L'Echo du POLISARIO

No 4, mai 1996

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication : Fadel ISMAEL


SOMMAIRE

EDITORIAL

PLAN DE PAIX DE L'ONU

La Minurso réduite à une présence symbolique
Suspension du processus d'identification
L'OUA préoccupée
F.Polisario : Défendre le droit du peuple sahraoui par tous les moyens
M. Abdelaziz aux chefs d'Etat...
...et au président du Conseil de sécurité
La jeunesse ravive l'espoir

VISITE DE HASSAN II EN FRANCE

La façade démocratique d'un État sans droit
Paris, ville ouverte
Morceaux choisis de la presse française
Lettres au Président Chirac.
Cris et protestations

DROITS DE L'HOMME

Amnesty International, rapport sur les violations des droits de l'homme au Maroc et au Sahara Occidental, 18 avril 1996
Kelthoum libre !





EDITORIAL

Rendez-vous en novembre prochain.

On a frôlé la catastrophe, mais le Conseil de sécurité a heureusement rectifié certains traits de la dernière proposition du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental avant d'adopter la résolution 1056.
Dans la proposition expéditive du secrétaire général de l'ONU extraite du rapport du 8 mai 1996 sur la situation au Sahara occidental, le plan de paix ne se résumait plus qu'au sauvetage du cessez-le-feu entre le Front Polisario et le Maroc, et la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) se réduisait à un groupe d'observateurs militaires chargés de maintenir le statu quo actuel sans autre perspective de solution pour le problème de décolonisation qui nous préoccupe. Le Conseil de sécurité a révisé cette proposition en rappelant son attachement à la tenue d'un « référendum d'autodétermination libre, juste et impartial du peuple du Sahara occidental », a remis le Cessez-le-feu à sa place, comme « partie intégrante du plan de règlement » et a décidé que l'ONU devait continuer de déployer les efforts pour établir un climat de confiance sans lequel on ne saurait trouver l'issue de ce conflit.
Certes, la mission de l'ONU est réduite, une grande partie de ses effectifs civils a quitté le Sahara occidental et le processus d'identification des électeurs a été suspendu. Cependant, le plan de règlement survit avec le maintien sur place d'un échantillon de civils.
Les apparences sont sauves.
Parallèlement, une donnée nouvelle est apparue, porteuse d'espoir. À l'avenir, le secrétaire général de l'ONU devra inclure dans son rapport la situation des droits de l'homme au Sahara occidental, souhait d'ailleurs formulé par Amnesty International dans son dernier rapport du 18/4/96 sur le Maroc et le Sahara occidental. Là, en effet, il y a beaucoup à dire et tout à faire - il n'est jamais trop tard - pour arrêter la machination qui vise à broyer tout ce qui se rapporte à l'identité sahraouie dans les villes du Sahara occupées par le Maroc depuis plus de vingt ans.
Nous aurions malgré tout souhaité que le chapitre des négociations directes à établir entre le Maroc - qui s'y refuse - et le Front Polisario ait été abordé à New-York ainsi que celui de la transparence dans les opérations en préambule au référendum - également refusée par le Maroc -  pourtant essentielle à l'organisation d'un référendum crédible. Au lieu de cela, dialogue et transparence demeurent des sujets tabous parce qu'ils irritent le pouvoir marocain que la communauté internationale a pris l'habitude de ménager.
Alors: oui, le pire a été évité, et, non, aucune solution n'a encore été trouvée pour s'assurer que le plan de paix sera appliqué. On réduit la dépense tout en conservant les attribus de la Minurso, on reporte, et on se donne rendez-vous en novembre 1996, dernière échéance pour la Mission de l'ONU au Sahara occidental, fixée par la résolution 1056.
On mesurera donc en novembre prochain, à la lumière du chemin parcouru, la détermination de l'ONU à lutter contre la volonté de Rabat de transformer le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui en une tentative de « marocanisation » du Sahara occidental avec le label de l'ONU en guise de cerise sur le gâteau. Et si, d'ici là, rien n'est fait pour convaincre le Maroc de changer d'attitude alors nos craintes seront confirmées. La Minurso n'aura été que le prétexte et l'outil du maintient d'une paix stérile, prolongeant l'attente coûteuse et douleureuse du peuple sahraoui au seul profit du Maroc qui continue d'exploiter et de vendre tranquillement à tous les pays du monde les richesses naturelles d'un territoire qui ne lui appartient pas.
Les Sahraouis espèrent que le processus de paix ne deviendra pas un mur de défense supplémentaire de l'occupation marocaine du Sahara occidental et que la communauté internationale prendra enfin ses responsabilités vis à vis du peuple sahraoui qui n'a été que trop meurtri par l'histoire depuis qu'un beau jour, une puissance européenne a colonisé son pays.

F. Ismaël


Sommaire

La Minurso réduite à une présence symbolique

Le plan de paix des Nations unies est entré dans sa phase la plus critique depuis son adoption par le Conseil de sécurité en juin 1990. Prévu initialement pour janvier 1992, le référendum d'autodétermination préconisé par l'ONU comme solution pacifique au problème du Sahara occidental connaît alors un premier report qui lui sera, pour ainsi dire, fatal. Avec l'adoption du rapport de Javier Perez de Cuellar, sur l'élargissement des critères d'identification des électeurs, par le Conseil de sécurité en décembre 1991, le plan de paix s'engage dans une voie sans-issue, qui nous amène, en 1996, « au pied du mur ».
Le secrétaire général de l'ONU a quasiment déclaré l'échec de la Minurso.
Au point de blocage où en est actuellement le processus de paix, il est important d'évaluer le chemin parcouru par la mission de l'Onu au Sahara Occidental depuis la fin 1991.
À cette fin, le gouvernement de la RASD a adressé aux pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, un mémorandum sur l'évolution du processus de paix au Sahara occidental, afin que les choses soient claires.
Non seulement, cet échec découle de l'altération faite au plan de paix sous la pression du Maroc, dès le début de son application, en 1991, mais aussi du manque de fermeté des Nations unies à faire appliquer ce plan de paix, et récemment encore, il a été précipité par une nouvelle obstruction marocaine au principe de transparence dans la gestion du processus d'identification pourtant vivement conseillé par l'ONU et approuvé par le Front Polisario comme un moyen de rétablir la confiance nécessaire à la poursuite du processus d'identification.
L'identification des électeurs est le point névralgique d'un référendum d'autodétermination. Ainsi le plan de règlement (S/21360) de l'ONU pour le Sahara occidental créait-il, en juin 1990, « une commission d'identification chargée d'examiner soigneusement et scrupuleusement le recensement de 1974 et de le mettre à jour. »
Au terme de plusieurs années de discussion, les parties concernées sont effet tombées d'accord pour considérer ce recensement effectué par les autorités espagnoles en 1974, comme seule base sûre à partir de laquelle déterminer le corps électoral, à même de garantir le résultat du référendum d'autodétermination sahraoui.
Or, l'introduction unilatérale de nouveaux critères d'éligibilité par Javier Perez de Cuellar qui achevait son mandat de secrétaire général de l'ONU, quelques semaines seulement après l'entrée en vigueur du processus de règlement de la décolonisation du Sahara occidental ruinait brusquement tout espoir d'aboutir à un scrutin crédible et juste. L'élargissement des critères de sélection des électeurs revenait à ouvrir la porte à « l'introduction de dizaines voire de centaines de milliers de personnes » étrangères au Sahara occidental, dans le référendum d'autodétermination sahraoui. Ces critères d'éligibilité revus et corrigés, laissaient, du même coup, libre cours à toutes les interprétations et leurs contraires.
Aussi, Boutros Boutros-Ghali, héritant cette situation embrouillée de Javier Perez de Cuellar, fut-il contraint de redéfinir en 1993, les termes des modalités d'identification. Il présente un compromis intitulé « Interprétation et application des critères et modalités d'identification ».
Ce rapport du 28 juillet 1993 reprenait les cinq critères d'éligibilité définis par Javier Perez de Cuellar en 1991, parmis lesquels les deux derniers (d et e) étaient sources d'innombrables complications:

a- Les personnes dont les noms figurent sur la liste révisée du recensement de 1974.
b- Les personnes qui résidaient dans le territoire comme membres d'une tribu sahraouie au moment du recensement de 1974 mais qui n'avaient pas été recensées.
c- Les membres de la famille proche de ces deux premiers groupes (le père, la mère et les enfants).
d- Les personnes de père sahraoui né dans le territoire.
e- Les personnes, membres de tribus sahraouies appartenant au territoire, qui y ont résidé pendant six années consécutives ou par intermittence pendant une durée cumulative de 12 ans avant le 1er décembre 1974.
Les précisions apportées par Boutros-Ghali acceptées par le Front Polisario, malgré certaines réserves, étaient les suivantes:
a- Une sous-fraction implantée dans le territoire est « une sous-fraction qui puise dans le recensement de 1974 ». Ainsi, l'appartenance de tout requerrant à une sous-fraction incluse dans le recensement de 1974 est une condition préalable pour son identification.
b- Concernant les preuves: « à titre exceptionnel, dans le cas où l'intéressé n'est pas en possession des documents ou dispose de documents espagnols incomplêts ou insuffisants, la commission d'identification pourra juger de son admissibilité à voter en tenant compte du témoignage des chefs de tribus. »
c- Concernant les chioukh: « les chioukhs des sous-fractions incluses dans le recensement de 1974 seront les seuls habilités à témoigner auprès de la commission d'identification. »

Acceptant donc de continuer à examiner les 140 000 candidatures supplémentaires, introduites par le Maroc suite à la révision de décembre 1991, le texte de M. Boutros-Ghali ramenait néanmoins les conditions d'éligibilité à un schéma restreint, en conformité aux groupes familiaux inscrits dans le recensement de 1974.

Le recensement espagnol établissait clairement la présence en 1974 sur le territoire du Sahara occidental de dix tribus, désignées par les lettres A, B, C, D, E, F, G, H, I, J. De A à G, les tribus furent divisées en sous-fractions, tandis que H, I et J ne purent être définies par les espagnoles et figurèrent au recensement comme « tribus » et « groupes de tribus » sans autre précision.
L'introduction des candidats présentés par le Maroc, obstruée par la révision de 1993, trouvait dans cette imprécision matière à contourner par un nouveau biais les règles de l'identification. Ces candidats supplémentaires furent donc présentés par le Maroc comme appartenant aux tribus H, I et J, contestées.
Le secrétaire général de l'ONU se vit alors encore une fois dans l'obligation de restreindre la marge de manuvre du Maroc. En octobre 1995, un rapport réclamait que les candidats issus des groupes H, I et J soient accrédités par « un document émis par les autorités compétentes à l'intérieur des frontières du territoire internationalement reconnues avant 1974 » (carte d'identité, passeport, permi de conduire, etc.). Cette proposition a été rejettée par le Maroc et le processus d'identification s'en est trouvé bloqué.
La commission d'identification a enfin commencé ses travaux en 1994, et de cette date à décembre 1995, 62 '000 personnes (40'000 dans les territoires occupés et 22' 000 dans les campements de réfugiés sahraouis) ont été identifiées sur 242 000 candidatures au total (dont 183 '000 ont été présentées par le Maroc). Depuis, tout a été arrêté...

Sommaire


Suspension du processus d'identification

Le secrétaire général des Nations unies, dans son dernier rapport (S/1996/343) sur le Sahara occidental, du 8 mai 96, préconise la suspension du processus d'identification et indique que les membres de la commission d'identification, ceux de la police civile, ainsi que 20% des effectifs militaires de la Minurso, seront retirés à la fin du mois de mai. Cependant, regrettant « l'absence de la volonté requise pour faire bénéficier la Minurso de la coopération dont elle a besoin », M. Boutros-Ghali souhaite enfin la prolongation du mandat de la Mission de l'ONU, indiquant que « l'ONU ne peut se soustraire à ses responsabilités. ».

Sommaire

L'OUA préoccupée


Le président de l'OUA, Meles Zenawi, et le secrétaire général de l'Organisation pan-africaine, Selim Ahmed Salim, ont adressé, le 23 mai 1996, une lettre conjointe au secrétaire général et au président du Conseil de sécurité des Nations unies, pour dire combien la dernière proposition du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental les inquiète.
« Comme vous savez, écrivent les responsables de l'OUA, l'Organisation de l'Unité Africaine a toujours souhaité qu'une atmosphère de paix, de sécurité et de compréhension soit instaurée dans la région et a démontré sa disponibilité de coopérer entièrement avec les Nations unies pour l'application honnête du plan de règlement pour le Sahara occidental. C'est dans ce cadre que l'OUA a déployé un groupe d'observateurs officiels pour suivre le processus d'identification des votants. L'OUA a constament réaffirmé l'importance qu'elle attache à une solution pacifique et durable de cette question par la tenue d'un référendum libre, juste et impartial pour le peuple du Sahara occidental conformément au plan de règlement.
Nous connaissons tous les grands efforts déployés par le secrétaire général des Nations unies pour la mise en uvre du plan de règlement. Nous sommes également conscient de l'intervention et de l'engagement total du Conseil de sécurité pour la réalisation de cet objectif. Nous connaissons aussi les nombreux obstacles et difficultés rencontrés durant le processus. À cette fin, l'OUA a toujours encouragé le secrétaire général et le Conseil de sécurité de l'ONU à préserver dans leurs efforts pour s'assurer de la compréhension et la coopération du Maroc et du Front Polisario pour l'application du plan de règlement.
Au moment où le Conseil de sécurité entame des consultations sur la question, sur la base du rapport récent du secrétaire général, nous jugeons nécessaire de porter à votre attention, et à travers vous, aux membres du Conseil, nos préoccupations communes.
Nous sommes préoccupés par le fait que toute relâche dans les efforts des Nations unies pour la mise en uvre du plan de règlement pourrait compliquer davantage l'impasse actuelle. Malgré les obstacles affrontés jusqu'à maintenant, nous croyons qu'il est important pour l'ONU de demeurer active pour le règlement de ce conflit.
Nous croyons également, fortement, que l'ONU doit continuer ses efforts pour l'application du plan de règlement pour le Sahara occidental avec engagement et dynamisme renouvelés. Pour ce, nous sommes de l'avis que davantage d'efforts doivent être vigoureusement déployés pour la reprise du processus d'identification. À cet effet, et vu la nature de la situation, nous considérons qu'il est important de faire tout ce qui est possible pour encourager le dialogue direct entre les deux parties en vue de promouvoir la confiance et créer, ainsi, les conditions les plus propices pour régler les problèmes en suspens. () »

Sommaire


MINURSO : aveu d'un échec important

A l'issue d'une entrevue avec le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf, le 14 mai 1996 à Alger, Erik Jensen, représentant spécial des Nations unies au Sahara occidental, a déclaré que si la décision du secrétaire général de l'ONU de suspendre le processus d'identification était « dictée par des raisons économiques », elle constituait cependant « un échec important, mais pas un échec total »


Les USA et la MINURSO

Interrogée, le 2 mai 1996, par la commission parlementaire américaine enquêtant sur les opérations de maintien de la paix des Nations unies, Madeleine Albright a déclaré que l'impasse que connait actuellement le plan de paix pour le Sahara occidental a « des effets négatifs » et que la diplomatie des États Unis «devrait être plus active » dans cette région «importante pour les U.S.A. ». Selon la représentante américaine à l'ONU les États Unis doivent être « très prudents afin de ne pas porter la responsabilité d'une reprise de la guerre »

Sommaire



F.Polisario :
Défendre le droit du peuple sahraoui par tous les moyens


Suite à l'adoption, mercredi 29 mai 1996, de la résolution 1056 par le Conseil de sécurité, Mr Boukhari AHMED, Représentant du Front Polisario aux Nations Unis à fait la déclaration suivante :
« Le Conseil de sécurité de l'ONU vient d'adopter à l'unanimité la résolution 1056 sur le Sahara Occidental.
Par cette résolution, le Conseil réaffirme l'engagement de la Communauté Internationale à poursuivre les efforts en vue de l'organisation d'un référendum libre, juste et impartial du peuple du Sahara Occidental conformement au plan de règlement accepté par les deux parties.
Le Conseil de Sécurité, tout en étant bien averti en ce qui concerne la partie responsable du blocage du processus de paix, donne un nouveau délai pour que des efforts politiques soient déployés en vue de lever les obstacles qui empèchent la tenue de la consultation référendaire.
Le Conseil de Sécurité, qui a pris note du point de vue du Front Polisario contenu dans un mémorandum adressé à ses membres du Conseil et celui exprimé par l'OUA, soutient la proposition du secrétaire Général de chercher un accord avec les deux parties sur une formule pour une solution de leurs différents, et les encourage à considérer toutes les voies pour créer la confiance mutuelle.
Enfin, le Conseil demande dorénavant au Secrétaire Général d'inclure la situation des droits de l'homme dans le territoire dans son rapport sur les développements politiques de la question.
Le Front Polisario, tout en exprimant sa disponibilité à donner toutes les chances à une solution juste et pacifique, réafirme sa détermination à défendre, par tous les moyens, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance.
Dans ce cadre, le Front Polisario restera ouvert à tout effort politique crédible, responsable et impartial mais n'acceptera, en aucun cas, la perpétuation d'un fait accompli colonial par le biais d'un statu quo que le Maroc veut préserver à travers un cessez-le-feu, sans perspectives politiques, sous le contrôle des Nations Unies ».

Sommaire



M. Abdelaziz aux chefs d'Etat...


Le président de la République sahraouie, Mohamed Abdelaziz, a adressé à tous les chefs d'État des pays membres de l'ONU et de l'OUA, le 17 mai 1996, une lettre d'information sur la situation actuelle du processus de paix sollicitant la contribution des gouvernements à l'effort de recherche d'une solution juste et pacifique au conflit du Sahara occidental. Parce-qu'on « ne dira jamais assez que le parachèvement de la décolonisation du Sahara occidental relève de la responsabilité première des Nations unies et que le Maroc, en refusant le dialogue direct avec le Front Polisario, assume la responsabilité de l'échec des efforts de paix en cours », le président de la République Sahraouie a insisté sur la nécessité d'uvrer pour le respect « des clauses et termes du plan de règlement tel que accepté par les deux parties et endossé par le Conseil de sécurité », et de « la règle de transparence » des procédures d'identifications des électeurs devant participer au référendum.

...et au président du Conseil de sécurité


Prévenant la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la question du Sahara occidental, fin mai 1996, le président Abdelaziz, a également adressé au président du Conseil de sécurité, M. Qin Huasun, un courrier relatif au dernier rapport sur la question (S/1996/343) du secrétaire général de l'ONU, qui ne va pas sans susciter des inquiétudes quant à l'avenir du plan de paix. Mohamed Abdelaziz a rappelé que le Maroc a tout mis en uvre « pour modifier le plan de règlement à son avantage » et a toujours empêché l'établissement de rapports de confiance en s'opposant non seulement aux négociations avec le Front Polisario, mais encore au principe de transparence et d'ouverture préconisé par dans le précédent rapport du secrétaire général de l'ONU. Jugeant que cette orientation aura de « graves conséquences » sur l'évolution du problème du Sahara occidental, il a enfin exprimé les « réserves totales » du Front Polisario quant au dernier rapport de M. Boutros-Ghali « qui veut maintenir à tout prix le cessez-le-feu » et mettre « le processus référendaire en quarantaine ».

Sommaire




La jeunesse ravive l'espoir

L'Union de la jeunesse marocaine (ITIHADIA) et l'Union de la jeunesse de la Saguiet El-Hamra et Rio de Oro (UJSARIO) ont fait une déclaration conjointe, à Chypre, le 26 avril 1996, où une rencontre a eu lieu sous les auspices de l'Union Internationale de la Jeunesse Socialiste (IUSY).

Les jeunes sahraouis et les jeunes socialistes marocains se sont unis pour dire leur profonde conviction quant à la nécessité du respect scrupuleux et l'application stricte des droits démocratiques, et du droit à l'autodétermination, insistant sur l'urgence de renforcer les efforts afin de trouver une issue prochaine au conflit du Sahara occidental conformément au plan de règlement de l'ONU et de l'OUA.

« Eut égard à l'étape historique que nous traversons, dit la déclaration, nous sommes convaincus que le dialogue et la voie politique demeurent l'unique voie susceptible de résoudre le conflit du Sahara occidental. Aussi, nous lançons un appel aux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario afin d'entâmer un dialogue direct pour faciliter la tâche de la Minurso et pour parvenir à l'organisation du référendum loin de toute contrainte militaire ou administrative. »

Sommaire


VISITE DE HASSAN II EN FRANCE

La façade démocratique d'un État sans droit


D'aucuns recevant les informations nationales télévisées les 6 et 7 mai derniers, crurent un instant rêver les yeux ouverts. Ils réalisèrent enfin qu'elle était bien de ce monde, qu'elle était bien de France, la voix qui disait son admiration à Hassan II, le roi du Maroc, pour son attachement aux droits de l'homme.
Sous les yeux de tous, le prodige s'est produit, une alchimie merveilleuse a opéré: on a assisté en direct à la transformation d'un roi du Maroc totalitaire aux mains ensanglantées en un bon père protecteur et démocrate, moderne et visionnaire.
C'est un peu comme si la France voulait sauver un grand ami de la catastrophe qui pointe et risque d'entraîner dans l'apocalypse d'un régime désuet, le tentaculaire réseau d'intérêts - justement français, qu'il a su tisser pour se préserver. Au Maroc, en effet, souffle déjà le vent d'une colère tempêtueuse, grandissent les voix extrémistes et même les murs épais des bagnes - secrets de polichinelle - ne réussissent plus à étouffer tout à fait la plainte des centaines d'individus que le régime a fait disparaître. Tout cela grandit sur le terreau, qui n'a que trop fermenté, de la misère et de l'injustice. Tout cela ressurgit avec le déclin du roi, sur la fin de son règne, qui laisse en héritage à sa succession un trône assis sur un bâton de dynamite allumé.
Au fait: qu'est-ce-qui a bien pu faire de cette visite d'État du roi Hassan II en France une nécessité telle qu'on y déployat tant de fastueux artifices ? Qu'est-ce-qui peut bien motiver une prise de risque politique telle que la célébration d'un dictateur, triste figure de l'injustice dans le monde?

Sommaire



Paris, ville ouverte


Un groupe autonome d'une cinquantaine de jeunes étudiants français a organisé en signe de contestation un collage d'affiches hostiles à la venue du roi du Maroc en France, les 6 et 7 mai 1996. On a pu lire à l'arrière des bus parisiens, pendant deux jour: « La France finance le régime tortionnaire de Hassan II au Sahara occidental » et « Bienvenue à Sa Majesté Hassan II, notre ami le dictateur, tortionnaire depuis 1961 ». Les mêmes affiches se trouvaient sur les murs des universités et aux grands carrefours de la capitale.
L'ordre a été donné à la police de décoller ces affiches. Deux colleurs ont eu l'idée de distribuer des affiches à des passants qui se trouvaient sur le trajet du cortège royal en leur demandant de les montrer au moment où le roi passerait devant eux. De nombreuses personnes, séduites par l'idée, ont été refroidies par un C.S.R. empressé de connaître le contenu de ces affiches. Et aux jeunes militants de se retrouver bousculés, menottés et jetés dans un car des forces de l'ordre parisien. Quelques témoins de la scène ont protesté qu'il est scandaleux d'interpeller des individus pour délit d'opinion à quelques mètres de l'Assemblée nationale. Les plus locaces se sont fait embarquer sur le champ.
Les mêmes affiches ont également inquiété la police qui encadrait la manifestation organisée à l'appel de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, boulevard Saint-Germain, devant la brasserie Lipp, le même jour à 18 h 00.
Une dizaine de policiers en civil ont interpellé plusieurs militants qui fixaient des affiches sur le camion sono prété par la C.G.T. aux organisateurs de la manifestation. Un policier a fait savoir qu'il était à la recherche des colleurs de ces affiches depuis le matin. L'un des colleurs rétorqua qu'il n'y avait rien de répréhensible en France à coller des affiches au scotch sur un camion avec l'accord de son propriétaire. Le responsable de l'opération de police, sur place, a déclaré qu'il avait des ordres et qu'il était en liaison directe avec le préfet. L'ordre d'embarquer les colleurs d'affiches et de saisir le camion fut prononcé sans tarder; en deux mots: interdire une manifestation génante alors que la préfecture avait donné son accord. Tout se terminera bien grace à l'intervention du député européen, Noël Mamère, l'un des organisateurs de la manifestation et à la présence de la presse intéressés par l'étrange attitude de la police française.
La France avait-elle mis les droits fondamentaux de la République entre parenthèses pour que le roi Hassan II se sente presque comme chez lui, à Paris ?
Signé: un passant

Sommaire



La visite de Hassan II à Paris vue par la presse française

( Morceaux choisis. )

« Drogue et diplomatie »
« La visite officielle à Paris du roi du Maroc permet de le constater: en matière de lutte contre la drogue, la France a une diplomatie à deux vitesses. S'agissant des Pays-Bas, le gouvernement français a adopté une ligne extrêmement dure. Pour stigmatiser la politique « laxiste » des Pays-Bas face aux trafics de stépufiants, la France a ainsi récemment décidé de refuser au seul Bénélux l'application des accords de Schengen, c'est à dire la levée des contrôles aux frontières. () S'agissant du Maroc, pays qui produit 80% à 90% du haschisch consommé en France, le ton est tout autre. () Suspicion envers les Pays-Bas, crédit total accordé au Maroc. Pourquoi une telle inégalité de traitement? La géopolitique y est pour beaucoup. La France ne veut rien faire qui puisse déstabiliser davantage le Maghreb. »
G.Goubert - La Croix (7/5/96)

« Paris accueille le roi du Maroc »
« A l'approche de la visite, le chef de la diplomatie française a rappelé l'attachement de la France « à la mise en uvre du plan de règlement de l'ONU » au Sahara occidental. Le Maroc et le Front Polisario se disputent la souveraineté de cette ancienne colonie espagnole depuis 1975. Un cessez-le-feu en 1991 devait permettre l'application d'un plan de paix et la tenue dun référendum d'autodétermination. Initialement prévu en 1992, le scrutin a été sans cesse reporté. « Le Sahara c'est notre Alsace-Lorraine »: le roi Hassan II ne manque jamais une occasion de rappeler le caractère sacré, pour lui, de l'ex-Sahara espagnol, pour l'essentiel occupé par les Marocains depuis la célèbre « Marche verte » de 1975. La région désertique recèle une des plus importantes réserves de phosphates du monde (estimée à 10 milliards de tonnes) et sa façade atlantique est très poissonneuse. Officiellement le Maroc accepte que l'on demande leur avis aux Sahraouis. Mais cette consultation, garantie par l'ONU, paraît de moins en moins plausible alors qu''approche l'échéance du 25 mai. Ce qui ne chagrine pas les autorités marocaines: pour elles, il était exclu que le vote leur soit défavorable. Ici l'éventuel scrutin est toujours évoqué comme le « référendum de confirmation » Pour Rabat tout référendum devrait tenir compte des quelques cent mille Marocains d'origine sahraouie qui se sont installés depuis la « Marche verte » () Aujourd'hui un cessez-le-feu organisé par l'ONU et un mur de sable érigé par l'armée marocaine, ont figé les positions. La « marocanité » du Sahara est, elle, devenue un dogme intangible, qui vaut la prison à quiconque voudrait le remettre en cause comme l'a rappelé encore récemment Hassan II. »
Le Figaro (6/5/96)

« Un sire sans conférence. »
« Fêté par Jacques Chirac, célébré par l'Assemblée nationale, glorifié par quelques médias qui ont multiplié les interview sur mesure, Hassan II a fait un tabac à Paris. D'autant plus réussit qu'il a évité la faute de goût qui aurait pu tout gâcher: la conférence de presse. Cet exercice auquel se plient tous les chefs d'État invités en France, même Boris Eltsine, écraseur de la Tchétchénie, lui aura été épargné.
Il n'aurait pu manquer que des journalistes incontrôlés le soumettent à la question sur des sujets déplacés: la torture, la disparition des Sahraouis, la séquestration des enfants Oufkir, les progrès du trafic de drogue, la corruption, terreau de l'islamisme, l'analphabêtisme, la prostitution enfantine, etc. Sans oublier la question dont on dit qu'elle écorcherait le plus Sa Majesté: la comparaison entre les revenus fastueux du roi (près de 1 million d'argent de poche par jour) et le niveau de vie du peuple. Plus de 40% des Marocains sont situés, selon les critères des Nations unies, au-dessous du seuil de pauvreté. Le sujet est à ce point tabou qu'une équipe de France 3 qui filmait, le 5 mai, la misère dans la médina de Casablanca a du interrompre son reportage, sur ordre de la police.
Il valait mieux, au fond, conserver à cette visite sa souveraine dignité et garder intacte ce que Hassan II - un poète - appelle son « jardin secret ».
Le Canard Enchainé (8/5/96)

« Un jour de honte pour la République »
« Dès à présent - prélude classique -, les islamistes ont conquis la plupart des université marocaines. Ils travaillent le peuple des bidonvilles, non point en lui inoculant on ne sait quel virus du fanatisme, mais en organisant maints réseaux d'entraide. Au Maroc, la misère possède un avenir politique à la mesure de son immensité. Aucun pays du Maghreb ne présente un tel gouffre entre une caste de privilégiés repus, et la masse des déshérités » / « On n'attendait pas de M. Séguin une initiative aussi saugrenue. Peut-être estime-t-il que Hassan II fait un hôte présentable (). Ce que le roi appelle drôlement son « jardin secret » s'est appauvri de quelques pitoyables martyrs sans pour autant se dépeupler. La machine l'alimente toujours. () Nul doute: le Congrès des États Unis ne songerait pas à offrir sa tribune à un chef d'État de cet acabit. Fille facile, notre Assemblée nationale n'a point de ces pudeurs. » / « Aucune nécessité politique n'explique cet interminable cortège de cadavres qui continuent de sortir des geôles d'Hassan II au terme de grèves de la faim nenées menées pour la reconnaissances des droits les plus élémentaires de la personne humaine. Un tel excès d'indignité ne méritait pas tant d'honneur, ni la République ce jour de honte.»
Gilles Perrault- Le Monde.(7/5/96)

« Maroc : Des centaines de Sahraouis « disparus »
« Hassan II avait cru pouvoir affirmer, jeudi soir, devant les caméras de France 2 que, « formellement, non », il n'y avait plus de prisonniers politiques dans ses prisons. Il n'y a plus au Maroc « de prisonniers de ce genre » a-t-il insisté. Une affirmation contredite hier par l'Association des familles de prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDESA), qui rappelle que 526 civils sahraouis sont toujours portés disparus, pour certains depuis plus de vingt ans. () Outre les Sahraouis « disparus », quatorze personnes sont actuellement détenues pour avoir manifesté pacifiquement en faveur du référendum préconisé par l'ONU. »
L'Humanité (4/5/96)

« La visite du souverain du Maroc à l'Assemblée ne fait pas l'unanimité »
« Lors d'une conférence de presse organisée par les défenseurs français et marocains des droits de l'homme, Ségolène Royal, député des Deux-Sèvres, a fustigé ce qu'elle a appelé le « ramollissement de la ferveur démocratique de la classe politique française ». Qualifiant l'Assemblée de « lieu symbolique de la souveraineté populaire », elle a considéré l'accueil du souverain chérifien au Palais-Bourbon comme « un énorme problème ». () Opposant marocain, libéré en 1991 après dix-sept ans de détention politique, puis expulsé sous prétexte qu'il serait de nationalité « brésilienne », Abraham Serfaty a estimé que « le passage à une monarchie constitutionnelle au Maroc » était « l'axe fondamental » des réformes à engager.
« On aurait accueilli avec joie Hassan II à l'Assemblée nationale française s'il était le Juan Carlos marocain. » Mais l'opposant n'a pas manqué l'occasion de fustiger les manquements aux droits de l'homme au Maroc, dénonçant « le règne de l'arbitraire » et un « véritable système moyennâgeux » (). De son côté le Front National a salué le roi du Maroc, « dont () le courage politique, notamment en matière de maîtrise des flux migratoires, devrait inspirer la classe politique française en général et le gouvernement en particulier. »
Libération (7/5/96 )

« Une tribune contestable pour Hassan II »
« La République française s'est mise en frais pour recevoir, lundi 6 et mardi 7 mai, « notre ami le Roi du Maroc ». « Un évènement de très grande importance », a assuré Hervé de Charette qui a dit l'intention des uns et des autres de donner aux relations franco-chérifiennes « de la densité, de la diversité et du dynamisme ».(). Il n'empêche: alors que se précise la menace islamiste, Hassan II veille jamousement à demeurer le seul maître à bord, même si le séduisant vocabulaire qu'il utilise à dessein - pluralisme, alternance, etc. - donne à penser la contraire. Il argue, en sa qualité de « Commandeur des croyants », du contrat de nature toute religieuse qui le lie à « son » peuple, dont il se flatte d'être en mesure de sonder le cur à travers ses réseaux du sérail. Cette allégeance de sujets à suzerain est au cur d'une conception anachronique du pouvoir dont le souverain chériffien sait pertinament qu'elle ne lui survivra pas. Ni la bienséance, ni l'amitié ne commandaient donc d'ouvrir prématurément les portes du palais Bourbon à cet incertain démocrate qui rêve d'être considéré par l'Europe, à la porte de laquelle il frappe avec insistance, pour ce qu'il n'est pas - ou du moins pas encore: un monarque constitutionnel. »
Le Monde.(7/5/96)

« Chirac en fait trop »
« Non content de fermer les yeux Msur le non-respect par le monarque des décisions de l'ONU sur le Sahara occidental - pas un mot là-dessus -, le président est allé jusqu'à lui décerner, avec le premier prix d'économie pour les privatisations en cours, celui de la démocratie et des droits de l'homme. Les quelques progrès arrachés ces dernières années - au prix de quelles souffrances - par les opposants et les défenseurs des droits de l'homme au Maroc méritaient-ils tant d'honneur ? Certainement pas, compte tenu des centaines de disparus, des dizaines de prisonniers politiques non jugés et des tortures qui continuent. « Seul progrès, disait récemment un journaliste marocain, on a le droit d'en parler ! » () »
L''Humanité (9/5/96)

« Le Maroc malade de la contrebande »
« Un rapport du Centre d'études et de recherches internationales (CERI) estime que les récentes campagnes lancées au Maroc contre la corruption, la contrebande et le trafic de drogue constituent des « substituts envahissants aux réformes » ou, plus précisément, une « substitution de la mise en uvre de réformes par la mise en scène de campagnes ».
« Constatant, dans l'état actuel, une « insertion internationale illicite » de l'économie marocaine, l'étude [de Béatrice Hibou, intitulée Les enjeux de l'ouverture au Maroc: dissidence économique et contrôle politique] rappelle l'importance de la contrebande (3 milliards de dollars, environ 15 milliards de francs, soit l'équivalent de la production industrielle [du Maroc]) et du narcotrafic (2 milliards de dollars, quelques 10 milliards de francs, sans compter les effets induits, par exemple, par le blanchiement de l'argent sale).
A ce sujet, l'auteur relève que « la convention des Nations unies de 1988 desinée à lutte contre le trafic de drogue a bien été signée par le Maroc, mais (que) la législation préparée par le ministre de la Justice n'a toujours pas été votée par le Parlement. »
S.Smith- Libération (7/5/96)

Sommaire

Lettres au Président Chirac.

La visite officielle du roi Hassan II à Paris a été l'occasion pour différentes instances de presser Jacques Chirac d'user de ses bonnes relations avec le roi du Maroc pour débloquer le processus de règlement du conflit du Sahara occidental.
- Dans une lettre ouverte, adressée au président Jacques Chirac, une quinzaine d'organisations non gouvernementales et de mouvements de défense des droits de l'homme ont demandé au président français d'intervenir auprès du roi Hassan II pour favoriser un règlement du conflit du Sahara occidental. Soulignant que la mise en uvre du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui « apparaît comme l'unique moyen d'assurer une paix et une stabilité durables dans cette région troublée », ces organisations ont demandé à la France de saisir l'occasion « opportune » de la visite de Hassan II à Paris pour « faciliter la rencontre officielle entre les autorités marocaines et le Front Polisario ».
Parmi les signataires de cette lettre, figurent notamment l'Association des Amis de la RASD, la CIMADE, SOS Racisme, la Fédération internationale des droits de l'homme, France Libertés de Danielle Mitterrand, Médecins du monde, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples,etc.
- L'Association des Amis de la RASD a rendu public, le 4 mai dernier, un communiqué de presse livrant notamment leur sentiment que la France « peut jouer un rôle important en raison de rayonnement au Maghreb, pour qu'enfin une solution soit trouvée, qui permette aux Sahraouis de vivre en paix chez eux. »
- De son côté, le comité de l'AFASPA pour la connaissance de la RASD a adressé, le 30 avril 1996, une lettre demandant au président Jacques Chirac, au ministre des affaires étrangères Hervé de Charette, au président de l'Assemblée nationale Philippe Séguin, aux présidents des groupes parlementaires « d'intercéder auprès du chef d'État du Maroc afin que les prisonniers et disparus sahraouis recouvrent toute leur liberté et pour que ce drame qui ruine les peuples marocains et sahraouis trouvent une issue rapide et équitable ».


Cris et protestations

- Par ailleurs, un rassemblement a eu lieu lundi 6 mai 1996, place André Malraux ," pour la paix au Sahara Occidental et pour la libération des détenus et disparus sahraouis ", à l'initiative de l'Association des Amis de la RASD.

- De leur côté, les Comités de lutte contre la repression au Maroc ont écrit aux parlementaires pour leur demander de ne pas reçevoir le roi HassanII à l'Assemblée nationale, en affirmant que le Maroc est " un Etat de non droit ".

- Enfin, des centaines de personnes, appartenant à des organisations de droits de l'homme et à des mouvements démocratiques marocains ont participé à une manifestation, mardi 7 mai, devant la brasserie LIPP, boulevard Saint-Germain à Paris. Plusieurs intervenants ont stigmatisé la politique marocaine de bafouement des droits de l'homme et l'occupation du Sahara Occidental.

Sommaire


Amnesty International

Maroc et Sahara Occidental: violations des droits de l'homme au Sahara Occidental
Londres,18 avril 1996

Les forces de sécurité marocaines continuent de perpétrer de graves violations des droits de l'homme au Sahara occidental, au mépris des traités internationaux ratifiés par le Maroc, et malgré la présence, depuis 1991, de la MISSION DES NATIONS UNIES POUR L'ORGANISATION D'UN RÉFERENDUM AU SAHARA OCCIDENTAL (MINURSO).
Amnesty international est préoccupée par l'absence de dispositions d'ensemble relatives aux droits de l'homme dans le mandat de la Minurso, et par le fait que les garanties existantes, déjà limitées, ne sont pas respectées. Si des mesures ne sont pas prises de toute urgence par les Nations unies, la Minurso restera le témoin silencieux des violations des droits de l'homme au Sahara occidental.
Depuis une vingtaine d'années, Amnesty international n'a cessé de recueillir des informations sur les violations des droits de l'homme commises au Sahara occidental et de faire campagne contre de telles pratiques. Des centaines de Sahraouis arrêtés après l'annexion du Sahara occidental par le Maroc, en 1975, ont «disparu». Plus de 300 d'entre eux, dont certains avaient «disparu» depuis seize ans, ont été libérés par les autorités marocaines en juin 1991, après avoir été incarcérés dans des conditions inhumaines dans des centres de détention secrets où nombre d'entre eux ont trouvé la mort. Les autorités marocaines n'ont jamais reconnu officiellement la mort de ces «disparus» et les familles des victimes ignorent le lieu où leurs proches ont été enterrés. Une trentaine de Marocains incarcérés depuis dix-huit ans dans le centre secret de détention de Tazmamart ont également recouvré la liberté en 1991.
Tout en saluant la libération de ces «disparus», l'Organisation reste préoccupée par le sort de plusieurs centaines d'autres personnes, des Sahraouis pour la plupart, dont on reste sans nouvelles. Les anciens «disparus» et les familles des prisonniers morts en détention secrète n'ont reçu aucune compensation. Aucune enquête n'a été menée sur ces «disparitions» ni sur la mort de très nombreux prisonniers incarcérés dans des centres de détention secrets. Les autorités marocaines n'ont manifesté aucune intention d'enquêter sur ces violations des droits fondamentaux, et les responsables continuent de bénéficier d'une impunité totale.
La situation des droits de l'homme s'est sensiblement améliorée depuis la libération des «disparus» marocains et sahraouis en 1991. Citons notamment la commutation de 195 condamnations à mort en 1993, et la libération, en 1994, de plus de 350 prisonniers d'opinion et prisonniers politiques condamnés à l'issue de procès inéquitables. Ces améliorations ne se sont toutefois pas étendues au Sahara occidental et l'espoir que de nouvelles mesures seraient prises, notamment pour éclaircir le sort de centaines de «disparus», a été déçu.
Les arrestations massives d'opposants présumés n'ont pas cessé au Sahara occidental. La détention prolongée au secret, désormais rarement signalée au Maroc, reste très répandue au Sahara Occidental où la plupart des personnes arrêtées ne font l'objet d'aucune procédure judiciaire. Les anciens «disparus» restent soumis à une étroite surveillance et leur liberté d'expression, d'association et de mouvement est limitée. Nombre d'anciens «disparus» ont de nouveau été arrêtés et placés en détention secrète pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Des jeunes gens arrêtés à la suite de manifestations en faveur de l'indépendance ont été condamnés par un tribunal militaire à des peines allant jusqu'à vingt ans d'emprisonnement pour atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat. Ces prisonniers d'opinion sont toujours incarcérés; leurs plaintes pour tortures infligées pendant leur détention prolongée au secret n'ont fait l'objet d'aucune enquête.
Le présent rapport évoque également les préoccupations d'Amnesty International concernant les exactions commises par le passé dans les camps de réfugiés adminstrés par le Front Polisario, dans le sud de l'Algérie.
Amnesty International invite:
- Les autorités marocaines à prendre des mesures pour mettre un terme aux violations des droits de l'homme commises au Sahara occidental, à élucider le sort de tous les «disparus», à enquêter sur les «disparitions» et sur les autres violations passées et présentes des droits de l'homme et à traduire les responsables en justice;
- Les Nations unies à prendre sans délai les mesures necessaires pour veiller au respect des garanties en matière de droits de l'homme contenues dans le mandat de la Minurso, et à élargir le mandat de cet organisme de façon qu'il prévoie la surveillance des droits de l'homme sur le terrain et des enquêtes sur les cas présumés de violations;
- Le Front Polisario à prendre les mesures necessaires pour faire en sorte qu'aucun individu ne soit arbitrairement détenu, torturé ou maltraité, et à veiller à ce que toute personne présumée responsable d'exactions soit écartée de tout poste d'encadrement.


Kelthoum libre !


Amnesty International s'est félicitée, le 13 mai 1996, de la récente libération de Kelthoum Ahmed Labid El-Ouanat et de cinq autres prisonniers d'opinion du Sahara occidental. Rappelant qu'elle les avait adoptés en tant que prisonniers d'opinion et que tous les membres de l'organisation à l'échelle internationale avaient tout particulièrement au cours de ces derniers mois, fait campagne pour leur libération, Amnesty International a déclaré que « la libération de ces prisonniers d'opinion constitue une étape importante et encourageante vers une amélioration sensible de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental ».



[Sommaire ] [ Homepage Echo du POLISARIO ] [ Homepage Sahara Occidental ]