COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Observatoire des Ressources du Sahara Occidental
Western Sahara Resource Watch (WSRW)

28 avril 2005

 

Premier mai, échéance pour le renouvellement du contrat de Kerr-McGee au Sahara Occidental : des activistes de 20 pays invitent la compagnie à se retirer.

Le contrat entre la compagnie pétrolière nord-américaine Kerr-McGee (KMG) et le gouvernement du Maroc portant sur la recherche de pétrole au large des côtes du Sahara Occidental occupé expire le 1er mai.

Une coalition internationale d'activistes des droits de l'homme et de militants pour la justice regroupant une vingtaine d'organisations de quatre continents s'est jointe au peuple sahraoui pour appeler instamment cette entreprise à ne pas renouveler le contrat et cesser ses activités dans le territoire.

Le Sahara Occidental, dernière colonie d'Afrique, est occupé illégalement par le Maroc (pour plus de détails voir les notes ci-dessous). L'Observatoire des Ressources du Sahara Occidental (Western Sahara Resource Watch - WSRW) a contacté des centaines d'actionnaires de Kerr-McGee ainsi qu'une trentaine de bureaux-conseil d'investissements éthiques pour leur montrer en quoi les activités de Kerr-McGee sont incompatibles avec une gestion d'entreprise socialement responsable et le droit international.

La coalition a été créée afin de poursuivre les actions antérieures de ses membres couronnées de succès, notamment en ce qui concerne les compagnies séismiques TGS-NOPEC de Norvège et Fugro de Hollande. Ces compagnies ont quitté le Sahara Occidental (pour plus d'information voir sur le site Web d'arso)

En novembre dernier, la compagnie pétrolière française Total a cessé ses activités au Sahara Occidental, probablement suite à la campagne internationale menée conjointement par l'Observatoire des Ressources du Sahara Occidental et le Front Polisario. De ce fait Kerr-McGee est restée la seule compagnie étrangère à oeuvrer encore sur place. Un important actionnaire - le gestionnaire norvégien de fonds de placements Skagenfondene s'est déjà débarrassé de ses 100.000 actions Kerr-McGee, au prix d'une perte de deux millions de dollars. Il a considéré que le placement était trop risqué vu l'image négative de Kerr-McGee. Actuellement le fonds norvégien du pétrole, appartenant à l'Etat norvégien, envisage de vendre ses participations estimées à plus de 31 millions de dollars.

Et après ?

Les activistes espèrent que le 1er mai Kerr-McGee se retirera du Sahara Occidental. Ce qui signifierait que la compagnie place le processus de paix de l'ONU et les droits des Sahraouis au-dessus d'un profit immédiat obtenu à la faveur de l'occupation marocaine.

"Mais si ce n'est pas le cas", annonce Erik Hagen, coordinateur international de l'Observatoire des Ressources du Sahara Occidental, "nous continuerons aussi longtemps que nécessaire. Le pillage des hydrocarbures du Sahara Occidental par le Maroc est immoral et illégal. Le contrat a déjà contribué augmenter la tension dans ce conflit. Depuis que KMG a signé le contrat de reconnaissance avec le Maroc en 2001, le Maroc a passé de l'approbation des plans de paix élaborés par l'ONU à un refus pur et simple . Il existe des voies de droit bien précises à entreprendre et nous invitons fermement KMG de ne pas reconduire le contrat. Nous sommes certains que les mesures que nous envisageons conduiront KMG à se retirer en tant que dernière compagnie pétrolière opérant encore au Sahara Occidental. La question sera seulement comment et quand."

Pour contact et plus d'information:


Notes

Le Sahara Occidental, dernière colonie d'Afrique

Le Maroc a envahi le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole, en novembre 1975, en violation d'un jugement de la Cour Internationale de Justice stipulant que le peuple sahraoui devrait se prononcer sur son futur. Le Maroc occupe actuellement 80% du territoire.  Un processus de paix de l'ONU est actuellement bloqué par le refus du Maroc d'accepter toute solution qui ne garantirait pas sa souveraineté sur le territoire.  En automne 2001, le Maroc a attribué des contrats de reconnaissance pétrolière à Kerr Mc-Gee et Total. En février 2002, le Sous-Secrétaire-Général de l'ONU pour les affaires juridiques, Hans Corell, a déclaré que l'exploitation de pétrole sans le consentement des Sahraouis serait illégale. Il a aussi relevé le statut du Sahara Occidental, territoire de non-autonome c.-à-d. une colonie, la dernière en Afrique.

Aucun pays ne reconnait la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Le mouvement de libération sahraoui Front Polisario, qui a constitué un gouvernement en exil qui est membre de l'Union africaine et reconnu par 70 pays dont l'Afrique du sud, a sévèrement condamné le contrat avec Kerr-McGee. Malgré les risques de représailles encourus de la part des forces de sécurité marocaines, les activistes sahraouis vivant sous occupation marocaine ont également invité Kerr-McGee à se retirer.  Des organisations comme Amnesty International, Freedom House, Human Rights Watch et le Département d'Etat des USA ont fortement critiqué la situation des droits de l'homme au Sahara Occidental et l'attitude des autorités marocaines en la matière.

En plus de la recherche de pétrole, le Maroc s'est fortement engagé dans l'industrie de la pêche et l'exploitation des phosphates du territoire occupé. L'Observatoire des Ressources du Sahara Occidental, coalition récemment créée par 20 organisations de 20 pays sur 4 continents, s'oppose au pillage illégal et immoral de ce territoire.


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