Depuis quelques semaines des mouvements de troupes marocaines sont
signalés à l'intérieur du Sahara occidental. Le
Ministre précise, aujourd'hui, qu'il s'agit de renforcement
de différentes unités, particulirement celles des
sous-secteurs du nord-est, en m matériel et en hommes, en
provenance du territoire marocain.
Une telle action, outre la violation flagrante qu'elle constitue pour
le cessez-le-feu, est une provocation gravissime à un moment
où le Maroc bloque le processus d'identification pour imposer
aux Nations unies une liste supplémentaire de 100'000
Marocains, en plus des citoyens marocains déjà
implantés dans le territoire.
L'intention déclarée du Roi Hassan II de se rendre,
durant le mois de novembre, dans les territoires occupés du
Sahara occidental, complte le tableau et montre, une fois de plus,
les intentions belliqueuses du Maroc et son mépris des
décisions de la Communauté internationale et
singuliremenbt du Conseil de sécurité en faveur d'un
référendum d'autodétermination libre et juste du
peuple du Sahara occidental.
Les desseins du Maroc sont clairs: Non au référendum
d'autodétermination, Non à l'arbitrage du
Secrétaire général de l'ONU et du Conseil de
sécurité... La seule politique qui vaille est la
consolidation du fait accompli, le déni des droits du peuple
sahraoui, même au prix de la déstabilisation de toute la
région.
Le Front POLISARIO, conscient des conséquences fâcheuses
pour les efforts de paix en cours qui peuvent résulter des
initiatives inacceptables des autorités marocaines, appelle le
Secrétaire général de l'ONU et le Conseil de
sécurité à intervenir pour mettre un terme
à cette escalade et demander au Roi du Maroc de s'abstenir
d'entreprendre toute action ou initiative qui peut contribuer
à saper l'oeuvre de paix entamée.
Le Front POLISARIO, enfin, ne peut rester les bras croisés
devant les provocations marocaines et partant se réserve le
droit de riposter si le Maroc persévre dans sa politique de
fuite en avant.
Le Président Mohamed Abdelaziz, Président de la RASD, Secrétaire général du Front POLISARIO, a adressé la lettre ci-dessous, ayant trait à la visite annoncée du Roi du Maroc à El-Aaiun occupé le 6 novembre prochain, aux Secrétaires généraux de l'ONU et de l'OUA, au Président et aux membres du Conseil de Sécurité:
"Le Roi du Maroc, par la voix de son Ministre de
l'Intérieur, vient d'annoncer son dessein de visiter au mois
de novembre les territoires occupés du Sahara occidental.
Dans le prolongement de son action préméditée de
dépouiller le plan de rglement, de le fragiliser, le Maroc
tente aujourd'hui de forcer la main à l'ONU en lui imposant
une liste supplémentaire de 100'000 citoyens marocains, en sus
des vagues de Marocains déjà implantés dans les
territoires qu'il occupe.
De même qu'il essaie de réduire au silence les
populations sahraouies qui y vivent par un systme de terreur et de
répression impitoyable... Et maintenant le Roi entend franchir
un pas supplémentaire dans l'escalade par sa décision
de se rendre dans les territoires occupés.
Ce, au moment même où l'ONU est présente sur le
terrain à travers la MINURSO, et alors que la
Communauté internationale est engagée dans
l'opération de paix au Sahara occidental.
Cette attitude du Maroc dénote le peu de cas qu'éprouve
le Maroc à l'égard de l'ONU et vis-à-vis de la
Communauté internationale en général.
Si le Roi du Maroc vient à mettre à exécution
son projet, cela constituerait un acte de guerre qui pourrait
réduire à néant tous les efforts entrepris
jusqu'ici dans le cadre de la mise en application du plan de
rglement
Il s'agira ni plus ni moins d'un prélude à la reprise
des hostilités. Pour conjurer les démons de la guerre,
pour éviter aux peuples sahraoui et marocain, à la
région et surtout aux efforts en cours, le pire, il serait de
la plus grande urgence d'exiger du Roi l'abandon de son projet, de
surseoir à sa décision.
Encore une fois l'ONU et surtout le Conseil de sécurité
laisseront-ils faire, sous peine d'entacher leur
crédibilité... L'action du Maroc au Sahara occidental
constitue un défi, une atteinte à leur
autorité.
Le Gouvernement sahraoui, le Front POLISARIO pour ce qui les
concernent veulent alerter l'opinion internationale et mettent en
garde contre les agissements du Maroc qui sapent l'oeuvre de paix
déjà entamée.
Ils ne permettront pas que les desseins d'occupation, de
consécration du fait accompli puissent être poursuivis
dans l'impunité. Ils se réservent le droit de riposter
à la politique d'annexion et de répression. Lorsque la
force prime sur le droit, celle-ci ne peut rester l'apanage du seul
Maroc. Le peuple sahraoui défendra mordicus sa dignité
, ses droits.
L'ONU, son Conseil de sécurité qui sont investis de la
mission de protéger la légalité, de
défendre le droit au Sahara occidental, se doivent d'agir avec
fermeté et diligence auprs du Maroc pour le contraindre
à respecter la légalité et à se conformer
à la volonté de la Communauté internationale.
Sachant votre attachement à une solution pacifique, juste et
durable du conflit du Sahara occidental, nous pourrons compter sur
vous, et vous prions d'agréer l'expression de nos sentiments
distingués."
A l'occasion de la 50me session de l'Assemblée générale de l'ONU, la cause du peuple sahraoui continue de soulever l'attention de la communauté internationale.
Au Conseil de sécurité: Celui-ci a examiné le 6.10. les derniers développements du processus de paix au Sahara occidental. Plusieurs membres du Conseil ont, à cette occasion, demané des clarifications au Secrétariat général de l'ONU, représenté à cette réunion par le Conseiller politique du Dr Boutros-Ghali, suite à la publication du rapport de l'organisation américaine "Human Rights Watch".
A l'Assemblée générale: plusieurs pays ont exprimné leur préoccupation quant aux obstacles érigés par le Maroc devant l'application du plan de rglement qui prévoit la tenue d'un référendum juste et régulier au Sahara occidental.
Ainsi, en plus de l'Algérie, l'Union Européenne,
l'Argentine, l'Angola, le Paraguay, le Mali et l'Afrique du Sud, le
Ministre des Affaires étrangres du Malawi a
déclaré en plénires de cette
assemblée:
"Le Gouvernement du Malawi est préoccupé par la lenteur du processus d'identification des votants au Sahara occidental. Nous apprécions les efforts des Nations unies pour proroger (le mandat) de la MINURSO comme un signe d'engagement authentique en vue de résoudre ce long conflit. On doit cependant noter que sans la volonté des principales parties au conflit, les efforts en cours resteront vains. Nous appelons par conséquence le gouvernement du Royaume du Maroc d'octroyer la liberté à la Mission des Nations unies dans cette opération pour que la date limite de janvier 1996 pour la tenue d'un référendum soit respectée."
Pour sa part le Ministre namibien des Affaires étrangres a
déclaré que "la décolonisation de l'Afrique
n'est pas encore achevée. La Namibie soutient l'exercice dans
les meilleurs délais par le peuple sahraoui de son droit
à l'autodétermination sur la base d'un
référendum libre, transparent et impartial sous la
supervision conjointe de l'ONU et de l'OUA."
D'un autre côté, et en marge des travaux de cette
session de l'Assemblée générale, la
délégation sahraouie, conduite par M. Mohamed Salem
ould Salek, Ministre conseiller à la Présidence de la
RASD, poursuit ses rencontres avec les chefs des
délégations présentes à cette session,
parmi lesquels la Namibie, le Mozambique, le Lesotho, Sao Tomé
et Principe, l'Egypte.
A signaler enfin, que la Quatrime Commission de l'Assemblée
entamera le 9.10.1995 ses débats sur les questions de
décolonisation dont celle du Sahara occidental, qui sera
examinée en profondeur par cette commission.