LE COURRIER DE FRANCE

 

N° 06 décembre 1998

 

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication :
Fadel Ismael

SOMMAIRE

EDITORIAL

RASD

  • Déclaration de Ould Salek
  • Déclaration de Mansour Omar
  • Témoignage zones ocupées

ONU

  • Résolution 1215 du Conseil de Sécurité
  • Rapport du secrétaire général S/1998/1160

FRANCE

DOCUMENT

MAROC

Le Sahara Occidental dans la presse internationale

Les événements les plus saillants de 1998


Editorial


Les Sahraouis ulcérés par l'attitude du Maroc

C'est par un véritable affront à l'ONU, un défi à la communauté internationale, que le Maroc a, par la voix de son Premier Ministre, répondu au Conseil de sécurité, qui a laissé clairement entendre dans sa résolution 1215/1998, adoptée jeudi 17 décembre 1998, par les 15 membres du Conseil, que Rabat est le seul obstacle à l'application du plan de paix et à la tenue du référendum au Sahara Occidental. "Que ce référendum ait lieu ou non, les provinces du Sud resteront partie intégrante de l'unité territoriale du Maroc", a répliqué M. Abderrahmane Youssoufi, ce même jeudi à El Aïun, capitale occupée du Sahara Occidental, réaffirmant ainsi son allégeance au roi.
Le Conseil de sécurité a, dans ladite résolution, félicité le Front Polisario pour sa coopération et stigmatisé les atermoiements du Maroc à propos de l'acceptation des dernières propositions du Secrétaire Général de l'ONU, de l'officialisation de la présence du H.C.R. dans le territoire et de la signature de l'accord sur les statuts des forces. Le Conseil de sécurité a ainsi voulu montrer que c'est bien le gouvernement marocain qui bloque le processus d'application du plan de paix et empêche la tenue du référendum. Aujourd'hui que la liste des votants est connue dans sa quasi-totalité, ne s'éloignant pas trop du recensement espagnol de 1974, et donc une liste correcte, le Maroc cache de plus en plus difficilement son refus d'un référendum qu'il sait pertinemment condamné à perdre et joue la seule carte du statu quo. Nous dénonçons cette attitude et nous exhortons la communauté internationale à faire pression sur Rabat pour qu'il accepte de jouer sincèrement et loyalement le jeu du référendum, qui, au demeurant reste la voie démocratique la plus indiquée pour trouver une solution juste et pacifique au problème de décolonisation du Sahara Occidental.
Il est inacceptable que le gouvernement marocain rejette tout - le référendum, le dialogue avec le Front Polisario, la reconnaissance de la RASD - et ne propose autre chose que le statu quo et la politique de pourrissement. Le Front Polisario, ne ménageant aucun effort pour continuer à accorder à l'ONU la coopération souhaitée par celle-ci, risque de se trouver un jour amené à ne plus pouvoir résister à la pression d'un peuple et de ses combattants lassés et ulcérés par l'attitude impunie de tergiversation du Maroc.


NATIONS UNIES

 


R.A.S.D.


Déclaration de Mohamed Salem Ould Salek , ministre des affaires étrangères et de la coopération:

Le Conseil de sécurité ne cache pas son irritation vis à vis du Maroc.

En réaction à l'adoption de la résolution 1215/1998 sur le Sahara Occidental par le Conseil de sécurité, jeudi 17 décembre 1998, le ministre des affaires étrangères et de la coopération, Mohamed-Salem Ould-Salek a déclaré, vendredi 18 décembre 1998 que le Conseil de sécurité "a félicité le Front Polisario pour sa position constructive en acceptant les propositions du Secrétaire général" et qu'il "a rejeté diverses tentatives directes ou indirectes du Maroc, destinées à justifier sa position vis à vis des propositions du Secrétaire général".
"Le Conseil de sécurité a clairement laissé voir son irritation face à l'attitude marocaine d'obstruction du plan de paix et lui a demandé de signer immédiatement les accords sur le statut des forces de l'ONU ainsi que l'ouverture immédiate du bureau du H.C.R. à El Aâïun".
"Le Conseil de sécurité considère que les propositions du Secrétaire général de l'ONU sont un tout dont l'intégralité ni les éléments essentiels ne doivent être remis en cause", a déclaré M. Ould Salek. Le ministre sahraoui a ajouté que "le Front Polisario considère qu'aussi bien le rapport du Secrétaire général que les résultats de délibérations et négociations du Conseil de sécurité ont laissé parfaitement clair que le véritable et unique obstacle devant le processus de paix est la position ouvertement provocatrice, exprimée de manière publique, du Maroc". "La lecture sélective qu'il fait des propositions du secrétaire général pour les convertir en une espèce de menu dans lequel il choisit et écarte ce qu'il désire est un exercice qui reflète l'absence de sérieux et une mauvaise foi qui le mettent en totale contradiction avec lui-même et avec la communauté internationale", a-t-il précisé.
"Le F. Polisario a donné des preuves concrètes et de grande signification de sa coopération avec le Secrétaire général et les efforts du Conseil de sécurité et réitère que si au 31 janvier 1999, date à laquelle le Conseil reprendra l'examen de la situation du processus de paix, le Maroc n'aura pas répondu aux demandes du Secrétaire général et de la résolution du Conseil de sécurité, il doit assumer la responsabilité de l'obstruction de la mission des Nations Unies et toutes les conséquences qui en découleront", a conclut M. Ould Salek.

Déclaration de Mansour Omar, représentant du Front Polisario à Madrid:

Le plan de paix et les accords de Houston sont la seule voie de règlement juste et démocratique.

Le Front Polisario a, par la voix de son représentant à Madrid, Mansour Omar, démenti "catégoriquement" les informations publiées, le 22.12.1998, dans le quotidien espagnol, El-Pais. Signées du correspondant de celui-ci à Rabat, ces informations concernent une prétendue proposition du Secrétaire général de l'ONU (lors de sa dernière visite dans la région) de division du Sahara Occidental entre deux parties, suivant le partage de l'accord de Madrid de 1975 : la partie nord au Maroc et la partie sud au Front Polisario (pour y établir son État, la RASD). Le représentant sahraoui en Espagne a donné, dans un communiqué rendu public le même jour à Madrid les précisions suivantes : "Au cours de la récente visite du secrétaire général des Nations Unies dans la région du nord-ouest de l'Afrique, il n'a été question que des propositions suivantes présentées aux deux parties :

1. Identification des 65.000 personnes présentées par le Maroc,

2. publication des listes des votants acceptés par la Commission d'identification et commencement de l'opération du recours que pourront présenter ceux qui n'ont pas été acceptés,

3. installation du H.C.R. dans le territoire pour mener l'opération de rapatriement des votants et de leurs familles, et

4. une nouvelle proposition de calendrier pour organiser le référendum en 1999.

"Le contenu des conversations avec les deux parties a été par ailleurs reflété fidèlement par le Secrétaire général des Nations Unies dans son dernier rapport au Conseil de sécurité du 11 décembre 1998, donnant lieu à la résolution 1215 du Conseil de sécurité, dans laquelle il est demandé au Maroc de donner une réponse définitive pour débloquer le processus d'identification des votants.
"Par conséquent, les informations publiées par El-Pais sont des informations tendancieuses que le Maroc a lancées pour semer la confusion dans l'esprit de l'opinion publique et détourner l'attention de son isolement dû à son attitude injustifiée de non acceptation des propositions du Secrétaire général et du Conseil de sécurité de l'ONU.
"Le Front Polisario met en garde le Maroc contre toute tentative de sortir du plan de paix et des accords de H Houston est une aventure aux conséquences imprévisibles. Ces accords, signés après 17 ans de guerre et de négociations difficiles sont l'unique voie pour un règlement juste et démocratique, et constituent la raison de la présence de la MINURSO au Sahara Occidental", conclut le communiqué.

 

Zones occupées

Témoignage d'un journaliste suisse

A l'occasion de la visite du secrétaire général de l'ONU un journaliste suisse s'est rendu dans les zones occupées du Sahara Occidental. Il révèle que les journalistes, lors de leurs déplacements dans El Ayoun, étaient accompagnés, plus ou moins discrètement, par "des hommes habillés sportivement, comme autrefois dans les pays de l'Est". Impossible d'entrer en contact avec la population. Lorsqu'enfin un jeune homme parlant anglais s'est mis à parler avec un journaliste, un autre jeune est intervenu en déclarant "que l'on ne désirait pas qu'il s'entretienne avec un étranger". Dans un autre quartier une courte discussion sans témoin a pu avoir lieu. Quatre personnes, qui ont déclaré être des Sahraouis, ont dit que leur situation était mauvaise. Les indigènes sont défavorisés par rapport aux colons marocains amenés par le gouvernement dans la région. Les appartements de qualité et les places de travail sont réservés aux Marocains. L'enseignement est dispensé séparément aux enfants marocains et sahraouis. Aucune opposition n'est tolérée. Cinq prisons secrètes existent toujours au Sahara Occidental à l'intention de ceux qui tenteraient une quelconque résistance ( ARSO).


MAROC


L'année 1999 sera-t-elle en France celle du Maroc ?

Prévue en 1998 et reportée (pour je ne sais quelles raisons obscures) à 1999, la fameuse "Année du Maroc" se tiendra-t-elle enfin ? Toujours est-il que l'on sait, de sources bien informées, que les organisateurs ont beaucoup de peine à ramasser les fonds nécessaires au Maroc, car ils n'arrivent pas à convaincre leurs interlocuteurs (chefs d'entreprise, propriétaire terriens,etc) du succès de cette affaire.
Au 50ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, les Français accepteraient-ils que l'on chante, sur leur terre, les gloires (douteuses) d'un régime de dictature, dont le numéro 1 risque de connaître le même destin que le général Pinochet...!?
Lisons plutôt ce que rapporte Droits Pluriels ( bulletin du CMCDH) dans sa livraison n°10 de décembre 1998 :
"L'année 1999 sera, en France, celle du Maroc. De quel Maroc ? La liste est longue de toutes les exactions commises depuis l'indépendance. Les luttes et sacrifices ont, certes, permis certains acquis, mais la nature même du régime reste la même et ne permet pas d'avancées réelles. C'est de cet autre Maroc dont il faudra parler. Même si certains croient qu'une autre étape a été franchie, c'est cette Mémoire vivante des victimes de l'injustice, de la répression, de l'exil et du non droit dont on devra se souvenir. Les principes d'Universalité et de solidarité devraient imposer à toute démocratie de se prononcer sur ces situations".

Déclarations marocaines sur le Sahara Occidental

1. Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre, à El Aâiun: "Que ce référendum ait lieu ou non, les provinces du sud resteront partie intégrante de l'unité territoriale du Maroc". (Reuters, 18/12/98)

2. Driss Basri, Ministre de l'intérieur : "Il n'y a pas de troisième voie sur l'avenir du Sahara Occidental". (RFI, le 10/11/98).


F R A N C E


Appel de la Section française de l'Observatoire international du référendum au Sahara Occidental (SFO)

Sous le titre de "Le référendum au Sahara Occidental doit avoir lieu", la Section française de l'(SFO) a fait publier dans le monde du 6-7 décembre 1998 l'appel suivant :

"Le 7 décembre 1998 devait se tenir au Sahara Occidental le référendum d'autodétermination, donnant enfin aux populations sahraouies, aux termes du plan de paix des Nations Unies et de l'OUA initié en 1991, la possibilité de choisir entre l'indépendance ou l'intégration au Maroc. En dépit des efforts des Nations Unies, la date prévue est à nouveau reportée, prolongeant d'une nouvelle année l'exil d'un peuple qui vit cette situation depuis 23 ans.
Les signataires de cet appel prennent acte du fait que le Conseil de sécurité a, le 30 octobre dernier, réaffirmé sa volonté de voir se dérouler "un référendum libre, régulier et impartial en vue de l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental" conformément aux accords de Houston signés en 1997 par les représentants du Front Polisario et du Maroc (Résolution 1204).
Pour soutenir le processus démocratique d'autodétermination, un ensemble de responsables associatifs, d'associations, d'élus, d'universitaires et de citoyens, a créé "la section française de l'observatoire international du Référendum au Sahara Occidental", "SFO".
Cette instance indépendante se donne pour but de suivre le déroulement du processus référendaire au Sahara Occidental et de constituer un corps d'observateurs français répondant au cadre défini par les Nations Unies. Ces observateurs, par leur présence active sur le terrain et via le site internet pourront rendre compte de la situation et informer au jour le jour l'opinion française.
Cette initiative est soutenue par un comité d'honneur composé de :
Jean Chesneaux, Professeur émérite à l'Université Paris VII, Anouk Grinberg, comédienne, Stéphane Hessel, Ambassadeur de France, Henri Leclerc, Président de la Ligue des droits de l'homme, Jean Malaurie, Directeur d'Etudes à l'EHESS, Alexandre Minkowski, Professeur émérite à l'Université René Descartes, Danielle Mitterrand, Présidente de la fondation France Libertés,Théodore Monod, membre de l'Institut, Pierre Richard, comédien, Jean Pierre Vernant, professeur honoraire au collège de France
Le droit à l'autodétermination doit être respecté, la confiance que le peuple sahraoui a placé dans la communauté internationale ne doit pas être vaine, il y va de l'avenir de ce peuple et de la paix au Maghreb".
La SFO a vu le jour à l'issue de la réunion, mardi 10 novembre 1998 à Paris, de son assemblée générale constitutive. Après délibérations, l'Assemblée a adopté les statuts de l'association constituée pour une durée limitée à la mise en place et au déroulement du référendum d'autodétermination au Sahara Occidental jusqu'à la vérification de la régularité du référendum dans le cadre de la mission définie par les Nations Unies.

Le Grand-Quevilly

Le 1er octobre 1998, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi 1er octobre 1998 devant l'hôtel de ville du Grand-Quevilly (région du Havre, France) pour exprimer leur solidarité avec le peuple sahraoui. Elles ont souhaité tout particulièrement attirer l'attention de Laurent Fabius sur le problème des Sahraouis, au moment où le président de l'Assemblée Nationale s'apprêtait à recevoir au palais Bourbon, le Premier Ministre marocain, Abderrahim Youssoufi. Les manifestants ont déposé une lettre dans laquelle ils demandent à la France "d'intervenir afin de contraindre le pouvoir marocain à respecter le processus de paix en cours".

Limoges

En présence de Mamma Sidi, Secrétaire générale de l'Union Nationale de Femmes Sahraouies (UNFS), le Comité limousin de solidarité avec le peuple sahraoui a organisé le 27 novembre 1998 à Limoges sa première conférence-débat, quelques jours seulement après sa constitution.
Présidé par M. Alain Dauger, professeur d'université, et "fruit du travail d'explication et de conviction effectué par Sdiga Brahim-Dauger", le Comité de solidarité limousin s'est assigné comme objectif de rompre le silence sur la cause du peuple sahraoui et a élaboré à cet effet un programme d'action, dont, notamment, la publication d'un bulletin intitulé "Sahraouis".
Mamma s'est rendue à Limoges, à l'invitation du Comité de solidarité limousin, après avoir conduit, du 19 au 21 novembre 1998, une délégation de son organisation (l'UNFS) au 12ème congrès de la Fédération mondiale des femmes démocratiques (FDIF).


MONDE

Internationale socialiste : Résolution sur le Sahara Occidental

A l'issue de sa réunion à Genève, les 23 et 24 novembre 1998, le Conseil de l'Internationale socialiste a adopté la résolution suivante sur le Sahara Occidental :"L'Internationale socialiste condamnant la situation au Sahara Occidental, réaffirme ses résolutions, y compris celle adoptée lors de son conseil à Oslo, et soutient une solution juste, pacifique et durable du conflit au Sahara occidental accueille et encourage les efforts en cours déployés par le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, pour tenter d'obtenir un règlement pacifique au Sahara Occidental et la pleine application des résolutions de l'ONU et des Accords de Houston, et appelle toutes les parties concernées, en particulier le Maroc et le Front Polisario, à coopérer pleinement avec l'ONU pour la tenue d'un référendum libre, juste et démocratique au Sahara Occidental" .
Rappelons que la délégation marocaine (USFP) a eu recours, soutenue par les délégués français et sénégalais, à toute sorte de manoeuvre pour empêcher, mais en vain, l'adoption de cette résolution.


Le Sahara Occidental dans la presse internationale


FINANCIAL TIMES

Sahara Occidental : Le point de vue mauritanien

Par Peter John et Mark Huband

L'hebdomadaire mauritanien Challenge n°4, du 13 au 20 décembre 1998, a publié des extraits d'articles parus récemment dans le journal londonien, le Financial Times. Nous avons, à notre tour, choisi pour nos lecteurs, l'extrait suivant sur le Sahara Occidental : "Un référendum sur l'avenir du Sahara ne donnera aucune solution s'il n'est précédé d'un accord politique. Depuis que la Mauritanie a renoncé à ses revendications sur le Sahara, elle essaie de garder la neutralité dans un conflit qui déchire l'Afrique du Nord-Ouest depuis près d'un quart de siècle. La Mauritanie et le Maroc s'étaient partagé le Sahara suite au retrait de l'Espagne en 1975. Par la suite, la Mauritanie avait dû faire face à la résistance du Front Polisario avant de signer en 78 un cessez le feu avec le mouvement soutenu par l'Algérie.
Le conflit maroco-sahraoui a tissé dans la région une toile politique très compliquée. Le projet des Nations Unies de tenir un référendum sur le Sahara est considéré par la Mauritanie comme peu susceptible de mettre un terme au conflit sauf s'il était précédé d'un accord politique préalable. Nous pensons qu'il est nécessaire que toutes les parties parviennent à un accord politique pour préparer le terrain au référendum, dit Mohamed Yehdi ould Moctar El Hacen, le secrétaire général du parti au pouvoir , le PRDS, avant d'ajouter : Un référendum sans une solution politique (à l'avance) ne réussira pas. Il est impératif de tenir compte des besoins du peuple sahraoui. C'est la stabilité de l'Union du Maghreb Arabe qui est en jeu (…).
Ni le Maroc, ni la Mauritanie ne parlent de La Guera, une bande de terre dans la cote extrême sud du Sahara appartenant moitié à la Mauritanie, moitié au territoire disputé. Toute la bande a été occupée par la Mauritanie après le cessez le feu avec le Polisario mais le Maroc la réclame toujours théoriquement. Pour la Mauritanie, la perte de La Guera constituerait une menace permanente sur la capitale économique Nouadhibou.
Si la question du Sahara trouvait une solution, un formidable développement de l'exploitation d'hydrocarbures suivrait selon le représentant de l'UE à Nouakchott, Marco Mazzochi-Alemanni.
En effet, des recherches pétrolières se poursuivent dans la région mais pour le moment, des campagnies étrangères hésiteraient à investir dans une zone à la stabilité politique incertaine".


DOCUMENT

Notre critique principale à M. Youssoufi

par Omar Seghrouchni

(La vie Économique, vendredi 2 janvier 1998)

L'éventuelle participation de l'USFP à un gouvernement au lendemain des dernières échéances électorales est au centre d'une réflexion que beaucoup s'imposent aujourd'hui.
Parler de ce parti en appartenant à son organisation de jeunesse est d'autant plus difficile que plusieurs clichés circulent sur cette dernière. Certains sont fondés, d'autres le sont moins.
Souvent perçue comme une organisation trouble-fête balançant entre populisme et sirènes des années 60, quelle peut être l'analyse d'une frange de cette jeunesse dont M. Youssoufi, tel un bon grand-père conservateur, tarde à lui reconnaître sa maturité, voire sa majorité politique ?
Nous voyons aujourd'hui en M. Youssoufi un courtisan du Makhzen du XXIème siècle alors que nous aurions aimé garder de lui l'image du cofondateur de la société civile de demain. Depuis le renvoi du gouvernement Abdallah Ibrahim le 20 mai 1960, le débat politique semble s'être cristallisé dans notre pays. L'opposition souhaite aller au gouvernement sur la base du résultat des urnes, alors que le pouvoir souhaite l'intégrer (publiquement, devrait-on préciser...) sur la base d'une démarche d'acceptation volontaire et déférente.
Le conflit, que certains qualifient de quiproquo, se situe au niveau de l'essence de la légitimité. L'opposition revendique une définition constitutionnelle de la souveraineté du peuple, alors que le pouvoir préfère maintenir celle-ci au niveau de la contingence électorale. Contingence, par ailleurs, maîtrisable et influençable sans difficulté majeure.
Ayant échoué dans sa démarche conciliante après le référendum constitutionnel de 1992, M. Youssoufi a pu profiter du regain d'autorité morale qu'il avait pu s'octroyer, grâce à sa démission théâtrale de septembre 1993, pour revenir à la charge en 1996 et effectuer ce que les observateurs avaient appelé alors le "signal fort". La véritable sémantique de ce "signal fort" est, en fait, l'acceptation trente cinq années plus tard, du fait accompli du 20 mai 1960. Mais la contrepartie attendue, la victoire électorale, n'a pas été au rendez-vous.
Aujourd'hui, tout en permettant à notre premier secrétaire de maquiller l'échec de sa stratégie (de camoufler le camouflet), la participation gouvernementale permettrait, nous répète-t-on, de débloquer la situation. Soyons raisonnables, nous dit-on. L'impératif, aujourd'hui, est le "déblocage" !
Dans sa stratégie, M. Youssoufi se limite, dans les faits, à ne prendre en considération que le déblocage du Makhzen. Celui-ci est un passage obligé, chuchotent certains patrons et certains amis à l'étranger. "Il ne faut pas aborder les problèmes d'aujourd'hui avec des lunettes d'hier quand la réalité bouge", s'est laissé déclarer dernièrement M. Jospin.
Pour notre part, nous ne pouvons nous contenter de constater l'évolution. Nous avons le devoir de nous intéresser avec sérieux sens et à la qualification de cette évolution. Nous devons veiller à ce que cette étape ne soit pas une fin en soi, mais réellement une étape. La constitution du Bloc démocratique avait été difficilement tolérée. Ce Bloc a dû subir plusieurs tentatives de déstabilisation : pressions en tout genre, scission et menaces de scission de certaines de ses composantes, alimentation de jalousies anachroniques entre ses deux forces principales, l'USFP et l'Istiqlal. Il est à espérer que par débloquer, certains ne pensent pas, de facto, à "casser" le Bloc... démocratique.
Le Makhzen de demain a besoin, pour se rénover, de tirer un trait sur ce qu'il considère comme avoir été un accident historique, le Mouvement national, conséquence d'un autre accident historique, le protectorat. Il a besoin de faire émerger une nouvelle composante, pour l'équilibre interne, il lui semble nécessaire de faire jouer un rôle particulier à la Chaouia, avec sa facette sécuritaire incarnée par Driss Basri et une vitrine politico-syndicale rénovée par un Noubir Amaoui. Pour ce faire, le parti de l'Istiqlal, qui ne dérange pourtant pas sur le plan politique, doit être maintenu à distance en tant que composante sociologique pendant la phase de gestation. Celle-ci devra tirer partie de la légitimité d'une personnalité sans grande attache sociale : M. Youssoufi.
Construire ainsi le Maroc de demain est, à notre sens, dangereux. Nous préférons tenter de le bâtir sur la base du concept de citoyenneté, loin de tout dosage féodal.
Notre critique principale à M. Youssoufi, et à d'autres, est qu'ils ne sont plus maîtres de leur stratégie, elle n'est plus suffisamment englobante et motrice pour pour ne faire du déblocage du Makhzen qu'une étape. Ils se sont laissés prendre dans les rouages et semblent avoir perdu leur ultime vertu de grain de sable. Dans ce cadre, le déblocage est mal appréhendé. Aller au gouvernement ou rester à l'opposition n'est que figure de style. Quand au reste, en l'occurrence suivre une politique pour laquelle on n'a pas été mandaté, à chacun son intégrité morale.


Les événements les plus saillants de 1998

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