Un convoi humanitaire parti d'Espagne est arrivé le 16.05. dans les camps de réfugiés. Ce convoi suivait un premier arrivé début mai apportant nourriture, couvertures, médicaments, jouets, etc. Des associations de solidarité cubaine et suédoise s'étaient associés cette année à la caravane.
18.05.96
Le secrétaire général du Polisario Mohamed Abdelaziz a estimé, dans un message adressé à la communauté internationale, que la reprise des hostilité était "probable" et "imminente" au Sahara Occidental. "La perspective du désengagement de la MINURSO, aggravée par les provocation marocaines, rend probable et imminente la reprise des hostilités", a-t-il averti. M.Abdelaziz a ajouté que "l'ONU, dont la crédibilité est en jeu, doit faire preuve d'autorité et de fermeté" envers le Maroc, accusé d'être à l'origine de l'échec du processus de paix.
19.05.96
Déclaration de M. Fadel Ismaïl, représentant du
Front Polisario en France.
Le représentant du Front Polisario à Paris "émet toutes ses réserves quant à la tournure étrange que prend actuellement le travail des Nations Unies au Sahara occidental". M. Fadel Ismael se pose la question de la légitimité de la MINURSO, si celle-ci n'a plus d'autre rôle que "d'empêcher le combat du peuple sahraoui pour la libération de son territoire" et si elle est devenue "l'instrument d'une tentative délibérée de légitimer l'occupation marocaine du Sahara occidental". "Nous rejettons résolument la proposition contenue dans le dernier rapport" de Boutros-Ghali, a-t-il ajouté.
M. Fadel Ismael a d'autre part affirmé que "l'armée marocaine s'apprête à lancer une vaste offensive au Sahara occidental". Citant des "informations sûres" il a ajouté que "dès son retour de Paris le roi du Maroc aurait donné l'ordre à l'état-major de ses forces armées de se préparer à attaquer les unités de l'armée de libération sahraouie". "Les informations que nous avons en provenance du Sahara occidental corroborent cette information. Elles indiquent que les positions militaires avancées ainsi que les installations de l'armée marocaine au sud du Maroc (Tantan, Zak, Abattih, etc.) ont été dernièrement renforcée en hommes et en armement de tout type".
Selon M. Fadel Ismael les permissionnaires et les réservistes ont été rappelés ainsi que les éléments des anciennes unités sahraouies de l'armée marocaine. "Des mesures de sécurité ont été prises dans toute la région, les vols de reconnaissance de l'aviation marocaine le long du mur de défense ont été intensifiés ces derniers jours et l'alerte générale décrétée sur tous les fronts".
Le Front Polisario lance un appel urgent au Conseil de sécurité "pour intervenir afin de conjurer l'irréparable et de sauver les espoirs de paix dans la région".
22.05.96
"Déclaration pour la paix au Sahara"
Une "Déclaration pour la paix au Sahara" a été approuvée par le parlement autonome des Iles Canaries. Proposée sous forme de résolution par 4 fractions parlementaires cette déclaration renouvelle son appui politique à la juste cause du Peuple Sahraoui, exige la reprise de l'opération d'identification par la MINURSO en présence d'observateurs internationaux, demande aux deux parties de négocier directement, demande au Conseil de sécurité et à l'Union européenne de faire en sorte d'éviter l'échec du plan de paix et au gouvernement espagnol de faire de la question du Sahara une priorité de sa politique extérieure.
23.05.96
C'est mardi 29.05. que le Conseil de sécurité examinera le projet de résolution (encore sous embargo) qui ne fait que reprendre les propositions de Boutros-Ghali.
23.05.96
L'OUA, coauteur du plan de paix, à propos du rapport
Boutros-Ghali
Dans une lettre adressée à M. Boutros-Ghali et au président en exercice du Conseil de sécurité le président et le secrétaire général de l'OUA constatent que "tout relâchement des efforts des Nations unies dans la mise en place du plan de paix pourrait compliquer à l'avenir l'impasse actuelle".
La lettre ajoute: "Nous croyons qu'il est important que les Nations unies restent activement impliquées dans la poursuite du règlement de ce conflit. Nous croyons fermement que les Nations unies devraient continuer à poursuivre leurs efforts visant à la mise en place du plan de paix avec un engagement renouvelé et un nouveau dynamisme. Nous estimons que les efforts futurs doivent porter sur la reprise rapide du processus d'identification. Il est important, dans cette optique, de faire tout ce qui est possible afin d'encourager le dialogue direct entre les deux parties".
"C'est notre espoir le plus sérieux que le Conseil de sécurité s'assurera que rien ne sera fait qui pourrait compromettre le processus de mise en place du plan de paix. Nous espérons que des efforts seront faits afin de créer les conditions nécessaires pour une reprise rapide du processus d'identification dans des conditions de transparence et en conformité avec les clauses du plan de paix, tout en s'assurant que le cessez-le-feu continuera d'être respecté par les deux parties".
La lettre conclut: "L'OUA réaffirme son engagement à soutenir les efforts de l'ONU et à travailler étroitement avec elle à la mise en place du plan de paix. Nous croyons que c'est dans l'intérêt des deux parties ainsi que dans celui de la région et de tout le continent".
23.05.96
Western Sahara Campaign UK: "Le plan des Nations unies: de l'impasse
à la faillite"
L'association de solidarité anglaise termine sa une longue étude de la situation actuelle par les remarques suivantes:
1. L'occupation du Sahara par le Maroc est et demeure illégale.
2. La faillite de la MINURSO est une grave déconvenue de l'ONU, la première depuis la fin de la guerre froide. Si l'ONU ne peut résoudre un conflit tel que celui du Sahara, que faut-il en espérer pour la solution d'autres conflits bien plus complexes ?
3. L'ONU n'a pas tenu les promesses faites au peuple sahraoui. Si l'ONU ne peut défendre le faible contre le fort elle n'a que peu de raisons d'exister. C'est elle et ses membres importants qui seront responsables d'une éventuelle reprise des hostilités.
4. Si le Polisario décide de reprendre le combat, ce sera parfaitement justifié.
5. WSC soutiendra pleinement toute action militaire du Polisario.La seule alternative est la négociation directe. Le minimum que l'ONU pourrait faire actuellement est de faire pression sur le Maroc pour qu'il négocie avec le Polisario.
6. La MINURSO a été contrôlée complètement par la puissance occupante. Quatre années et 250 millions de $ ont été perdus sans que le peuple sahraoui ne soit plus avancé dans la concrétisation de son droit à l'autodétermination.
7. Le seul vainqueur c'est le Maroc, qui va continuer sa politique de répression envers la population civile.
En conclusion, WSC n'est pas optimiste. Les grandes puissances n'exercent pas de pressions suffisantes sur le Maroc. Le seul espoir c'est une nouvelle initiative, qui consisterait à favoriser des négociations directes. Une telle perspective pourrait amener une solution du conflit beaucoup plus rapidement qu'une opération de l'ONU qui stagne et est dénuée de sens.