DECLARATION DE M. MOHAMED SIDATI, MINISTRE CONSEILLER ET MEMBRE DU SECRETARIAT NATIONAL DU FRONT POLISARIO, DEVANT L'INTERGROUPE «PAIX POUR LE PEUPLE SAHRAOUI»

Au moment où l'ONU adopte une résolution on ne peut plus claire, qui réaffirme son soutien entier au plan de paix et à la mise en oeuvre d'un référendum d'autodétermination libre et démocratique pour le peuple sahraoui, confirmant le consensus sur la seule voie qui permettra de résoudre le conflit de manière pacifique, plusieurs choses sont à souligner:

Tout d'abord, il s'agit là d'un développement important pour le peuple sahraoui, victime dans sa chair et dans sa dignité de l'agression marocaine. C'est aussi là un camouflet pour le Maroc et ceux qui se sont joints à lui, et qui veulent substituer l'injustice au droit. Le tintamarre et les supputations sur une hypothétique alternative au plan de paix de l'ONU, ne sont que des tentatives visant à consacrer l'injustice - des manoeuvres d'autant plus dangereuses et irresponsables que ceux qui les envisagent préfèrent ignorer les conséquences dévastatrices qu'elles peuvent avoir sur la paix et la stabilité de la région, ainsi que sur les relations euro-maghrébines, voire euro-africaines. Car le fait est que toute solution qui ne s'inscrit pas dans le strict contexte du plan de paix des Nations unies constitue une impasse dangereuse, comme l'a mis en évidence la réunion entre le Front Polisario et le Maroc, la semaine dernière à Berlin.

Une fois de plus, le F. Polisario s'est réuni sous les auspices de M. James Baker, envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, avec une délégation marocaine. Le but de cette rencontre était de trouver les moyens de faire avancer l'application du plan de paix des Nations unies et de résoudre les ultimes problèmes concrets en vue de la tenue du référendum d'autodétermination au Sahara Occidental. Malheureusement, une fois de plus cette réunion s'est soldée par un échec, suite à l'intransigeance du Maroc, qui tente de se soustraire par tous les moyens à la légalité internationale et aux engagements qu'il a pourtant contractés en signant, au même titre que le F. Polisario, le cessez-le-feu et le plan de paix des Nations unies en 1991, et les accords de Houston en 1997. La proposition du Maroc de traiter avec le F. Polisario hors du cadre du plan de paix relève de la pure manoeuvre et de méthodes dilatoires. Dans ce contexte, le F. Polisario doit souligner les points suivants:

1. Il n'existe aucun obstacle qui empêche l'application du plan de paix et la tenue du référendum d'autodétermination, autre que la volonté du Maroc d'imposer à tout prix le fait accompli de son occupation illégale du Sahara Occidental. Au cours des 9 années qui viennent de s'écouler, les modalités requises pour la tenue du référendum ont été remplies, y compris la publication de la liste des électeurs - un travail minutieux et exhaustif accompli par les Nations unies. Le seul obstacle à ce jour sont les 130'000 appels déposés abusivement par le Maroc auprès des Nations unies en vue de bloquer, par cette dernière manoeuvre, la tenue du référendum. Le F. Polisario rappelle donc que la seule voie vers la paix et la stabilité dans la région est celle de la stricte application du plan de paix et la tenue du référendum d'autodétermination, comme vient de le préconiser la Quatrième commission de l'Assemblée générale des Nations unies.

2. Il n'y a aucune «nouvelle orientation» du Maroc en ce qui concerne sa proposition de traiter directement avec le F. Polisario hors du cadre du plan de paix, cette proposition témoignant encore et toujours de la volonté du royaume chérifien de se soustraire à la légalité internationale, afin d'éviter le référendum d'autodétermination qui risque de lui signaler son échec.

3. La communauté internationale, dont l'Europe, a indiqué son soutien à l'application du plan de paix des Nations unies et des accords de Houston en vue de la tenue d'un référendum d'autodétermination libre, juste et transparent. Pourtant, au niveau de l'Europe, certains pays mettent en péril la paix et la stabilité de la région en encourageant le Maroc à entraver l'application du plan de paix et la tenue du référendum, au nom d'une hypothétique voie génératrice d'incertitude et d'aventurisme. Cette situation au sein de l'Union européenne est d'autant plus grave qu'elle contredit le soutien accordé par le Parlement européen au plan de paix et au référendum, et garde en otage celle-ci, l'empêchant de s'engager effectivement et activement dans la solution du conflit.

En conséquence, le F. Polisario souligne la responsabilité qui incombe à tous les pays de l'Union européenne, premier soutien financier et politique du Maroc, de mettre en garde le royaume chérifien contre les risques qu'il fait courir à la paix et à la stabilité de la région en entravant la stricte application du plan de paix des Nations unies et la tenue du référendum d'autodétermination au Sahara Occidental: de l'attitude de l'Union européenne dépend en grande partie le rétablissement de la paix ou l'escalade des tensions et la reprise des hostilités entre le peuple sahraoui et le Maroc.

Le 4 octobre 2000.


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