Témoignages  sur la grave situation qui prévaut au  Sahara Occidental

 

                           
Daha Rahmouni,
Membre de l’Association Sahraouie des Victimes des Violations Graves  des droits de l’Homme Commises  par l’Etat du Maroc .ASVDH.
 
 
Je tiens, en premier lieu, à remercier le Bureau International pour le Respect des Droits de l’Homme au Sahara Occidental (BIRDHSO) ainsi que toutes les organisations non gouvernementales des droits de l’Homme ici présentes pour leurs inlassables efforts déployés pour promouvoir le respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental, secourir les défenseurs sahraouis des droits humains, faire la lumière sur le sort des centaines de disparus sahraouis et obtenir la libération de tous les prisonniers de conscience sahraouis.
 
Daha RAHMOUNI : Je suis membre de l’Association Sahraouie des victimes des violations graves des droits de l’homme commises par l’Etat marocain (ASVDH), une association qui, à l’instar d’autres associations et organisations sahraouies des droits de l’Homme, a été arbitrairement empêchée par les autorités marocaines d’exercer ses activités pacifiques en faveur des nombreux disparus et prisonniers politiques. Soucieuse d’exercer ses activités pacifiques au grand jour et en conformité avec la loi, l’ASVDH a présenté une demande de légalisation en bonne et due forme aux autorités marocaines qui n’a jamais pu aboutir car, comme le relève Amnesty International dans un communiqué rendu public, le 08 mars 2007, <<la procédure n’a pu être achevée en raison de ce qui apparaît, manifestement, comme une suite d’obstacles administratifs à motivation politique>>.
 
La liberté d’association et d’expression, le droit à des procès équitables pour les accusés, l’indépendance et l'impartialité de la justice qui sont, entre autres fondements, les caractéristiques de l’Etat de droit, sont des droits déniés aux Sahraouis dont le pays, le Sahara Occidental, a été illégalement occupé par une puissance étrangère, le Royaume du Maroc.
 
Depuis l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc,  les violations des droits civils et politiques commises par celui-ci  ont contribué au climat de grande frustration qui s’est  installé au cours de ces décennies.   Les souffrances, l’insécurité, la régression à tous les niveaux, le climat de tension sciemment entretenu par les autorités d’occupation marocaines,   ont engendré peur et terreur et installé la population civile sahraouie dans un deuil qui n’en finit pas.
 
En dépit de l’interdiction qui frappe les associations et différentes ONG sahraouies dont le travail consiste à recueillir les informations en relation avec les violations des droits de l’homme et à demander justice pour les sahraouis,  soumis à des disparitions forcées, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme dénoncent périodiquement  la persistance déplorable des violations des droits de l’homme au Sahara Occidental. C’est le cas, par exemple d’ Amnesty international , Human Rights Watch, Freedom House, l’organisation Mondiale contre la Torture, Reporters sons Frontières, ainsi que d’autres  institutions de l’ONU comme le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme qui, dans son rapport de mission (15/23 Mai et 19 Juin 2006),  fait état de la politique de violation systématique des droits de l’Homme,  menée par le Maroc contre les populations civiles vivant sous le joug de son occupation, et  qui avait conclu dans ses recommandations que « les violations des droits de l’Homme, perpétrées contre le peuple du Sahara Occidental  découlent  de la non application du droit humain fondamental qu’est le droit à l’autodétermination ».
 
Les violations des droits de l'homme au Sahara Occidental ne se limitent pas aux atteintes décrites dans les paragraphes précédents. En effet, les autorités marocaines continuent de limiter considérablement le mouvement des citoyens sahraouis.  Plusieurs   sites web sont bloqués, et les interdictions  frappent la distribution des livres mais aussi toutes sortes de publications.
 
Les autres sujets d'inquiétude comprennent les restrictions au mouvement des défenseurs sahraouis  des droits de l’homme et la surveillance policière généralisée en plus de  l'intimidation et l'interception des communications.
  
Cet état de fait démontre, si besoin est, que la façade de « démocratie » présentée à l’étranger par le Maroc ne saurait cacher les graves atteintes à la liberté d’expression et les violations systématiques des droits de l’homme qui, depuis le 21  mai 2005,  date du déclenchement des manifestations pacifiques, ont  pris un caractère  institutionnalisé à l’encontre de tous ceux qui réclament le droit à l’autodétermination, et singulièrement les défenseurs sahraouis des droits humains. Les prisonniers politiques sahraouis ont également payé,  parfois de leur vie,  la répression  qui sévit dans le territoire. Ainsi, plusieurs d’entre eux vivront malheureusement avec des séquelles et des maladies contractées dans les prisons et les divers centres de détentions  secrets au Maroc
 
Le territoire sahraoui  où sont commis ces dépassements est totalement isolé des médias car plusieurs délégations composées de journalistes, parlementaires  et ONG n’ont pas été autorisées à y entrer pour constater,  de visu,  ce qui s’y passe. C’est le cas  pour des dizaines de délégations espagnoles, dont des parlementaires et des représentants de la société civile, une délégation norvégienne,  et dernièrement la délégation ad hoc du parlement européen.
 
Devant une telle situation et l’urgence de son traitement, les Nations Unies doivent élargir, sans tarder,  les prérogatives de la MINURSO à la protection des civils sahraouis dans les territoires occupés. La Communauté internationale est appelée, quant à elle, à déployer tous les outils politiques nécessaires afin de s’assurer que les médias, les organisations de défense des droits de l’homme et les observateurs internationaux puissent accéder librement au Sahara Occidental.
 
Je vous remercie de votre attention.

Genève, 24.09.07


Témoignage  sur les graves violations des droits humains commises par l'Etat Marocain au Sahara Occidental


 
Par :  Larbi Messaoud (biographie)
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L'objectif de ce témoignage présenté par un membre du Collectif des Défenseurs Sahraouis des Droits Humains (CODESA), est de dévoiler et  dénoncer les différentes graves violations commises par l'Etat Marocain depuis le 21 mai 2005, date du déclenchement des manifestations pacifiques réclamant l'application du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et le respect des droits humains dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
 
01- L'aspect pacifique du soulèvement populaire "INITIFADA":
Dans  le cadre de ces missions de respect des droits humains et de recensement des graves violations des droits humains, le secrétariat du CODESA a rencontré plusieurs sahraouis citoyens sahraouis, qui manifestaient pacifiquement dans les quartiers, les rues et les avenues des villes occupées du Sahara Occidental, en train de scander des slogans en faveurs du Front Populaire pour la libération de Saguia El Hamra et Rio d'Oro (POLISARIO) et réclamant l'application immédiate du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.
 
Le caractère pacifique de ces manifestations a obligé les autorités marocaines à renforcer ses forces sécuritaires et militaires dans les territoires occupés du Sahara Occidental, dans le but de réprimer les citoyens sahraouis et de leur interdire d'exercer leurs droits fondamentaux de la liberté d'expression et de manifester.
 
Les autorités marocaines ont essayé également de discréditer l'Intifada et ses objectifs politiques, pourtant très claires.
En utilisant tous les moyens d’information (presse, Internet, médias audio-visuels), les autorités marocaines ont tenté de cacher la situation et la réalité des graves violations des droits humains dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Ce qui explique le nombre très important des expulsions systématiques des délégations des parlementaires syndicalistes et journalistes étrangers, qui voulaient se rendre dans les territoires occupés du Sahara Occidental, pour vérifier de près ce qui se passe dans les territoires sahraouis et aussi la situation des graves violations des droits humains les plus fondamentaux reconnus par la charte de l'ONU et les conventions internationales.
 
02- Harcèlement des défenseurs sahraouis des droits humains:
 
Devant l'échec des autorités marocains dans cette politique, et devant la détermination des défenseurs sahraouis des droits humains à continuer leurs missions de recenser les graves violations des droits humains et d'en informer les ONG internationales, les différentes services de la police marocaine ont mené une large campagne d'arrestation à leur encontre et même à l'encontre de ceux qui n'étaient pas présents dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
 
Ce qui explique la volonté des autorités marocaines à cacher la réalité de la répression sauvage et du matraquage des manifestations pacifiques qui se sont propagées au Sud du Maroc et dans les campus universitaires marocaines ou les étudiants sahraouis étudient.
 
03 Les Graves Violations des Droits Humains Commises par l'Etat Marocain
 
a) La disparition forcée:
b1Dés le début des manifestations pacifiques, les autorités marocaines ont procédé à l'enlèvement des citoyens sahraouis qui ont participé à ces manifestations. Les personnes enlevées sont conduites  dans des conditions inhumaines et dans des lieux inconnus ou ils sont torturés et menacés de viols et de traitements inhumains. Après elles sont libérées sans procès verbaux et relâchées dans des zones désertiques loin des centres urbains.
 
b) La torture:
 Malgré le fait que l'Etat Marocain a ratifié et signé en 2006 la convention internationale contre la torture, les autorités marocaines ont continué à torturer les citoyens sahraouis et à leur infliger les tortures inhumains dans les différentes centres secrets de détention et dans les commissariats de la police marocaine.
 
b1- La torture dans les centres secrets de détention:
Les autorités marocaines ont procédé à nouveau à l'enlèvement et à la torture des citoyens sahraouis dans les centres secrets. La plupart de ces centres secrets restent inconnus. La durée de l'enlèvement des sahraouis dure parfois plus de six jours.
 
Certaines victimes de la disparition forcée ont raconté leurs calvaires dans ces centres secrets de détention et ont décrit les méthodes utilisées par les agents des services marocains pour torturer les citoyens sahraouis.
 
Nous prenons le cas du témoignage des deux défenseurs sahraouis des droits humains messieurs EL HOUSSINE IDRI et Brahim NOUMRIA:
Après avoir été arrêté par la police judiciaire à Laayoune( Sahara Occidental), ils furent soumis à la torture au tristement célèbre centre secret "PCSMI" par des responsables de l'appareil sécuritaire marocain durant plus de 48 heures.
 
Les suppliciés ont déclaré avoir  été soumis à la torture psychologique et physique à travers les "RECETTES" de l'avion, le bandage des yeux, le ligotage et l'usage d'un liquide aux effets brûlants sur leurs corps. Ils ont été également embastillés, insultés, privés de sommeil de nourriture et d'eau. L'un d'eux, après avoir porté à la connaissance du procureur général du roi au près du tribunal d'appel de Laayoune des sévices subis, fut l'objet de traitements inhumains.
 
Quand à la tortue subie par les citoyens sahraouis dans les différents centres de la police, on peut noter:
L'usage de la torture contre les citoyens sahraouis  cible toutes les couches de la société sans distinction d'âge, de sexe ou de l'état physique de la victime. Même les personnes handicapées et les femmes enceintes n'ont pas été épargnées.
 
Toutes ces exactions dégradantes ont provoquées:
Et en conséquence de ces pratiques néfastes; les autorités marocaines restent les premières responsables d'avoir pousser les jeunes sahraouis au désespoir et a la haine, et la prise des bateaux de la mort pour l'Espagne, pour fuir la répression politique: depuis le début de l'Intifada de l'indépendance près de 500 citoyens sahraouis y compris des enfants mineurs sahraouis ont franchi la mer pour rejoindre l'autre rive. C'est ce qui a conduit des dizaines ont été noyé, alors que le sort des autres demeure inconnu.
 
Plusieurs de leur famille accusent aujourd’hui les autorités pour leur enlèvement, c'est le cas de près de 15 jeunes dont le sort demeure incertain et pour lequel les autorités marocaines se sont contredit a propos depuis le 25 décembre 2005.
 
Ainsi comme se peut-il que les enfants sahraouis demeurent objectifs quand ils deviennent le choix des réseaux de trafiquants des personnes et des drogues.  Comme peut on dire qu'ils ne sont pas cibles alors que les institutions d'éducations et leurs maisons sont l'objet de perquisitions en permanence. Comment peut on nie cela, alors que les forces de répression les poursuivent et leur arrestations et les laissent joncher loin des endroits urbains dans les zones occupées. 
 
3. Les arrestations politiques
 
Depuis le début de l'intifada; les forces marocaines ont entrepris des arrestations politiques des manifestants sahraouis, qui n'a pas épargné les activistes sahraouis des droits de l'homme au Sahara occidental et a essaye de concocter des fausses accusations en vue de les mêler dans des crimes, et c'est ce qui a été particulièrement mis en branle contre les détenus politiques sahraouis, qui avaient affirmer en présence des observateurs internationaux que leur arrestations n'ont eu lieu qu'a la suite des manifestations pacifiques scandant le droit du peuple sahraoui a l'autodétermination, et qui avaient entrepris des grèves de la faim pour attirer l'attention sur leurs situations aggravées et sur les jugements sommaires a leur égard et les peines qui vont au début de 20 a 4 années de prison ferme, mais a conduit les autorités marocaines a diminuer ces peines, puis a les mettre en liberté a la suite de ces peines graves. Puis ils ont arrêté d'autres ce qui fait que près de 40 sahraouis sont actuellement présentes dans les prisons marocaines, dont trois mineurs. Ils ne bénéficient d'aucun droit civique et parmi ceux qui ont entrepris des grèves de faim ouvert depuis le 17 septembre 2007 pour exiger leur droit dans la formation et l'éducation, tel Amidan El Ouali qui se trouve dans la prison noir de LAYYOUNE et qui a été conduit contre sa volonté par la suite a la prison de Taroudannt.
 
Les autorités pénitentiaires resserrent l'étau contre eux et en coordination avec la police marocaine et qui souvent prend avantage de leur moment de transfert pour prendre vengeance.
 
L'état marocain continue ses arrestations dans les rangs des militants sahraouis et continue de les emprisonner illégalement dans les centres de polices parfois pendant une période qui dépasse six jours avant de les libérer sans les transférer au procureur du roi, alors que leur familles continuent sans nouvelles d'eux pendant toute cette période.
 
En exerçant ces violations flagrantes contre les citoyens sahraouis, l’Etat marocain a ainsi outrepassé le respect des droits humains conformément aux articles 08, 09 et 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, notamment l'article 01, 06, 07 et 09, des droits civils et politique et des principes lies a la défense des personnes exposes aux différents aspects de la détention et de prison; et du Droit de l'Enfance et de la convention contre la torture.

Genève, le 24.09.07


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