delivered at the
First Algerian-European Meeting of Solidarity with the Saharawi People
by Marianne Eriksson
MEP and Swedish member of the EP intergroup on Western Sahara
>> en français
Algiers 28th-29th June 2002
It is a great pleasure for me to be with you today in Algiers: as a European parliamentarian and a member of the intergroup "Peace for the Saharawi People", I also wish to express the solidarity which Scandinavian countries have long felt for the Saharawi people.
It may surprise you but the links between Sweden and this part of the world go back to many more years than what you might even suspect: it was back in 1641 that the first Swedish consul settled here, in Algiers- history says that in those days, his duty was just to free from the jail the Sweedish sailors who had not paid their tax to the local authorities!
Several centuries later, Sweden was back in the region: this time, it was in the tragic context of the 1975 invasion of Western Sahara by Morocco: with the work of the "Emmaus Bgorka" organisation, Sweden was one of the first countries to bring help to the Saharawi refugees.
And if Sweden is is still here now, it is not for the petrol, it is not for any vested interests: Sweden is present in Tindouf for humanitarian purposes, and it will carry on doing so as long as the situation of the Saharawi people requires it.
Because of our concern for humanitarian issues, we are extremely happy of the decision taken a few days ago by the Polisario Front to free one hundred Moroccan prisoners of war as a gesture of goodwill: such a decision goes in the right direction: that of the respect for the Geneva conventions- that is, international humanitarian law- and that of trust-building initiatives. It is obvious too that the liberation of ALL Moroccan prisoners of war will have the same effect: after more than 20 years spent in detention, even prisoners must retire! Likewise, it is very important to know that Amnesty International has embarked on a 2 weeks journey to Morocco and the occupied territories of Western Sahara in order to investigate and bring clarification on the disappearance of hundred of Saharawis between the 60s and the 90s: truth is the other trust-building step that must absolutely be taken, this time, by the Moroccan authorities.
Because of Sweden's concern for international law, I must also stress, as a European parliamentarian, that ONLY the strict and rapid implementation of the 1991 UN Peace Plan towards the holding of the referendum of self-determination for the Saharawi people will bring a peaceful, just, and lasting solution to the conflict in Western Sahara.
This brings me onto another topic: the role of the European Union towards Western Sahara:
During my work as a member of the European Parliament Ad'Hoc delegation that travelled to Tindouf, El Ayoun, and Rabat, I often heard that the EU must do something. Personally I think that people must ask specific and clear things from the EU: Europe must support the United Nations in the strict implementation of and respect for international law. European countries must put pressures on Morocco to have it respect the commitments it contracted when it accepted both the 1991 UN Peace Plan and the 1997 Houston Accords. But to demand that the EU should do "something" is simply not good enough. It could make a bad situation even worse: over the past few months, we have seen the increasing drift to the righ and even far-right of Europe. We are also confronted every day to the fact that the EU has no common foreign policy. Therefore, we must demand very specific things from the EU about Western Sahara: in this way, there will be less space for the underhanded manuvres of the European countries who try to maintain the present status-quo in the name of the vested interests they have in Morocco.
As a conclusion, I would like to underline two points that are of special importance:
The first one is the role of the Saharawi women in the liberation of their country. My party, called in Sweden "The Left Party", is investing a lot of money and efforts into democratic development and the promotion of women- particularly Saharawi women: they are the ones who have impressed me and moved me the most. Yet there are too few Saharawi women at all levels of the Saharawi political life. It is my personal wish to see many more of them active in key ministerial posts, and contribute actively to real high level negociations.
The second and last point I wish to stress is the role in general of the Saharawi youth- these young women and men must be present in the broader debates of the 21st century: when are we going to see and hear them at the great gathering of Porto Allegre and the other broad forums on globalisation? The young Saharawi women and men are those who have to carry on both the struggle for their right to self-determination and contribute to the debates of their time. It is them who will carry on building the Saharawi nation just as the founders of the Polisario Front did in their days, combining the same courage, integrity, and spirit of innovation.
prononcé à la
Première conférence algéro-européenne de solidarité avec le peuple sahraoui.
par
Marianne
Eriksson, députée au Parlement européen,
Suède,
Membre de l'Intergroupe Paix pour le peuple
sahraoui
Alger, 28-29 juin 2002
C'est un grand plaisir pour moi d'être aujourd'hui avec vous tous à Alger: en tant que parlementaire européenne et membre de l'intergroupe "Paix pour le peuple sahraoui", je souhaite aussi exprimer la solidarité que les pays scandinaves ont depuis longtemps avec les sahraouis.
Vous serez sans doute surpris de découvrir que les liens entre la Suède et cette partie du monde sont bien plus anciens qu'il ne semble à première vue: c'est en 1641 que le premier consul de Suède s'installa ici, à Alger- l'histoire raconte qu'à cette époque, ses fonctions se résumaient à sortir de prison les marins suédois qui avaient omis de payer leurs taxes aux autorités locales!
Quelques siècles plus tard, la Suède était de retour dans la région: cette fois-ci, c'était dans le contexte tragique de l'invasion du Sahara Occidental par le Maroc en 1975: avec le travail de l'organisation "Emmaus Bgorka", la Suède a été un des premiers pays à venir en aide aux réfugiés sahraouis.
Les questions humanitaires étant prioritaires pour la Suède, nous sommes extrêmement satisfaits de la décision prise il y a quelques jours par le Front Polisario de libérer 100 prisonniers de guerre marocains, faisant ainsi un geste de bonne volonté: cette décision va dans une bonne direction: celle du respect des Conventions de Genève- c'est à dire du droit international humanitaire- et de la mise en place d'un climat de confiance. Il est évident aussi que la libération de TOUS les prisonniers de guerre marocains contribuera à ces effets positifs: après plus de vingt ans passés en détention, même les prisonniers ont le droit à la retraite! De même, il est important de savoir que Amnesty International vient de commencer un voyage de 2 semaines au Maroc et dans les territoires occupés du Sahara Occidental afin d'enquêter et de clarifier la disparition de centaines de sahraouis entre les années 60 et 90: la vérité est l'autre moyen indispensable pour établir un climat de confiance, et dans ce cas, c'est au autorités marocaines de l'assumer.
La priorité de la Suède étant le respect du droit international, je dois aussi souligner en tant que parlementaire européenne, que SEULE l'application stricte et rapide du Plan de paix de l'ONU de 1991 en vue de la tenue du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui qui amènera une solution juste, pacifique, et durable, au conflit du Sahara Occidental.
Cela m'amène à un autre sujet: celui du rôle de l'Union Européenne vis à vis du Sahara Occidental:
Au cours de mon travail en tant que membre de la délégation Ad'Hoc du parlement européen ayant voyagé à Tindouf, El Ayoun, et Rabat, j'ai souvent entendu dire que l'UE "doit faire quelquechose". Personnellement, je pense qu'il est important que les gens demandent des choses spécifiques et très claires à l'Europe: l'Union Européenne doit soutenir les Nations Unies dans la stricte application et le respect du droit international. l'Union Européenne doit exercer des pressions sur le Maroc afin de l'amener à respecter les engagements contractés lorsque ce pays a accepté le Plan de paix de l'ONU de 1991 et les accords de Houston de 1997. Mais demander vaguement que l'Europe fasse "quelque chose" ne sert à rien. Cela pourrait empirer la situation: au cours des derniers mois, nous avons vu le glissement croissant des pays européens vers la droite et l'extrême droite. Et chaque jour, nous sommes aussi confrontés au fait que l'Union Européenne n'a aucune politique étrangère commune. Nous devons donc demander des choses très spécifiques à l'Europe lorsqu'il s'agit du Sahara Occidental: en agissant ainsi, les pays européens qui tentent de maintenir le statu quo actuel au nom de leurs intérêts au Maroc auront une marge de manuvre infiniment plus réduite.
En conclusion, j'aimerais souligner deux points particulièrement importants:
Le premier concerne le rôle des femmes sahraouies dans la libération de leur pays. Mon parti politique, qui s'appelle en Suède "Le parti de gauche", investit beaucoup d'argent et d'efforts dans le développement démocratique et la promotion des femmes- particulièrement des femmes sahraouies: ce sont elles qui m'ont le plus impressionnée et émue. Et pourtant, il y a trop peu de femmes sahraouies présentes aux différents échelons de la vie politique sahraouie. Mon vux le plus cher est de voir bien plus de femmes sahraouies nommées à des postes ministériels importants, et contribuer activement à de véritables négociations de haut niveau.
Le second et dernier point que j'aimerais souligner concerne le rôle de la jeunesse sahraouie en général: ces jeunes femmes et hommes doivent être présents dans les grands débats du 21ème siècle: quand allons-nous les voir et les entendre participer aux grandes réunions de Porto Allegre et autres forums de débat sur la globalisation? Les jeunes femmes et hommes sahraouis sont ceux qui vont devoir continuer tout à la fois la lutte pour leur droit à l'autodétermination et contribuer aux débats de leur temps- ce sont eux qui continueront à construire la nation sahraouie, tout comme les fondateurs du Front Polisario l'ont fait à leur époque, mêlant de la même façon courage, intégrité, et esprit d'innovation.