LETTRE DU F.POLISARIO AU CONSEIL DE SECURITE DE l'ONU.

Suite au Rapport présenté par Mr KOFFI ANAN , Secrétaire Général de l'ONU, au Conseil de Sécurité, le Front Polisario a envoyé la lettre suivante au Conseil de Sécurité :

 

« New-York, le 22 février 2001

 

S.E.M. Said Ben Mustapha,
Président du Conseil de sécurité
Nations Unies
New-York.

 

Monsieur le Président,

 

Suite à la publication du dernier rapport du Secrétaire général sur la question du Sahara Occidental (S/2001/148), j'ai l'honneur de porter à votre connaissance les éléments d'appréciation ci-après :

Le 25 février 2000 la MINURSO recevait le dernier recours déposé suite à la publication, le 17 janvier de la deuxième et dernière liste provisoire des votants pour le référendum d'autodétermination prévu par le plan de règlement (S/21360 et S/22464) au Sahara Occidental. Contrairement à toute attente, le Maroc a saisi l'occasion de la procédure de recours, prévu par le Plan pour inonder la Commission d'Identification avec plus de 130 000 recours et ce, en dépit des mises en garde aussi bien du Conseil de sécurité (résolutions 1238 et 1263/1999) que du Secrétaire général (S/1999/483).

L'étape suivante devait, dès lors, être le traitement de ces dossiers de recours selon les procédures agréées par le Front Polisario et le Maroc en mai 1999 dans les Protocoles sur l'Identification et les Recours en vue de publier la liste définitive et déclarer, par conséquent le début de la période intérimaire de 06 mois prévue par le Plan de règlement.

Le Secrétaire général vient de confirmer encore une fois dans son dernier rapport que l'obstacle posé par les recours est surmontable. Malheureusement aucun effort dans cette direction n' a été jusqu'à présent déployé. Au contraire, la mise en œuvre du Plan de règlement est à l'arrêt depuis maintenant un an environ. Pire, nous assistons avec une profonde préoccupation à un glissement progressif vers l'abandon pur et simple du Plan de règlement, pourtant agréé par les deux parties et surtout par l'ensemble de la Communauté internationale en faveur d'une prétendue « dévolution d'une autorité gouvernementale » par le Maroc.

Cette démarche, dans la mesure où elle représente une négation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, ne peut, sous quelque forme que se soit emporter l'adhésion du Front Polisario. Nul ne peut s'arroger le droit de décider en lieu et place du peuple sahraoui qui, pendant les vingt sept dernières années, a consenti un lourd tribut de sacrifices et enduré toutes les souffrances pour le respect de ses droits légitimes à l'indépendance et à la souveraineté sur son territoire.

Le prolongement d'une situation d'impasse est inadmissible alors qu'un progrès en direction du référendum est possible. Elle ne peut donner lieu, comme cela a été relevé par le Secrétaire général lui même, qu'à l'augmentation de la tension sur le terrain et la multiplication des risques d'un retour à la confrontation armée.

La Communauté internationale qui, n'a jamais cessé, à travers l'Assemblée générale (depuis 1966) et le Conseil de sécurité (depuis l'adoption du Plan de règlement en 1990), d'appeler à l'organisation du référendum, ne peut dès lors s'accommoder d'un processus pris en étau entre des promesses qui s'éternisent et des reports répétés de la date de la consultation référendaire.

C'est pourquoi le mandat de la MINURSO pour la prochaine période devra être celui de la reprise du processus de règlement par l'examen, sur une base accélérée, des demandes de recours déposés depuis maintenant près d'une année. IL s'agit d'une exigence conforme, aussi bien aux résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité qu'aux aspirations de la Communauté internationale dans son ensemble.

Je vous saurais gré de bien vouloir distribuer le texte de la présente lettre aux membres du Conseil de sécurité.

Je vous d'agréer, Monsieur le Président, les assurances de ma haute considération.

Ahmed BOUKHARI,

Représentant du Front Polisario. »

 


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