OPINION

 

La RASD, trente ans après

Salah Khatri 

Le vingt mai 1973, le mouvement de libération pour le peuple sahraoui contre la colonisation espagnole annonce sa création et prend le nom de Front Polisario. Il se proclame comme l'unique représentant légitime pour le peuple sahraoui. Le vingt sept février 1976, le F. Polisario annonce la création de la République Arabe Sahraoui Démocratique (R.A.S.D). Cette proclamation vient après le retrait de l'armée et de l'administration espagnole et après la marche verte d'octobre 1975 orchestrée par le roi du Maroc à l'époque, Hassan II. Cette proclamation historique de l'état Sahraoui avait pour objectif d'apporter une solution administrative et juridique. Cette république était fondée sur le principe de l'égalité, la démocratie populaire et la justice.

Le vingt sept février 2006 le Peuple Sahraoui célèbre le 30e anniversaire de sa république.

Où en sommes nous aujourd'hui après trente ans d'exercice de pouvoir ?

La direction du Front Polisario avait-elle préparé les prises de fonctions effectives de ce que peut nécessiter une république ?

Cette proclamation n'était-elle pas qu'une carte politique et diplomatique que les dirigeants du Front Polisario ont bien jouée sur la scène internationale ?) Cependant, ils n'ont jamais su la mettre en œuvre intérieurement ?

Le Front Polisario est resté avec ses institutions politiques le maître absolu, le congrès du Front Polisario étant la seule ressource juridique et administrative pour la politique intérieure et extérieure. Le Front Polisario a dirigé l'état sahraoui administrativement, socialement et militairement. L'état sahraoui s'est donc construit administrativement mais sans âme. Toutes les directives et toutes la base juridique de l'administration sont issues du mouvement politique. Le secrétaire général du Front Polisario est resté le « président de la république » et la direction du front Polisario dirige la république. C'est ainsi que les dirigeants ont mis à l'écart la république pour mettre en avant le développement du mouvement politique. Même l'assemblée nationale qui est apparue dans les années 90 n'a jamais pu joué son rôle pour sortir la république de l'ombre du Front Polisario.

Cette assemblée a été mise en place en réponse aux besoins démocratiques exprimés par la jeunesse sahraouie. Elle est restée dirigée par la direction du Front Polisario. Elle n'a jamais pu exercer librement ses prérogatives. Et la constitution de cette assemblée et la loi électorale ne permet pas cette liberté.

Le Front Polisario après la mort de son fondateur le 9 juin 1976, a commencé à détruire les fondations de la société sahraouie pour reconstruire une nouvelle pyramide garantissant la légitimité des familles des dirigeants politiques du front Polisario en les plaçant en haut. On assiste en même temps à la mise à l'écart des grandes familles qui ont un héritage social. Cette volonté n'était pas pour un principe d'égalité, mais plutôt dans le but de conserver le pouvoir. Ce changement de pyramide de la société s'est basé sur un changement radical. Mais n'était-il pas possible de construire ce changement par étape ?

Pour entamer les changements sociaux, la direction du F. Polisario s'est appuyée sur les conditions historiques comme la présence de l'état dans l'exil, la présence de la moitié du peuple sahraoui dans les campements de réfugiés. Cette expérience de modernisation était unique, mais la manière dont s'est déroulée cette modernisation était non seulement improvisée pais également dictatoriale.

La société sahraouie qui vivait dans les campements réfugiés vivait avec l'aide humanitaire, tous le monde travaillait sans salaire, tout le monde buvait, s'habillait avec l'aide humanitaire. Les hommes étaient habillés militairement, les femmes avec le melhfa distribué par l'administration. Les enfants, dans les écoles des campements, étaient habillés en uniforme. Les enfants vivant dans les pays étrangers comme l'Algérie, la Libye ou Cuba recevaient les fournitures par les pays accueillants. L'habit traditionnel sahraoui était interdit ainsi que la musique (elhaoul). L'adhésion au F. Polisario et à toutes les organisations populaires (femmes, jeunes) était automatique. La direction du Front Polisario est ainsi intervenue dans la vie privée et collective de chaque citoyen sahraoui à tel point que tous, dans les campements, mangeait le même repas à la même heure, les plats étaient programmés pour chaque jour de la semaine. Les hommes fumaient les mêmes cigarettes, le tabac traditionnel. Des mariages collectifs étaient organisés dans le but de lancer un programme de naissance. Le transport était collectif, et la circulation contrôlée par l'autorisation administrative. La circulation était limitée la nuit et la lumière devait s'éteindre à une heure précise. L'animation des fêtes de mariage devait utiliser des chansons révolutionnaires. Le peuple Sahraoui vivait sur le rythme de la guerre et de fête, les enfants à l'école, les hommes dans l'armée et les femmes à la direction administrative des campements, mais aussi en charge de l'enseignement, etc. Ce programme concernait également les étudiants en internat dans les pays d'accueil avec une série d'interdiction (sortir seul, avoir des contacts avec les étrangers) ; une surveillance des lectures (livres, journaux, magazines) et des courriers, lus avant leur distribution. Tout ce qui se passait à l'intérieur de ces internats devait se dérouler collectivement, ne laissant aucune place pour l'expression individuelle.

Tout le peuple avait ainsi l'esprit occupé par la participation active à la construction de cette révolution. L'intérêt général se plaçait devant l'intérêt individuel. Il ne connaissait pas les vacances : il y avait toujours un programme à mettre en place ou un festival à préparer. Cette vie collective avait des points positifs, tout le monde étaient concernés par la construction d'un état républicain fort, par la construction collective des écoles et des hôpitaux, la participation collective des nettoyages des espaces du campement, l'expérience des potagers, les jardins, pour donner de la nourriture aux jeunes mères, aux vieillards et aux malades. Cette expérience de jardinage dans un désert était unique, le peuple sahraoui montrant ainsi sa capacité à s'adapter à n'importe quelles conditions. Pour son but final : la liberté et l'indépendance. Les étudiants à l'étranger, après leur année scolaire, rentraient dans les campements pour commencer le programme d'alphabétisation durant tout l'été. Ils terminaient l'été, avant de retourner à l'internat dans leur pays d'accueil, par la mobilisation sur un festival pour la jeunesse. Ce programme d'alphabétisation a été le chantier le plus riche et le plus important de notre histoire moderne. Il était à la fois social, culturel et un libératoire pour les nouveaux talents. Ce chantier était pour un développement global de la société, un lieu d'échange d'expérience, un lieu pour élaborer une nouvelle vision de la société grâce aux étudiants sahraouis qui venaient de tous les continents. Cette rencontre a donné une mixité très riche et a permis d'élaborer un sens nouveau et une nouvelle vision que les dirigeants du Front Polisario n'ont pas su transmettre et orienter.

Cette expérience unique dans l'histoire moderne, dans une société africaine et arabe a échoué du fait d'un manque d'analyse et d'une mauvaise lecture. Et malheureusement ce programme n'a pas vécu plus de dix ans

Cette façon de s'immiscer dans la vie privée de l'individu a atteint ses limites et est devenu un jeu dangereux. La direction du F. Polisario a ainsi voulu contrôler l'individu et interdire l'espace privé en jouant sur la sensibilité collective pour provoquer le sentiment patriotisme. Ce sentiment national était essentiel, la société en avait effectivement besoin. Mais la façon dont se sont entretenus et développés ces sentiments était un dérapage, surtout lorsque la société a découvert après les années 1988 que certains étaient en dehors du troupeau, regardant la société de l'extérieur, soufflant les beaux discours sans jamais les appliquer pour eux même. Le sacrifice de la société sahraouie est arrivé au point où l'individu était prêt à tuer son frère si le pouvoir le condamnait pour avoir trahi la révolution.

La société sahraouie a bien adhéré au discours du Front Polisario (égalité, justice, démocratie populaire et refus du tribalisme) et à ses nouvelles idées en espérant la mise en place d'un état république fort et a donné beaucoup de sacrifice pour cela.

Le pouvoir et l'état

La direction du Front Polisario est tombée dans le piège : mélanger l'état et le mouvement politique. Elle n'a jamais réussi à distinguer l'état et le parti politique. Ce qui a donné une fermeture politique complète et a fait basculer le projet de l'état sahraoui vers un cercle fermé politiquement. Ceci a poussé au placard les institutions de l'état sahraoui et fermant ainsi la porte au développement de l'état et de ses institutions.

L'état sahraoui n'a jamais eu de renouvellement de son pouvoir : le même président et le secrétaire général du Front Polisario sont en place depuis 1976 ; les membres du secrétariat national d'aujourd'hui sont les mêmes membres de l'ex comité exécutif et l'ex bureau politique du Front Polisario. Dans ce système politique, il n'y avait pas d'élection démocratique (sauf pour les municipalités et l'assemblée nationale depuis les années 1990), il n'y avait pas de presse libre, il n'y avait pas le droit de manifestation ni le droit de la grève, ni de droit associatif. Les organisations actuelles comme celle pour la jeunesse, les femmes ou les travailleurs sahraouis sont attachées au Front Polisario.

Sur le plan diplomatique la RASD est membre à part entière de l'union africaine depuis 1982. Il y a plus de 75 pays dans le monde qui reconnaissent officiellement la république arabe sahraoui démocratique. Pourtant la diplomatie Sahraoui est représentée à 98% par les bureaux politiques qui représentent le F. Polisario au lieu d'ambassades qui représenteraient l'état. L'amalgame entre l'état et le mouvement politique a donné une fausse image du pouvoir au peuple sahraoui, dangereuse pour l'avenir. La société sahraouie n'a jamais exercé l'administration d'un état, dans le sens moderne du terme. Elle a été en contact avec l'administration coloniale, tout en restant éloigné et méfiante à son égard. Cette première tentative de gestion d'un état dirigé par le front Polisario a conduit le citoyen sahraoui aujourd'hui à une dérive de méfiance globale vis-à-vis de tout projet. Cette dérive se voit dans son retour vers le tribalisme et le refus de toute confiance en politique.

Il est possible que le pouvoir du Front Polisario ait essayé d'appliquer ses discours avec de bonnes intentions mais en aucun cas, les manières de l'appliquer étaient bien étudiées. Le pouvoir n'a jamais été républicain. Tout ce qu'ils ont essayé d'appliquer entre 1976 et 1988 est parti en l'air. Aujourd'hui, nous découvrons leur incapacité à diriger la société. En dépit de la perte de confiance du peuple, c'est le souci individualiste de se maintenir au pouvoir qui a guidé les dirigeants. La stratégie, après les années 90, de séduire les cheiks était juste une façon d'obtenir la garantie de rester au pouvoir. Ces cheiks avaient été ignorés pendant des années, le cœur de la révolution étant basé sur la condamnation du tribalisme, considéré comme « crime national » (ce dont je suis convaincu par ailleurs). Après 1988, La société a découvert beaucoup de mensonges qu'elle a considéré comme une trahison. La réaction a été de se retourner vers la famille, la tribu, la recherche de ses racines, de ses préoccupations individuelles. On a assisté ainsi au retour vers le traditionalisme. Cette réaction extrême était logique de la part d'une société nomade qui traitait pour la première fois ses affaires avec un état. Le pouvoir du Front Polisario a échoué dans sa transformation de la société et sa volonté de la faire aller de l'avant. Nous sommes finalement retournés trente ans en arrière. Les dirigeants politiques et administratifs ont été incapables de faire évoluer la société, cette société qui depuis 1973 a adhéré à toutes les propositions nouvelles et avait une soif de construire un état républicain fort en donnant tout ce qu'elle possédait pour réaliser son objectif.

Mais pourtant aujourd'hui le crime nationale c'est l'acharnement à garder le pouvoir et l'absence d'un projet politique et social. Un nouveau projet doit pouvoir sortir le peuple sahraoui de cette espace d'attente, lui proposer de nouvelles solutions pour ouvrir un espace qui permette de lire le passé pour construire l'avenir. Cet avenir étant une république démocratique libre et digne.

Le plus important aujourd'hui c'est de savoir comment l'état sahraoui peut se développer pour se sortir du trou dans lequel il est tombé.

L'état à mon avis doit commencer par effectuer une ouverture démocratique et une réforme qui protège les plus faibles et les victimes de la guerre. Cette réforme de l'institution et des directives est un pas à franchir pour aller vers la modernisation de l'état, vers un projet civilisé. Ce projet a besoin des hommes et des femmes courageux et républicains pour aller plus loin dans cette réforme institutionnelle. Elle est la condition nécessaire pour que le citoyen puisse construire son projet personnel et collectif. Cette réforme est aujourd'hui plus que jamais nécessaire.

La dégradation de la sécurité économique, de la société a révélé la criminalité (quelque chose de nouveau dans la culture et la tradition du peuple sahraoui). L'absence totale d'une politique administrative capable d'assumer le fonctionnement de l'état a conduit les citoyens vers un refus total de demande de protection.

Cette modernisation pose en effet beaucoup de questions aujourd'hui. Des questions qui expriment la peur, l'angoisse et l'envie de trouver un cadre moteur et une âme pour la rassurer. La tentative de la direction du Front Polisario de la modernisation de la société sahraoui avec une pyramide sociale était une erreur et un jeu dangereux que la société sahraouie paye très chère aujourd'hui.

La société et l'éducation

Le malaise d'une génération coupée de son histoire.

Avant la révolution, la transmission du savoir, de la coutume et de l'histoire sociale se passait en famille, du père à ses enfants, des grands-parents à ses petits enfants, processus normal dans une société de culture orale, comme la notre. la transmission était orale, au sein de la famille et dans l'éducation coranique. C'était une transmission des traditions, des coutumes, de l'histoire de la famille et de l'histoire de la tribu. Mais, les nouveaux discours de la révolution ont coupé ce lien de transmission. L'éducation nationale révolutionnaire et devenu le seul rapporteur de l'histoire. La révolution a choisi une version de l'histoire qui rentrait dans sa ligne politique. Le tribalisme est devenu interdit. C'est ainsi qu'elle a mis à l'écart, la véritable histoire de la société sahraouie. La révolution a éduqué toute une génération avec un passé incomplet, faisant perdre à la société les moyens de s'interroger sur son passé. C'est une des raisons pour laquelle le malaise exprimé par les évènements de 1988 a été crucial et qu'il n'est toujours pas résolu aujourd'hui. La nouvelle génération de la révolution a étudié à l'extérieur avec des programmes pédagogiques et des langues dans des sociétés différentes de la sienne. Ces étudiants ont construits des pensées et des manières de réfléchir différentes de leurs société originelle. Toutes les tentatives que les dirigeants ont essayé de mettre en place entre cette génération en exil et son peuple restait une tentative de fermeture en les préservant par exemple dans des internats fermés comme des citadelles ou plutôt comme des casernes militaires. La direction du Front Polisario a essayé d'éliminer certaines traditions et certains héritages sociaux. Elle a ainsi coupé les liens entre la génération qui a grandi dans la révolution et le passé de la société.

Cette génération se retrouve aujourd'hui coincée entre une image d'un passé incomplet et le rêve intérieur d'une société moderne. La découverte de cette image incomplète après les évènements de 1988 a construit une relation tremblante et floue entre elle et la nouvelle génération. La société a été perturbée psychologiquement d'avoir découvert que le pouvoir avait toujours dirigé le peuple en prenant compte tout de même le tribalisme. Depuis, elle ne sait plus sur quelle route elle marche : la route révolutionnaire ou la route du tribalisme. La société vit aujourd'hui une période de frustration.

Les problèmes de la société sahraouie aujourd'hui

Notre société a besoin d'une politique forte de la famille. Plus que jamais, nous vivons aujourd'hui une absence aveugle d'un projet social que l'on constate par :

- La dislocation des liens familiaux qui atteint un chiffre que la société sahraouie n'a jamais connu jusqu'alors.

- L'abandon total par le pouvoir et l'administration de la condition féminine et de l'enfant, des plus faibles et des victimes de guerre.

- Le retardement du mariage qui arrive aujourd'hui vers une moyenne d'age de trente ans alors qu'elle était à dix huit ans avant la révolution.

- La baisse du nombre de naissance dans les familles du fait de l'incapacité matériel de les assumer (trois enfants par famille au lieu de cinq avant la révolution).

-La crise de l'éducation nationale avec la montée de l'absence scolaire et l'absence de programme pédagogique

- La corruption et le favoritisme

- L'insécurité qui règne aujourd'hui dans les campements avec la montée de la criminalité à cause de la pauvreté et l'entrée dans les campements de l'immigration non contrôlée en provenance du Sénégal, de la Mauritanie et du Mali. Cette immigration non contrôlée a amenée la peur dans les campements (par exemple : peur de la sorcellerie).

- L'absence de contrôle de la circulation entre les campements et Tindouf a entraîné des nouvelles pratiques comme la drogue et la prostitution. Ces nouvelles pratiques étaient avant inconnue dans la société, aujourd'hui fortement présentes dans la communauté sahraouie en Espagne.

- L'absence totale de perspectives d'amélioration des conditions de vie et d'intégration pour les gens diplômés.

- Le manque de politique d'intégration des étudiants qui reviennent de Cuba. Ils se retrouvent comme des étrangers dans leurs sociétés ce qui a entraîné une nouvelle vague d'exil vers l'Espagne.

Cet exil de la jeunesse sahraoui vers l'Espagne ou vers d'autres destinations, ce n'est pas l'abandon de leur projet politique et social, c'est une façon de contester le pouvoir aujourd'hui et son incapacité de leur intégration. Ce pouvoir a toujours refusé de regarder ce problème en face, il a même essayé, avec des réglementations administratives, d'empêcher la fuite de ces citoyens au lieu d'analyser et comprendre et chercher des solutions.

Aujourd'hui est-ce qu'il est possible de sortir de cette immense dépression molle qui nous enlise depuis 1988 ? Peut être, mais tout est possible avec de la volonté. Il faut se rappeler, avant tout, qu'il est possible d'agir ensemble, de puiser la force dans le combat unitaire qui nous réuni, qui nous a fait comprendre les enjeux de notre société, de la vie….On était plein de contradiction mais on ne se noyait pas, on cherchait, on bougeait. C'était les ondes des années 80, il y avait l'espoir. L'espoir vitamine la réflexion et l'imagination. On s'intéressait largement à tout. Le théâtre était transformé et la musique était existante.

Redécouvrons qu'il est possible de prendre la parole, refusons d'être condamné à l'impuissance, recommençons à distinguer la vérité du mensonge.

Les solutions

La nécessité de construire une société sur le principe de la citoyenneté passe par la construction du lien social et de l'action collective :

- en favorisant la participation de tous les individus citoyens à la vie politique et publique. - en donnant la possibilité à tous les citoyens d'exercer sa liberté.

Mais, il faut pour cela que l'état sahraoui prenne bien conscience que l'on est un état en exil sur un territoire Algérien. Cet espace est précis. Les frontières doivent être contrôlées pour protéger la sécurité et la dignité de nos concitoyens.

En commencement d'abord par :

1- Elaborer une institution républicaine et la soumettre au référendum

2- Séparer le Front Polisario de l'état sahraoui, est un point essentiel et sensible pour le développement de la société. Cette séparation s'envisage par :

a) L'élection présidentielle universelle et La limitation du mandat

b) Interdiction du cumule du mandat

3- Donner plus de pouvoir à L'assemblée nationale.

4-Ouvrir la liste des élections à tous les citoyens et changer la loi électorale.

5- Rendre la gestion de l'état transparente avec un rapport annuel du budget et de l'aide humanitaire.

6- Changer radicalement le fonctionnement du ministère de l'intérieur pour le mettre au service du citoyen et assurer sa protection avec

a ) une police nationale forte, une police régionale et locale.

b) un transfert de la gendarmerie vers ce ministère de l'intérieur.

7- Créer une caisse de protection sociale pour les enfants, les victimes de la guerre, les vieillards et les handicapés mentaux et physiques.

8-Organiser et contrôler le commerce.

9- La mise en place par le ministère d'enseignement et d'éducation :

a) d'un vrai projet de la petite enfance parce que c'est une base essentielle qui a été oublié depuis des années. C'est pourtant le premier pas pour l'ouverture de l'imagination et de l'esprit de l'enfant.

b) de l'éducation culturelle dans le programme pédagogique.

c) de mesures pour faire appliquer l'obligation de la scolarité jusqu'à 18 ans.

10- Encourager les mariages avec des aides et des diminutions des dotes

11- Faire des programmes de sensibilisation sur la drogue et la prostitution

12- Il faut que les représentants du front Polisario aient comme principale préoccupation la communauté sahraouie à l'extérieure. Il doit inciter les associations sur place à les soutenir dans leur démarche administrative et leurs recherches de travail. Il doit permettre à cette communauté d'avoir des outils lui permettant de participer à la sensibilisation de la cause sahraouie.

13- Donner aux hôpitaux régionaux une autonomie suffisante et un lien de coopération directe avec les ONG pour une meilleure distribution de médicaments.

14- Protéger les campements des nouvelles inondations : il est urgent de les organiser différemment.

15- Créer un centre de recherche historique et social qui travaille sur l'histoire et les nouveaux évènements (le divorce, le suicide, la pauvreté, l'absence scolaire, etc.)

16- La culture a besoin d'un programme qui prenne en compte l'animation et la liberté. Avec un programme plus large que la politique des festivités.

a) Il faut que le ministère de la culture soit partenaire de l'organisation de l'animation culturelle. Mais il ne doit pas en être le programmateur.

b) Il faut donner aux centres culturels régionaux l'autonomie et les moyens pour organiser : des débats, des animations culturelles et des projections des films pour les enfants comme pour les adultes.

c)-Il faut séparer le ministère de la culture de la responsabilité du sport

17-Le sport a besoin d'encadrement spécialisé, avec des stages et des formations. Il faut qu'il puisse y avoir une étape de professionnalisation pour certains amateurs.

18- Ouvrir la radio nationale a des émissions de débats politiques, sociaux et culturels.

Pour développer un pays ou un peuple, il ne suffit pas de construire un établissement et de nommer des ministres. Il faut élaborer une politique culturelle et sociale pour développer la mentalité et la réflexion avec le travail créatif, la littérature, la culture et l'éducation et un média libre. Il faut développer une culture qui critique, qui s'interroge sur le passé et le présent. L'action culturelle constitue avant tout à instaurer un dialogue avec les gens, à les amener à s'interroger sur eux même et à interroger sur les autres.

Pour moi, l'action culturelle est aussi importante. Il s'agit d'inciter les citoyens à avoir accès à une parole libre, pour qu'ils puissent : se prononcer sur ce qui les concerne dans la vie, prendre conscience qu'ils peuvent produire et partager du sens. Chacun n'existe que s'il est producteur de sens, capable de partager du sens avec d'autres. Nous avons un grand besoin de retrouver le sens d'une véritable démarche politique.

Nous avons du mal à fixer des priorités. Il faut tenter d'agir là où nous avons quelques prises. Le contexte primordial est celui où l'on peut donner un sens à une vie collective et individuelle.

Ce qui se trouve dans cette réflexion c'est la conviction que depuis 1988 notre objectif est menacé. Cette critique ne se limite pas à un débat mais pourra devenir une arme dans la lutte contre une réalité politique devenue insupportable.

S - Khatri

9 MAI 2OO6


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