République Arabe

Sahraouie Démocratique

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La RASD et le Maroc au 34ème Sommet de l'OUA

Commentaire de la Radio nationale sahraouie

 

Le Maroc a essuyé un cinglant échec au dernier sommet de l'OUA, qui s'est tenu du 8 au 10 Juin 1998 à Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso. En effet, la conspiration peu glorieuse, orchestrée de Rabat et menée sur place par le pays hôte, le Burkina-Faso, avec le soutien de cinq pays, a échoué : Le Maroc caressait le souhait de parvenir au gel - voire à l'expulsion - de la RASD comme condition pour revenir à l'OUA. C'est le contraire qui s'est produit : La RASD a été plus que jamais consacrée par l'OUA.

Participation normale : La RASD a participé au sommet de Ouagadougou tout à fait normalement, à l'instar de tous les États membres. Une délégation sahraouie, conduite par notre ambassadeur auprès de l'OUA, Monsieur Aliène Kentaoui, a pris part activement à la réunion des experts qui a précédé le Conseil des Ministres. Monsieur Mohamed Salem Ould-Salek, Ministre des Affaires étrangères a conduit notre délégation aux travaux de ce dernier et a informé les ministres africains de l'évolution du processus d'application du plan paix de l'ONU et de l'OUA au Sahara Occidental, tandis que le Président Mohamed ABDELAZIZ a dirigé la délégation de la RASD au sommet et a pris la parole à deux reprises dans les débats.

Genèse du complot : Le Maroc entendait tirer un profit de ses rapports récemment consolidés, à dessein, avec le pays hôte pour tenter d'ourdir son complot, consistant à remettre en cause la présence de la RASD au sein de l'OUA. D'ailleurs, depuis plusieurs mois, Rabat travaillait sur cette piste et la presse internationale a évoqué un important lot de voitures et des sommes d'argent très importantes attribués à certains pays africains pour les embarquer dans cette machination.

Beaucoup d'observateurs ont relevé par ailleurs que le président du Burkina-Faso a fait une tournée en Afrique, à la veille du sommet, pour contacter plusieurs chefs d'État africains au sujet de l'éventualité du retour du Maroc à l'OUA. Ces derniers, a-t-on appris de sources sûres, l'ont déconseillé de conditionner ce retour au retrait de la RASD. El l'on s'interroge comment une telle tournée, très coûteuse, aurait-elle pu être effectuée sans être soutenue financièrement par le Maroc ou par le pourvoyeur européen de celui-ci , la France, principal - voire unique - soutien de la politique expansionniste du Maroc au nord-ouest de l'Afrique ?!

Les faits : A la dernière séance du sommet, la délégation de la Guinée Conakry a, à la surprise générale, introduit, avec la bénédiction apparente du président en exercice, la question dans les débats, sans que celle-ci ait été inscrite à l'ordre du jour. Il était dès lors normal que cela provoquait la réaction violente de la majorité des chefs d'État et de gouvernement présents. Une avalanche d'interventions s'est déclenchée pour défendre la charte de l'OUA et pour rappeler que la RASD était admise au sein de l'OUA conformément aux dispositions de la charte de l'Organisation et que vouloir aujourd'hui remettre en cause cette décision, prise il y a déjà seize ans, c'est vouloir plonger, délibérément, l'OUA dans une crise inutile, à un moment où le continent africain et ses peuples ont fort besoin de cet instrument pour soutenir l'effort de développement économique, qu'ils considèrent la priorité des priorités.

Face au cinq pays auteurs du complot marocain - à savoir le Centrafrique, le Gabon, la Guinée, le Sao Tomé et principe et le Sénégal - plus de vingt pays, qui n'ont pas encore oublié que Rabat a qualifié leurs réunions de "conférences tam-tam", ont pris la parole pour dire leur étonnement, leur vexation et leur indignation. Parmi ces derniers, l'on peut citer l'Afrique du Sud, l'Algérie, l'Angola, le Botswana, l'Éthiopie, le Ghana, le Kenya, l'Ile Maurice, le Madagascar, la Mauritanie, le Mozambique, la Namibie, le Nigéria, l'Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie, la Zambie, le Zimbabwé. D'autres pays encore n'ont pas pu intervenir car la séance s'est prolongée très tard dans la nuit et le président Burkinabé cherchait à tout prix à stopper cette offensive. C'est alors qu'il a eu l'idée de "renvoyer" la question - ce qui veut dire l'abandonner - au Conseil des ministres en février 1999. Façon de se débarrasser du problème sans perdre complètement la face !

Conclusion : la RASD est sortie victorieuse du 34ème sommet de l'OUA. Ceux qui ont participé à la conspiration marocaine ont vite déchanté. Ils ont tout simplement fait montre de manque de sagesse et de lucidité politique. Au lieu d'aboutir à leur fin - ce qui était évidemment très peu probable - ils ont permis à la RASD de remobiliser l'Afrique pour la défense de la cause sahraouie et pour dénoncer les visées de Rabat, qui ne cherchait au fond qu'à détourner l'attention de l'opinion internationale du processus de paix qu'il est entrain d'entraver, en multipliant les obstacles et les difficultés devant les efforts de la MINURSO.

Désormais, Rabat doit savoir qu'il est le bienvenu au sein de l'OUA - la RASD sera le premier pays à applaudir son retour et à le souhaiter vivement - mais aux côtés de celle-ci et non pas à sa place. Car la RASD n'a pas pris la place du Maroc à l'OUA ; elle a pris la place qui lui revient de droit en tant qu'État africain qui a réuni toutes les conditions requises pour rejoindre la famille africaine. Le Maroc s'est retiré de plein gré de l'Organisation. Aujourd'hui, c'est à lui, et à lui seul, de décider d'y retourner. Et sans conditions. Quant à la République Sahraouie, elle est à l'OUA et pour toujours.

Bir-Lehlou, samedi 20 juin 1998


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