4ème Session du Conseil des droits de l'homme (12 - 30 mars 2007 à Genève)

Débat thématique sur les rapports présentés, le 27 mars 2007,  par les Rapporteurs spéciaux,   M. Martin Scheinin sur les droits de l'homme et le terrorisme et par M. Manfred Nowak sur  la torture.
 
Intervention au nom des organisations
Mouvement International des Jeunes et des Etudiants pour les Nations Unies
Organisation Internationale pour le Développement et l'Education

Par: M'Hamed Mohamed Cheikh

 
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
 
Je tiens à remercier, au nom de ces deux organisations les Rapporteurs spéciaux  pour l'excellence de leurs rapports qui mettent en évidence,  à la fois les progrès enregistrés et ceux qui restent à accomplir, notamment en matière de respect des droits humains, sans cesse bafoués et piétinés au  Sahara Occidental, pays occupé illégalement par le Maroc depuis 32 ans.
 
A cet effet,  je  tiens à informer que  ces deux dernières années ont été vécues par les populations sahraouies dans les territoires sous occupation marocaine comme l'une des périodes les plus noires de leur histoire contemporaine en raison du climat de terreur qui y a régné et du fait de la répression et de l'arbitraire qui rythment désormais leur quotidien .
 
Ces graves atteintes aux droits de l'homme sont largement dénoncées et documentées par plusieurs organisations et institutions internationales dont le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'homme qui, dans les recommandations de son rapport de mai 2006, suite à une mission au Sahara Occidental et dans les Campements de réfugiés sahraouis note , je cite « Le droit d'autodétermination pour le peuple du Sahara occidental doit être assuré et mis en place sans attendre car toutes les violations des droits de l'homme se nourrissent de la non- application de ce droit fondamental ».
 
Monsieur le Président,
 
L'état des droits de l'homme au Sahara Occidental est tel que les chiffres à eux seuls révèlent l'ampleur du drame : des milliers de réfugiés que certains milieux veulent,  aujourd'hui  plier à force de transformer l‚'aide alimentaire qui leur est destinée en arme alimentaire, et les obliger ainsi à accepter le fait colonial marocain,  plus de 500 disparus depuis le début du conflit, 151 prisonniers de guerre sahraouis  - dont nous avons ici les noms, les matricules, la date et le lieu de capture- détenus par le Maroc depuis 31 ans,  ce qui fait d'eux les plus vieux prisonniers du monde, des centaines de personnes affectées par les arrestations arbitraires , des dizaines de condamnations  à de lourdes peines de prison, au terme de procédures entachées de nullité par le fait d'un usage systématique de la torture,  plusieurs assassinat,  400 handicapés du fait des mines, disséminées par millions à l'intérieur et aux abords d'un mur de défense marocain , dont on parle très peu, mais qui tue et mutile chaque année des centaines de civils et décime le cheptel des nomades. 
 
 Devant l'extrême gravité des événements qui se déroulent depuis quelques temps au Sahara Occidental et l'urgence que requiert la situation, le Conseil des droits de l'homme  doit mandater un Rapporteur spécial pour enquêter sur la situation des violations des droits de l‚homme au Sahara Occidental qui ne fait qu'empirer et la  Communauté internationale doit prendre les mesures qui s'imposent pour assurer la protection des populations civiles sahraouies.
 
Je vous remercie


 


4ème Session du Conseil des droits de l'homme
Rapport de Mme Zerrougui sur les Détentions arbitraires
 
Intervention au nom de
Interfaith International
Par : Keltoum Irbah (sociologue)

 
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
 
Au cours de ces dernières années, la répression au Sahara Occidental a connu un renforcement sans précédent et la population sahraouie paie le prix fort des violations répétées . Les défenseurs des droits de l'Homme ainsi que les mouvements syndicalistes et étudiants ont constitué pour le régime marocain des cibles privilégiées : intimidations et menaces,  arrestations arbitraires,  jugements inéquitables, restrictions draconiennes du droit à la liberté d'expression, d'association, de réunion comme c'est le cas pour le collectif  des défenseurs sahraouis des droits de l'homme, la section Forum vérité et justice, section Sahara Occidental et autres.
 
Dans une intervention  faisant suite au rapport de Mme Erturk, sur la violence contre les femmes, un orateur a qualifié les femmes sahraouies dans les campements de femmes marocaines « séquestrées , objet de tous les sévices ». Je tiens ici à réfuter ces allégations car il m'a été donné l'occasion de visiter plusieurs fois ces Campements de réfugiés et de voir que de telles allégations sont dénuées de tout fondement puisque,  à travers le programme de visite initié par les Nations unies et exécuté une fois par semaine par le HCR,  ces mêmes réfugiés visitent leurs familles dans le territoire et reviennent dans les Campements. 
 
Ce genre d'allégation,  dont le but est d'induire en erreur la Communauté internationale est  aussi contrarié  par le fait que  des Secrétaires généraux des Nations unies et de l'Union africaine, des membres de la solidarité avec le peuple sahraoui, des journalistes représentant tous les organes de presse,  des missions des organisations internationales et diplomatiques, des ONG en plus de  la présence permanente des Nations unies, la MINURSO,  les bureaux des organisations internationales, tel le PAM et le HCR, visitent régulièrement les Campements de réfugiés sahraouis depuis 32 ans et peuvent donc constater tous les jours,   l'inanité de telles assertions.
 
Il est donc urgent que la Communauté internationale redouble d'efforts en mettant des mécanismes d'action concrète afin que les droits fondamentaux à la liberté et à la sécurité, reconnues à tous conformément à toutes les conventions en vigueur puissent être, également respectées au Sahara Occidental.
 
Je vous remercie.




 
4ème Session du Conseil des droits de l'homme
Point 2 : Mise en application de la résolution 60/251 de l'Assemblée générale du 15 mars 2006, intitulée « Conseil des Droits de l'Homme ».
29 mars 2007
 Autres Considérations y compris initiatives/ décisions/ résolutions

Intervention au nom  du
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP)
Par : M. Gianfranco Fattorini, Secrétaire général du MRAP
 

Monsieur le Président,
 
Dans une note verbale, datée du 20 janvier 2007, la Mission permanente du Maroc  près l'Office des Nations unies à Genève signifiait que le Maroc  refuse toutes les pratiques de l'Etat d'Israël qui violent les droits humains en Palestine, dans les territoires occupés y compris les hauteurs du Golan ainsi que toutes les mesures  qui conduiraient à une modification de la composition démographique des territoires arabes occupés (A/HRC/4/56).
 
Nous sommes convaincus que le gouvernement marocain saura s'imposer la même exigence eu égard à la situation du territoire du Sahara Occidental.
 
Comme il a eu l'occasion de le dire, l'ancien Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le processus d'organisation d'un référendum d'autodétermination est bloqué. Ce qu'il ne pouvait  pas préciser, compte tenu de sa position, c'est que cela tient au refus du Maroc d'accorder au peuple sahraoui ce droit fondamental qu'est le droit à l'autodétermination.
 
Le 14 décembre dernier, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté encore une fois une résolution (A/RES/61/125) réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et la responsabilité de l'organisation des Nations unies à l'égard du peuple sahraoui.
 
Monsieur le Président,
 
Le Conseil des droits de l'homme doit continuer de se saisir des violations des droits humains et des libertés fondamentales au Sahara Occidental, de la même manière qu'il le fait pour les territoires arabes occupés.
 
Depuis avril 2005, de nombreux témoignages de sources différentes, mais concordantes font état de pratiques intimidatrices  telle que l'arrestation répétée et al torture à l'encontre des défenseurs des droits humains sahraouis.
 
La Représentante du SG de l'ONU sur les défenseurs des droits humains, Mme  Hina Jilani, dans son rapport soumis en mars 2006 (E/CN.4/2006/95/ad.5) exprime «  son inquiétude face aux difficultés rencontrées par les défenseurs des droits de l'homme travaillant dans le contexte du Sahara Occidental, et qui résultent souvent en de nombreuses arrestations et inculpations. Elle exprime également son inquiétude devant les apparentes restrictions à la liberté de mouvement des défenseurs sahraouis  visant à les empêcher d'exercer leur liberté d'expression au niveau international ». La Représentante du Secrétaire général de l'ONU a en fait de même cette année, notamment par rapport aux restrictions des libertés de réunion et d'association .
 
Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, lors de sa session de mai 2006 a relevé dans ses observations finales sa préoccupation par rapport au fait que « aucune solution claire n'a toujours pas été apportée à la question de l'autodétermination du Sahara Occidental «
 
A la même période en mais 2006, la Haut Commissaire aux droits de l'homme a dépêché une mission au Sahara Occidental et dans les Campements de réfugiés à Tindouf. Dans le préambule de son rapport la mission affirmait que « rien ne permet d'établir un lien quelconque de souveraineté entre le territoire du Sahara Occidental et le Maroc ». Dans ses conclusions, la mission constate que « la situation des droits de l'homme au  Sahara Occidental est préoccupante et que le peuple sahraoui est non seulement privé de son droit à l'autodétermination mais subit également des restrictions sévères dans l'exercice d'une autre série de droits . La mission onusienne est trop explicite lors qu'elle affirme dans ses conclusions « pratiquement toutes les violations des droits humains du peuple sahraoui découlent de la non application du droit à l'autodétermination »
 
Deux ans après la dernière Déclaration adoptée sur cette question épineuse par la commission des droits de l'homme, nous vous lançons un appel, Monsieur le Président, afin que avant la fin de votre mandat, le Conseil des droits de l'homme réintègre la question du Sahara Occidental dans son agenda soit par une Décision soit par une Déclaration.
 
Je vous remercie. 


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