OPINION

 

Les négociations, possibilités de succès et garanties de l’échec

Dr. Sidi Mohamed Cheggaf

[traduit de l'original en arabe par BS]
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Les négociations ne débutent, en règle générale, que lorsqu’il y a constat que le rapport de force assure un équilibre de force entre les parties prenantes aux négocations. Car si le rapport de force en question est favorable à l’une des parties négociatrice, celle-ci ne s’accommodera que d’une nette victoire et n’acceptera pas d’entrer dans un processus de négociation.
Le Maroc a accepté les négociations depuis quelques années quand il a été persuadé qu’il ne dispose pas de la force nécessaire et appropriée pour arracher la victoire qu’il a longtemps caressée dans le cadre de son son offensive expansionniste.
Par ailleurs, les négociations sérieuses et réelle requièrent un style, un but  et des garanties. Mais surtout et avant tout, de sérieux et crédibles négociateurs en mesure de prendre les décisions qui s’imposent le moment venu.
Il faut aussi relever qu’en règle générale, Les négociations ne sont qu’un moyen pour réaliser une visée ou des buts précis. Elles ne peuvent en aucun cas être considérées comme une fin en soi. Ce que le Maroc, comme nous allons le voir, a toujours tenté de faire.
Devenons-nous par ailleurs souligner que le Maroc, depuis le début du conflit sahraoui et jusqu’ici, n’a jamais eu une réelle volonté de réellement négocier. Sa démarche n’a jamais consisté à rechercher une solution générale et définitive au conflit [qui l’oppose au peuple sahraoui]. Sa démarche a constament consisté à essayer d’engranger certains gains immédiats, circonstantiels et limités, comme le cessez-le-feu, gagner du temps ou essouffler l’adversaire et miner ses capacités de résistance
Ce mode opératoire qui a pour finalité de tromper l’adversaire a été consacrée par Hassan II en compagnie de Basri qui n’a pas caché que lui et son maître avaient planifié le “système des négociations” non pas pour rechercher une solution au problème mais tenter de compliquer et de complexifier les choses de plus en plus. Cela est le témoignage de Idriss Al-Basri en personne qui a déclaré que ni lui ni Hassan II n’avaient, à aucun moment, prévu d’accepter les conditions et les modalités d’un référendum au Sahara Occidental.
A ce sujet, Je suis par ailleurs très surpris quand j’entends des dirigeants ou des représentants du Polisario crier à tue-tête que Hassan II a été leur partenaire dans la paix et d’affirmer qu’il a été, à certain moment, possible de trouver une solution avec lui...
Quelle naîveté !!
Les négociations entre le Maroc et le Polisario ont plutôt été, de manière générale, des rencontres à huis clos destinées à gaspiller du temps. Les délégations marocaines n’avaient aucun pouvoir ni prérogatives pour négocier. Elles n’avaient aucun pouvoir pour négocier quoi que ce soit. Elles avaient pour unique mandat de réciter, sans y apporter le moindre changement, devant leurs vis-à-vis un discours de bois qui est en fait la position officielle du Royaume. Ce qui n’est pas pour nous surprendre dans un pays comme le Maroc, où tout est entre les mains du roi. Un roi que personne ne peut représenter, car seul le roi peut représenter le roi. Personne d’autre ne peut le représenter et encore moins être son délégué ou son porte-parole.
L’on dit que les délégations marocaines qui ont participe aux rondes des négociations passés [avec le Front Polisario] avaient pour habitude de faire traîner les pourparlers et d’essayer de faire traîner les pourparlers, voire les arrêter chaque fois qu’apparaît un élément nouveau quelque soit son importance pour pouvoir consulter les instances dirigeantes de leur pays, c’est-à-dire le souverain marocain, car le roi a été et reste toujours le « véritable » négociateur mais qui jusqu’ici n’a jamais voulu négocier réellement..
Quand le Maroc serait prêt ou mûr pour de sérieuses négociations, il invitera le Polisario dans l’un des nombreux palais du roi pour s’asseoir autour d’une table de négociation avec le sultan qui détient seul la réalité du pouvoir. Dès lors nous pourrions parler de négociations sérieuses et éventuellement de la possibilité de trouver une solution négociée.
En attendant, il faut relever que ce qui enlève tout caractère de sérieux aux pourparlers actuels est le fait qu’aucun mécanisme de garantie n’a été prévu par les Nations unies ni convenu entre les parties prenantes du conflit.
Les Nations unies, dans le cas sahraoui, se sont toujours contentées de convoquer, en s’abstenant de faire une différence de statut entre l’occupant et l’occupé, sans faire preuve de la moindre volonté de faire pression sur la partie qui bloque le processus de décolonisation, à savoir le Maroc. Il y a lieu de relever, en passant, la différence de traitement par les Nations unies de conflits comme ceux de l’Irak et du Soudan, d’un côté, et celui du problème du Sahara Occidental, de l’autre.
Plus grave, le traitement par les Nations unies du conflit du Sahara Occidental, au cours des dernières années, au lieu d’aider à y trouver une solution juste et équitable n’a fait que la rendre illsible au point de vue du droit. Nous ne savons plus si ces mêmes Nations unies la prennent pour une question de décolonisation, pour un différent régional, ou question qui devrait trouver son issue dans le cadre de négociations où le sahraoui qui y vit depuis l’éternité et le marocain qui y vit depuis hier devraient être questionnés sur des options illimitée : indépendance, autonomie, confédération, intégration....
Il apparaît que certains ont oublié ou font semblant d’oublier que la cause sahraouie est plus grande que la “guerre des initiatives”. Que les sahraouis, dans leur immense majorité, sont convaincus de la nécessité d’obtenir et de recouvrir tous leurs droits. Et que les femmes sahraouies ont sacrifié ce qu’il y a de plus de cher pour elles (enfants, maris, pères ou proches) non pour des compromis et des compromissions sans intérêt et sans lendemain, mais pour un pays libre et indépendant.

29.06.07


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