ASSOCIATION MAROCAINE DES DROITS HUMAINS

Bureau - Central

* B P 1740 Rabat

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COMMUNIQUE

 

POUR COMMEMORER, A SA MANIERE , LE 52ème ANNIVERSAIRE DE LA DUDH, L'ETAT MAROCAIN ARRETE ET JUGE LES RESPONSABLES ET MILITANTS DE L'AMDH

En commémorant le Samedi 09 décembre 2000, par un sit-in devant le parlement, le 52 anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme sous le mot d'ordre : " Nous demandons de dévoiler la vérité et de poursuivre les responsables des enlèvements et arrestations illégales et des actes de torture ", et suite à la répression féroce de ce sit-in, le Bureau Central de l'AMDH a tenu une réunion extraordinaire pour déclarer ce qui suit :

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un programme militant et de conscientisation en vue d'une réelle liquidation des dossiers relatifs aux droits humains des années noires et d'engager une rupture effective avec les méthodes répressives du passé.

Dés le début de l'après midi, le centre ville de Rabat et toutes les artères débouchant sur le lieu du parlement ont été bouclé par les différentes forces de répression civile et paramilitaire.

Avant le lancement de la manifestation, et sous le règne de la terreur , les citoyens, les responsables et les militant(es) de l'AMDH ont été sauvagement tabassés.

Nous avons recensé, jusqu'à maintenant, 47 cas d'arrestations (voir la liste ci-jointe) dont 5 responsables du Bureau central, y compris le Président, deux responsables du Bureau Exécutif du Forum Vérité et Justice, un membre de l'association Amnesty International Maroc, et des journalistes qui ont fait l'objet d'intimidations et de provocations et même arrestations.

Cette rageuse campagne de répression était accompagnée d'agression et de vol de biens des détenus et confiscation de matériel de journalistes de la part des éléments de la police. De nombreux activistes des droits humains ont subi de graves blessures de même, le siège central de l'AMDH était l'objet d'une tentative d'invasion par les éléments de la police vers 22h00.

Nous considérons que cette nouvelle vague de répression hystérique qui coïncide avec le 52ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits Humains témoigne du désengagement de l'Etat marocain vis-à-vis de ses engagements internationaux en matière des Droits de l'Homme, notamment, la déclaration relative à la protection des défenseurs des droits humains. Ces actes répressifs indiquent le penchant facile, chez l'Etat marocain, de renoncer à tous les acquis arrachés grâce au combat de longue haleine du mouvement des Droits Humains et du mouvement démocratique marocain. Ceci confirme la volonté officielle proclamée de réduire la marge déjà limitée et partielle de l'exercice des libertés publiques.

Le recours à la force et à la répression à l'égard des activistes des Droits Humains et la violation du droit aux manifestations pacifiques démontre l'incapacité des autorités et leurs institutions à traiter les dossiers de violations flagrantes de droits humains - notamment, l'enlèvement, la détention arbitraire, la torture et l'atteinte au droit à la vie - à faire la lumière sur ces dossiers en déterminant les responsabilités et en entamant les poursuites judiciaires des responsables présumés, indépendamment de la fonction qu'ils occupent, et à indemniser toutes les victimes.

La répression subie par l'association, ne peut être dissociée du processus de l'agression gouvernementale à l'encontre des libertés publiques, collectives et individuelles, et vise la liberté d'opinion et d'expression et le droit à la manifestation et la protestation pacifique.

Tout en soulignant le maintien de ses positions annoncées dans les deux lettres envoyées au Ministre de la justice et au parlement, le Bureau Central demande la libération immédiate des détenus victimes de l'agression du 9 décembre 2000 et déclare que ni la terreur, ni la répression n'arrêtera l'association de continuer à jouer son rôle de dénonciation des violations des droits humains et ses auteurs présumés et de protection et promotion des droits humains.

Le Bureau Central confirme sa volonté de renforcer les synergies et de promouvoir toute forme de lutte en vue d'instaurer un réel Etat de Droit au Maroc.

 

Le Bureau Central

Rabat, le 10 décembre 2000

 


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