Intervention auprès de la 4ème commission de l'assemblée générale des Nations Unies, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.
New York, 9 – 10 October 2007

Alain Dauger,
Association des Amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique
Comité Limousin de Solidarité avec le Peuple Sahraoui

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Délégués,

Je souhaite vous remercier d'avoir bien voulu me permettre d'évoquer devant vous la situation du Sahara Occidental et du peuple sahraoui. C'est en tant que président d'une association régionale française de solidarité et membre de l'Association des Amis de la République Arabe Sahraouie Démocratique, créée à Paris le 27 février 1976, que j'ai l'honneur de m'adresser à vous.
Des militants français épris de Liberté et de Justice m'ont confié cette mission, et je tiens tout d'abord à saluer avec émotion le rôle historique de votre commission chargée des questions de décolonisation.
A ce titre, la situation qui est celle du Sahara Occidental aujourd'hui constitue un défi pour l'Organisation des Nations Unies qui ne saurait accepter plus longtemps que les droits élémentaires d'un peuple continuent à être bafoués, foulés au pied avec la complaisance coupable des nations responsables.
En effet, le Sahara Occidental est un pays dont le peuple s'est vu confisquer ses libertés et ses droits. Au premier rang de ces droits, le droit inaliénable à l'autodétermination, gravé dans toutes les chartes internationales, lui a été enlevé par une invasion militaire.
La puissance occupante, la royauté marocaine, a multiplié depuis plus de trente ans, jusqu'à la nausée, tous les moyens et tous les arguments pour se justifier, des plus condamnables aux plus cyniques. Mais n'y revenons pas puisqu'elle n'a réussi à convaincre personne. Aucune nation, à notre connaissance, ne reconnaît aujourd'hui la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Le peuple sahraoui est la victime de cette situation. Coupé en deux par la guerre, une partie survit dans des camps de réfugiés, l'autre subit dans les territoires sous occupation une répression féroce.
Je connais personnellement la situation dans les campements de réfugiés. Notre association a construit et entretient dans l'un des camps une classe d'enseignement de la langue française et une bibliothèque francophone que je visite deux fois par an. Sans autre ressource que l'assistance internationale, la population civile exilée subit de sévères carences alimentaires, avec l'habituel cortège de conséquences sanitaires qui atteignent principalement les groupes les plus fragiles, jeunes enfants, femmes enceintes, vieillards. Pendant ce temps, les ressources naturelles de leur territoire légitime sont pillées par la puissance coloniale, de manière illégale, mais impunie.
J'ai reçu et écouté Madame Aminatou Haidar, pacifique défenseure des droits de l'homme bien connue, et j'ai lu attentivement les rapports des grandes organisations internationales de défense des Droits de l'Homme et de lutte contre la torture. Dans les territoires sous occupation, les forces  marocaines s'emploient par tous les moyens à intimider les populations civiles sahraouies et à étouffer les militants des droits de l'homme qui revendiquent et manifestent pacifiquement. Arrestations arbitraires, procès inéquitables, pratique récurrente de la torture et des traitements inhumains ou dégradants, disparitions et incitation des jeunes sahraouis contestataires à l'émigration illégale, ont pris des proportions effrayantes.
Cette réalité est dissimulée à la presse, où les journalistes sont sous contrôle et punis s'ils passent outre. Les délégations étrangères sont étroitement encadrées lorsqu'elles ne sont pas interdites. Les observateurs politiques sont éconduits. Ces faits sont avérés, vérifiables.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Délégués,
•    Puisque ce peuple ne revendique aucun droit qui ne soit le sien, reconnu indiscutablement par la communauté internationale,
•    puisque ce peuple a démontré son respect de la légalité en refusant depuis toujours toute forme de terrorisme et en libérant les prisonniers de guerre qu'il détenait,
•    puisque ce peuple a fait la preuve, avec son représentant le Front Polisario, de sa capacité à s'organiser et à structurer solidement ses institutions tournées vers un avenir pacifique, privilégiant le développement, la formation de ses enfants et le droit des femmes,
•    puisque ce peuple a fait la preuve de sa patience et de sa détermination à résoudre la crise dans le respect des accords signés et dans le respect des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, y compris récemment dans le cadre des négociations entamées à Manhasset,
en tant que pétitionnaire, je vous demande humblement de bien vouloir recommander à l'Assemblée Générale de tout mettre en œuvre
•    pour ne pas permettre que la question du Sahara Occidental soit étouffée dans le silence et l'indifférence,
•    pour que cette situation coloniale soit reconnue, notamment par l'attribution aux populations locales du produit de l'exploitation des ressources naturelles de leur territoire, et résolue par l'organisation du referendum d'autodétermination promis, dans la régularité et la transparence,
•    pour que les populations sahraouies soient protégées efficacement, sous contrôle international, afin que soient respectés d'une part, leurs droits de réfugiés à recevoir toute l'aide indispensable à leurs besoins élémentaires et d'autre part, leurs droits humains à s'exprimer et revendiquer librement, jusqu'à ce qu'une solution acceptée et conforme à la légalité internationale soit établie,
à seule fin, mais impérative, de faire prévaloir les principes fondateurs de la Charte des Nations Unies.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.


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