une campagne acharnée de pressions et de lobbying, sans parler de son soutien traditionnel français au Conseil de sécurité, dans le but de changer les termes du Plan de Baker et pour l'abandon de l'option indépendance. En somme, les Nations Unies s'en tiennent à la nature du conflit, en tant que conflit de décolonisation justiciable par conséquent de l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination.

- Votre patience est mise à rude épreuve ?

Bien entendu nous regrettons la prolongation du mandat de la MINURSO pour une si longue période. Cela va ajouter encore aux souffrances et au calvaire imposés injustement à notre peuple depuis trois décennies. Mais comme dit littéralement un adage sahraoui: "On ne demande pas au voyageur quelle a été la durée de son séjour, mais plutôt qu'est ce qu'il ramène de son voyage ?". Les Sahraouis restent plus que jamais déterminés à défendre leurs droits aussi longtemps que cela sera nécessaire.
Nous regrettons surtout le manque de vigueur et de fermeté des Nations Unies devant l'intransigeance et les violations par le Maroc du droit et de la légalité internationale. Même si pour l'essentiel la copie marocaine a été entièrement ignorée.

- Et si après les 10 mois le Maroc maintient sa position ?

Si le dernier Plan Baker échoue à cause de l'intransigeance marocaine, l'ONU devra par conséquent appliquer le Plan de paix original de 1991, qui a déjà été accepté par le Maroc et le Front POLISARIO. Ne rien faire et remplacer le processus de paix par l'attente et le vide n'est pas acceptable. Pire que cela, l'ONU créera une situation dangereuse qui pourra à n'importe quel moment dégénérer en un conflit ouvert.

L'ONU doit faire comprendre au Maroc que sa position d'obstruction permanente est intolérable et ne peut rester impunie. Le Front POLISARIO et la communauté internationale ne peuvent accepter la continuation au Sahara Occidental d'une situation de ni paix ni guerre, qui ne sert qu'à compliquer les choses et peut déboucher sur une situation dangereuse.

- Qu'apporte au Maroc un nouveau report de la solution du conflit ?

Le Maroc est dans une situation politique et socio-économique bloquée. Drogues, terrorisme et "pateras" sont plus que jamais à l'ordre du jour. La charge financière et diplomatique de son occupation coloniale du territoire sahraoui est énorme. Dépenses pour maintenir plus de 120.000 soldats le long d'un mur de plus de 2000 km, dépenses pour entretenir un service sécuritaire omniprésent, dépenses pour fixer sur place plus de 300.000 colons (les campements) logés et nourris à la charge de l'état... alors que militaires et civils touchent une double solde pour les encourager à servir dans le territoire. Tout cela au moment où la politique marocaine d'assimilation dans le territoire a été un échec total. Les échanges de visites que supervise actuellement le HCR depuis 7 semaines et qui ont bénéficié à plus de 400 personnes (le nombre d'inscrits a déjà dépassé les 8000) ont démontré tout le ridicule des prétentions et de la propagande marocaines des 29 dernières années. Ces visites ont mis en lumière le rejet unanime des Sahraouis de l'expansionnisme marocain et leur attachement à leur indépendance.
Le Maroc doit se concentrer à trouver des solutions à sa situation socio-économique et politique interne difficile et mettre un terme à son défi à la communauté internationale.
Le prochain mandat de la MINURSO doit être mis à profit par le Conseil de sécurité et surtout ses membres ayant des relations avec la région, pour amener le Maroc à reprendre la voie de la raison en coopérant avec l'ONU en vue de l'organisation d'un référendum d'autodétermination libre et juste pour le peuple sahraoui.

24.04.04 (propos recueillis par arso)

 


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