APPEL A L'OPINION PUBLIQUE

L'organisation Française " France-Libertés " a diffusé récemment un rapport sur la situation des prisonniers de guerre marocains capturés par le Front POLISARIO. Si " France-Libertés ", connue pour ses positions courageuses contre les violations des droits de l'homme, a brandi le slogan de la libération des prisonniers de guerre marocains, conformément au droit international humanitaire, une telle demande ne peut qu'être appuyée et soutenue par l'ensemble des défenseurs des droits de l'homme.

Mais ce qui est étonnant, surprenant même, c'est que " France-Libertés " essaye d'imposer sa demande à travers un rapport qui manque de tout professionnalisme et outre passe, dans sa conclusion et recommandation, l'objectif que s'est fixé le rapport lui-même: " se rendre compte de la situation de détention des prisonniers de guerre marocains aux mains du Front POLISARIO ".

Ce rapport s'est basé principalement la technique du témoignage: 338 sur 700 prisonniers de guerre ont été auditionnés. Cette méthode est généralement utilisée par les commissions d'enquête mais elle a toujours montré ses limites si les facteurs du temps, du lieu et l'impartialité ne sont pas rigoureusement respectés. Le rapport de " France-Libertés" souffre cruellement du non respect de tels facteurs ; le rapport essaye de se rattraper en disant que la majorité des prisonniers ne se rappelle pas des noms ni des dates à cause de la longueur des années de détentions. Cela ne justifie aucunement les contradictions flagrantes relevées tout au long du rapport et dont nous citons :

1- Page 15 du rapport : selon les témoignages, certains prisonniers ont été libérés en contre partie de sommes d'argent versées par leurs familles au Front POLISARIO ou contre un travail effectué au profit du Front.

2- Page 17 : les familles des prisonniers ont vécu dans une situation matérielle misérable depuis la capture de leurs fils. Ici l'on s'interroge : comment des familles vivant dans un état profondément misérable peuvent-elles payer d'importantes sommes d'argent pour pouvoir libérer un de leurs prisonniers ?.

3- Page 16 : le rapport écrit que "les réfugiés sahraouis traitent les prisonniers avec pardon et humilité " reconnaissent les prisonniers eux-mêmes. Mais à la page 22 : le rapport fait une volte face et dit : " les prisonniers font face à des mauvais traitements tels que les injures, les crachats et les coups " de la part des réfugiés.

4- Page 35 : le rapport écrit qu'à la prison Rachid, l'on enterre chaque nuit entre 2 à 3 prisonniers jusqu'à 1998. Si l'on admet cette assertion, le nombre des prisonniers de guerre marocains enterrés à Rachid, entre 1982 et 1998, serait alors de 11.680 morts, alors que le nombre total des prisonniers marocains ne dépasse pas les 2000 comme notifié au Comité International de la Croix Rouge.

Des témoignages comme ceux-ci mutilés par des contradictions si criantes, ne peuvent en aucun cas, servir de base crédible pour arriver à la conclusion générale à laquelle le rapport est parvenu, notamment la cessation par "France-Libertés" de tout projet de développement au profit des réfugiés sahraouis.

Nous, en tant qu'activistes des droits de l'homme, comprenons la demande de " France-Libertés " visant à améliorer l'état de détention des prisonniers de guerre marocains et la poursuite de son aide matérielle et morale aux réfugiés sahraouis, mais que cette organisation exerce, au nom du droit humanitaire international, des sanctions contre une partie du peuple sahraoui, contrainte de subir un exil difficile dans des conditions climatiques infra humains, tendant à arrêter ses aides et en appelant les autres organisations humanitaires à suivre son exemple, une telle démarche appelle de notre part plus d'une question : En agissant de cette manière, " France-libertés " n'épouse-t-elle pas la position du roi du Maroc Hassan II qui déclarait, au début du conflit, qu' " il suffisait d'affamer les réfugiés sahraouis pour qu'ils reviennent " (sous l'occupation marocaine).

Nous amis de " France-Libertés", par une telle attitude ne participent-ils pas, consciemment ou ni consciemment, aux pressions qu'on exerce de toutes parts aujourd'hui contre le peuple sahraoui pour accepter telle ou telle solution ?.

Les aides humanitaires, d'où qu'elles viennent, sont le fruit d'actes humanitaires sublimes obéissant à un devoir humain à l'égard d'êtres, d'un ensemble d'êtres ou de peuples qui se trouvent dans un extrême besoin. Ces aides constituent donc l'un des aspects de la solidarité humaine et ne doivent pas être conditionnées ou se transformaient, sous aucun prétexte, en moyens de pression, de chantage ou de coertions.

Nous, en tant qu'activistes des droits de l'homme, exprimons notre déception et celle des familles des séquestrés et disparus sahraouis à l'égard du contenu du rapport de " France-Libertés " pour la légèreté, l'incohérence et l'irresponsabilité avec lesquelles il a traité les souffrances humaines que vivent ces familles depuis plus de 27 ans et sur lesquelles la mission conjointe de " France-Libertés " et l'Association française d'Amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA) au Sahara Occidental (28 Octobre &endash;5 Novembre 2002) a pu mesurer une partie de ces souffrances.

Au lieu de demander aux Nations Unies l'envoi d'une mission d'enquête sur les conditions de détention des prisonniers de guerre marocains aux mains du Front POLISARIO, le rapport conclut, de manière insidieuse et en utilisant l'amalgame, qu'il faut demander au Maroc et au Front POLISARIO de donner des clarification quant aux conditions des disparitions forcées des victimes du conflits, aussi bien sahraouies que marocaines.

Nous rappelons aux amis de " France-Libertés " que les aspects des disparitions forcées qu'a connus le conflit au Sahara Occidental ne concernent que les seuls sahraouis comme s'est consigné auprès du groupe de travail des Nations Unies et auprès d'organisation de défense des droits de l'homme à la tête desquelles se trouve " Amnesty International ".

Dés lors, il serait inhumain, irresponsable et malséant que la cause des sahraouis soit ainsi malmenée de cette manière dans le rapport de " France-Libertés ". Il était du devoir du rapport de " France-Libertés " de demander la constitution d'une commission d'enquête des Nations Unies sur les conditions de disparitions forcées des centaines de sahraouis opérées par les divers services de sécurité marocains depuis 1976, d'exercer des pression dans le sens de la fin des souffrances des dizaines de familles sahraouies et d'exiger la poursuite et le jugement des responsables marocains auteurs d'enlèvements et de tortures. Tel devait être l'action prioritaire dans l'agenda des Nations Unies et non une enquête sur les conditions de détentions de prisonniers de guerre marocains aux mains du Front POLSAIRIO.

Aaiun, le 10 Septembre _2003

Les activistes des Droits de l'homme sahraouis et les familles des séquestrés et disparus sahraouis.


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