OPINION

L'occupation marocaine du Sahara Occidental est un acte terroriste

par Fadel Ismail,
ex-ambassadeur de la RASD auprès de l'OUA et représentant du Front POLISARIO au Royaume Uni 2001-2002 [décédé 06.05. 2002]

 

 traducción en castellano

Aujourd'hui, après le déclenchement, le 7 octobre 2001, des opérations militaires américaines en Afghanistan, en réaction aux attaques du 11 septembre contre le WTC à New York et le Pentagone à Washington, « la guerre contre le Terrorisme » est bien partie. L'une des questions qui se posent dès lors est de savoir de quel terrorisme s'agit-il ? Et par conséquent, qui est terroriste et qui ne l'est pas ? Je n'ai nullement l'intention d'ouvrir un débat ou de provoquer une polémique sur la guerre qui se passe actuellement. Mais je voudrais cependant exprimer quelques idées en guise de réponse à cette question. Vos commentaires critiques à ce sujet sont les bienvenus.

Dans sa guerre de libération contre le nouveau colonisateur marocain, qui a pris la place de l'ancien colonisateur espagnol sans que le peuple du Sahara Occidental ait l'opportunité d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination, le peuple sahraoui fait face à une guerre coloniale sous toutes ses formes. Cette guerre, de par les atrocités qu'elle fait subir aux Sahraouis depuis l'invasion militaire du Sahara Occidental en 1975, constitue à mon sens un véritable acte de terrorisme. En effet, envahir militairement le Sahara Occidental, assassiner des populations sans défense à coups de bombardements aériens au napalm et au phosphore blanc, massacrer par dizaines et par centaines des hommes, des femmes et enfants sahraouis et les jeter dans les fosses, n'est-ce pas du terrorisme ? Mettre dans les prisons marocaines des milliers de Sahraouis, maintenir pendant cinq, dix, quinze ans en prison des détenus sahraouis dans des conditions horribles, n'est pas du terrorisme ? La répression dans le sang des manifestations des populations sahraouies dans les zones occupées du Sahara Occidental, comme ce qui s'est passé à El-Aaiun en septembre 1999, n'est-ce pas du terrorisme ? Maintenir des milliers de personnes sous le joug de l'intimidation et de l'humiliation, n'est-ce pas du terrorisme ? Priver un peuple de sa liberté, l'agresser dans sa chair, dans sa dignité et dans sa vie, et ce plus de 25 ans durant, n'est-ce pas du terrorisme ? Déposséder illégalement, par la force, un peuple de son territoire, usurper ses droits, piller ses richesses, voler ses biens, n'est-ce pas du terrorisme ? Empêcher, par la force militaire, un peuple colonisé d'exercer son droit de choisir librement son destin, opposer un refus arrogant à la légalité internationale en refusant de coopérer pour la mise en œuvre du Plan de règlement du problème Sahara Occidental &endash; pourtant accepté officiellement et publiquement dix ans auparavant par le roi et le gouvernement marocains &endash; et rejeter le référendum d'autodétermination prévu par ledit Plan après la réunion de la quasi-totalité des éléments nécessaires à son organisation, n'est-ce pas du terrorisme ? Les dégâts de l'action isolée &endash; aussi barbare soit-elle - d'un terroriste ou d'un groupe de terroristes contre un ou plusieurs établissements &endash; même entraînant des morts et des blessés &endash; sont certes regrettables et condamnables. Cependant ils ne sont pas comparables aux dégâts humains, psychiques, matériels et politiques de l'action coloniale continue, étalée sur des décennies d'un pays agresseur contre un peuple agressé. Une action terroriste d'un jour &endash; voire d'une heure &endash; ne peut être comparée à l'action terroriste généralisée, ininterrompue, de plus d'un quart de siècle.

L'occupation coloniale marocaine du Sahara Occidental constitue donc un acte terroriste. Les auteurs de cet acte, les gouvernants marocains &endash; je dis bien les gouvernants - sont des terroristes. Le peuple sahraoui est la victime de ce terrorisme. Le peuple marocain, auquel on a imposé la guerre du Sahara pour le détourner de sa propre bataille &endash; celle qu'il doit mener contre le Makhzen pour la démocratisation du pays - en est une autre.

D'autre part, vous conviendrez avec moi que la victime du terrorisme ne peut pas être à son tour, en même temps, terroriste. Il n'est ni normal, ni logique, ni rationnel de considérer l'action d'un peuple en lutte pour sa liberté ou celle d'un combattant qui se bat avec les siens, dans la légalité, contre un agresseur, un colonisateur ou un occupant - comme c'est le cas au Sahara Occidental notamment &endash; comme relevant du terrorisme. Je dis cela parce que l'on a tendance, dans certains milieux, à confondre intentionnellement, avec légèreté, agressé et agresseur. Serait-il normal, par exemple, de qualifier les manifestants sahraouis dans les zones occupées du Sahara Occidental ou au sud du Maroc de terroristes alors qu'ils sont des militants qui revendiquent pacifiquement le respect du droit de leur peuple à l'autodétermination et à l'indépendance. Serait-il acceptable de qualifier de « terroristes » les combattants sahraouis si ces derniers décideraient demain de reprendre les armes contre le colonisateur marocain si celui-ci ferme définitivement la porte au référendum exigé par l'ONU et l'OUA ? Il est donc évident qu'un combattant se battant pour une cause juste, en l'occurrence pour la liberté de son peuple et pour la libération de sa patrie, ne peut être qualifié de terroriste, alors que oui, par contre, l'agresseur de son peuple et de son pays est bel et bien un terroriste. Il ne doit pas y avoir d'ambiguïté entre ces deux situations diamétralement opposées, car il n'y a pas d'ambiguïté entre la justice et l'arbitraire.

Par ailleurs, il n' y a pas deux terrorismes : l'un inacceptable et condamné (car frappant les intérêts des puissants) et l'autre accepté et toléré (car frappant les faibles, les sans-défense). Il ne doit pas y voir deux poids deux mesures en traitant le terrorisme. Le terrorisme, comme le colonialisme, est un et n'a pas de couleur. Il s'agit toujours du même comportement, partout, dont las caractéristiques universellement connues sont forcément l'agression, la violation de la légalité, le mépris des vies humaines, l'égoïsme, le chauvinisme et l'arbitraire entre autres.

En conséquence, il y a lieu aujourd'hui de parler de TERRORISME MAROCAIN et de le combattre en tant que tel. Les Amis du peuple sahraoui et ses soutiens en Europe et en Amérique doivent interpeller leurs gouvernements et leurs opinions nationales sur cette question. Pour leur part, les Sahraouis doivent convaincre la communauté internationale de la nature terroriste de l'occupation marocaine du Sahara Occidental. Cette dernière réunit en effet les éléments essentiels du terrorisme que le monde entier est aujourd'hui unanime à condamner et à combattre, même si les opinions diffèrent ici et là sur les politiques à suivre, les voies à prendre et les moyens à utiliser à cette fin.

Addis-Abéba, le 8 octobre 2001


 

 OPINIÓN

La ocupación marroquí del Sáhara Occidental es un acto de terrorismo

por Fadel Ismail,

ex-embajador de la RASD ante la OUA, representante del Frente Polisario en el Reino Unido 2001-2002 [décédé 06.05. 2002]

traducción del francés: Fernando Guijarro Arcas

Hoy, tras el desencadenamiento de las operaciones militares norteamericanas en Afganistán el 7 de octubre del 2001, como reacción a los ataques del 11 de septiembre contra el World Trade Center en Nueva York y el Pentágono en Washington, la "guerra contra el terrorismo" ha empezado. A raíz de ello, una de las preguntas que se plantean es: ¿de qué terrorismo se trata? Y por consiguiente, ¿quién es terrorista y quién no lo es? No tengo la menor intención de abrir un debate ni de provocar una polémica sobre la guerra que actualmente se desarrolla. Sin embargo, quisiera expresar algunas ideas como forma de responder a esas preguntas. Vuestros comentarios críticos a este respecto serán bienvenidos.

En su guerra de liberación contra el nuevo colonizador marroquí, que ha ocupado el lugar del antiguo colonizador español sin que el pueblo del Sáhara Occidental haya podido ejercer su derecho a la autodeterminación, el pueblo saharaui afronta una guerra colonial en todas sus formas. Esta guerra, por las atrocidades que ha hecho sufrir a los saharauis desde la invasión militar del Sáhara Occidental en 1975, constituye a mi manera de ver un verdadero acto de terrorismo. En efecto, invadir militarmente el Sáhara Occidental, asesinar a poblaciones indefensas mediante bombardeos aéreos con napalm y fósforo blanco, masacrar por decenas y centenares a hombres, mujeres y niños saharauis, )acaso no es terrorismo? Meter en prisiones marroquíes a millares de saharauis, mantener encerrados durante cinco, diez, quince años a los saharauis presos en condiciones horribles, ¿no es terrorismo? Reprimir con sangre las manifestaciones de la población saharaui en las zonas ocupadas del Sáhara Occidental, como pasó en El Aaiún en septiembre de 1999, )no es terrorismo acaso? Mantener a miles de personas bajo el yugo de la intimidación y de la humillación, ¿no es terrorismo? Privar a un pueblo de su libertad, agredirle en su carne, en su dignidad y en su vida, y eso durante más de 25 años, ¿no se llama terrorismo? Desposeer ilegalmente, por la fuerza, a un pueblo de su territorio, usurpar sus derechos, expoliar sus riquezas, robar sus bienes, ¿no es terrorismo? Impedir, por la fuerza militar, que un pueblo colonizado ejerza su derecho a escoger libremente su destino, oponer un rechazo arrogante a la legalidad internacional negándose a colaborar con la puesta en práctica del Plan de Arreglo del problema del Sáhara Occidental -aceptado sin embargo pública y oficialmente diez años antes por el rey y el Gobierno de Marruecos- y rechazar el referéndum de autodeterminación previsto por dicho Plan tras reunirse la casi totalidad de los elementos necesarios para su organización, ¿no es terrorismo? Los daños de la acción aislada -por bárbara que sea- de un terrorista o de un grupo de terroristas -incluso si arrastran muertos y heridos- son ciertamente lamentables y condenables. Sin embargo, no pueden compararse a los daños humanos, psíquicos, materiales y políticos de la acción colonial continua, realizada durante decenas de años por un país agresor contra un pueblo agredido. Una acción terrorista de un día, incluso de una hora, no puede ser comparada con la acción terrorista generalizada, ininterrumpida, de más de un cuarto de siglo.

La ocupación colonial marroquí del Sáhara Occidental constituye, pues, un acto terrorista. Los autores de dicho acto, los gobernantes marroquíes -digo bien: los gobernantes- son terroristas. El pueblo saharaui es víctima de ese terrorismo. El pueblo marroquí, al que se ha impuesto la guerra del Sáhara para desviarlo de su propia lucha, la que debe llevar a cabo contra el Majzen para democratizar el país- es otra víctima.

Por otra parte, estaréis de acuerdo conmigo en que la víctima del terrorismo no puede ser a su vez, y al mismo tiempo, terrorista. No es normal, ni lógico, ni racional considerar como actos de terrorismo la acción de un pueblo que lucha por su libertad o la del combatiente que pelea con los suyos dentro de la legalidad contra un agresor, un colonizador o un ocupante; y es el caso del Sáhara Occidental, sin duda. Digo esto porque en algunos medios se tiene tendencia a confundir intencionadamente, con ligereza, al agredido con el agresor. Por ejemplo: ¿podría calificarse de terroristas a los saharauis que se manifiestan en las zonas ocupadas del Sáhara Occidental o en el sur de Marruecos, cuando son militantes que reivindican pacíficamente que se respete el derecho de su pueblo a la autodeterminación y a la independencia? ¿Sería aceptable calificar de "terroristas" a los combatientes saharauis si estos últimos decidieran mañana reemprender su lucha armada contra el colonizador marroquí, si éste cierra puertas definitivamente al referéndum que exigen la ONU y la OUA?

Es evidente, pues, que un combatiente que lucha por una causa justa, incluso por la libertad de su pueblo y la liberación de su patria, no puede ser calificado de terrorista, mientras que por el contrario sí puede claramente calificarse así al agresor de su pueblo y de su país. No debe haber ambigüedad, pues, entre estas dos situaciones diametralmente opuestas, porque no hay ambigüedad entre la justicia y lo arbitrario.

Por otra parte, no existen dos tipos de terrorismo: el uno inaceptable y condenado (porque golpea los intereses de los poderosos) y otro aceptado y tolerado (porque golpea a los débiles, a los indefensos). Tratándose de terrorismo, no debe haber dos pesos y dos medidas. El terrorismo, como el colonialismo, es uno solo y no tiene color. Se trata siempre del mismo comportamiento, en todas partes, cuyas características universalmente conocidas son forzosamente la agresión, la violación de la legalidad, el menosprecio de las vidas humanas, el egoísmo, el chauvinismo y la arbitrariedad entre otras.

En consecuencia, hoy puede hablarse de TERRORISMO MARROQUI y cabe combatirlo en cuanto tal. Los amigos del pueblo saharaui y sus apoyos en Europa y América deben interpelar a sus gobiernos y la opinión pública de sus naciones sobre este asunto. Por su parte, los saharauis deben convencer a la comunidad internacional de la que la ocupación marroquí del Sáhara Occidental es de naturaleza terrorista. En efecto, dicha ocupación reúne los elementos esenciales que en el mundo entero reúne el terrorismo que todo el mundo condena y combate unánimemente, incluso si las opiniones difieren aquí y allá sobre las políticas que deben seguirse, los caminos que hay que tomar y los medios que deben ser utilizados para ese fin.

Addis Abeba, 8 octubre 2001


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