LETTRE DU PRESIDENT DE LA RASD MOHAMED ABDELAZIZ AU PRESIDENT DU CONSEIL DE SECURITE (23 JUIN 1995)

Suite à la condamnation illégale par le tribunal militaire de Rabat de 8 jeunes Sahraouis à de lourdes peines, et dont les mobiles n'échappent à personne, car s'inscrivant dans la politique marocaine de répression, d'intimidation et de terreur qui s'abat sur le territoire, et après la décision du gouvernement de Rabat de vouloir forcer la main des Nations Unies en imposant un corps électoral étranger constitué de 100 000 personnes, le Président Mohamed Abdelaziz a envoyé la présente lettre à M. Liamine Zeroual, au Président Mauritanien, aux Secrétaires Généraux de l'ONU et de l'OUA et au Président du Conseil de securité.
Monsieur,
Depuis la visite de la mission du Conseil de securité dans la région, deux faits ont tout particulièrement choqué et bouleversé la conscience des sahraouis. Il s'agit de:

  1. La comparution devant un tribunal militaire de huit citoyens sahraouis et leur condamnation, au cours d'un procès aussi inéquitable qu'expéditif à de lourdes peines allant de 15 à 20 ans de prison ferme. "Le crime" dont ils sont les auteurs est d'avoir participé à un rassemblement pacifique en faveur de l'indépendance du Sahara occidental.
  2. La décision annoncée par les autorités marocaines à la mission du Conseil de securité d'imposer la participation de 100 000 nouveaux colons marocains à l'opération d'identification des électeurs.


Monsieur,
Le Front POLISARIO condamne énergiquement ces deux forfaits qui constituent une violation flagrante de l'esprit et de la lettre du Plan de Règlement et affectent sérieusement la confiance des Sahraouis dans le processus de mise en application en cours.
Le Front POLISARIO s'insurge contre ce comportement des autorités coloniales marocaines tout comme il réprouve la complaisance et l'impunité dont elles jouissent.
Face à cette situation gravissime, les autorités sahraouies décident la suspension de leur participation à l'operation d'identification en cours et, partant, de rappeler les observateurs sahraouis jusqu'au rétablissement de la crédibilité du processus de p aix qui passe par:

  1. La libération immédiate de tous les prisonniers politiques arrêtés depuis le déploiement de la MINURS0 dans le territoire et singulièrement les huit civils condamnés le 21 juin 1995 par un tribunal marocain.
  2. L'arrêt de la campagne répressive et de toute opération de persécution et de représaille contre la population sahraouie vivant dans les zones occupées du Sahara Occidental par le Maroc et le respect des libertés fondamentales de cette population.
  3. L'annulation de l'opération de transfert de populations étrangères dans le territoire, le respect scrupuleux des clauses du Plan de Règlement relatives à l'identification et, à cette fin, instaurer une stricte surveillance de la frontière nord du Sahara Occidental, source principale de tous les dangers.


Monsieur,
Le peuple sahraoui n'a d'autres aspirations que jouir de son droit à l'autodétermination, à l'indépendance et vivre dans la paix retrouvée. Le Front POLISARI0 a fait toutes les concessions et sacrifices possibles et imaginables dans le but d'aboutir à une a pplication intégrale et juste du Plan de paix tel qu'il a été accepté par lui.
La coopération du Front POLISARIO avec l'ONU a été, jusqu'à maintenant, totale et sincère. Une réaction prompte et efficace des Nations Unies dans le sens de nos légitimes demandes ci-dessus énumerees lèvera immanquablement les hypothèques existantes et créera une atmosphère propice à l'entente, à la coopération et, partant à la bonne marche du processus.
Veuillez reçevoir, Monsieur, les assurances de ma haute considération.
Mohamed Abdelaziz, Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique


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