OPINION


Être ou ne pas être

Baba M. Sayed


Quand, à la critique objective, rationnelle, pertinente et utile dont la visée est, d’enrichir, à partir de diverses perspectives et de multiples angles d’analyse, le nécessaire débat, se substituent la diffamation, l’anathème, l’insulte, le mensonge caractérisé et l’intention déclarée de nuire à l’autre et l’entraîner dans la boue; autant de soucis, faut-il y insister, caractéristiques d’âmes malades et d’esprits bornés et limités, c’est qu’au dialogue a succédé, de manière flagrante, le déni de parole.

Et c’est certainement pas ce que veulent ou souhaitent la plupart de ceux et celles qui, d’habitude, prennent part à cette rubrique et encore moins nos amis de l’Arso qui, pour garder au débat sa dignité, n’ont cessé, au cours des derniers temps, de conseiller vivement la modération aux "imposteurs" et de multiplier les mises en garde à leur égard pour prévenir les éventuels regrettables et préjudiciables dérapages.

N’ayant pas encore perdu l’ardent espoir que cette rubrique puisse utilement nous aider à jeter, avec sincérité et clairvoyance, un regard lucide et sans complaisance sur notre état et favoriser des échanges "civilisés" entre nous sur les difficultés et les problèmes qui nous interpellent et nous intéressent, j’ai décidé, une fois n’est pas coutume, d’ignorer les "implacables" procureurs qui ont tenté, au cours des derniers jours, de me faire, à la manière stalinienne, un procès d’intention et de ne m’intéresser, dans les faits, qu’à leurs injustes et ridicules charges.

Que me reprochent ces "courageux procureurs anonymes" ?

D’avoir trahi, d’une manière ou d’une autre, la cause sahraouie ? De me mettre au service d’une puissance étrangère ennemie pour contrarier les aspirations de mon peuple et lui barrer la route de l’émancipation ? D’avoir sacrifié mon honneur et ma dignité pour un plat de lentilles, comme l’ont fait d’autres, et s’être livré à l’héréditaire ennemi marocain pour l’aider à combattre les Sahraouis (es), sévir contre eux, et servir ses desseins ? D’avoir abandonné mes convictions et avoir décidé de me mettre au service d’une personne ou d’un système, en lieu et place, de la cause de l’indépendance de la RASD qui a mobilisé mes efforts et mes énergies depuis ma tendre enfance ?

Non, rien de tout cela.

A lire attentivement leurs écrits, je peux dire que les deux "arguments massues" qui reviennent en leitmotiv dans leurs brûlots et qu’ils ont avancés pour "m’accabler" sont de deux ordres :

1- Le fait que j’aie publiquement mis en évidence certains dysfonctionnements du F. Polisario,
2- Celui d’avoir décidé, après avoir jugé que ma présence est plus utile là pour la cause sahraouie qu’ailleurs, de m’établir dans les campements de réfugiés sahraouis. 

Si je continue de faire miennes les critiques que j’ai formulées, à un moment ou à un autre, à l’égard du F. Polisario et de sa direction, j’estime, sans toutefois prétendre détenir, en cette matière ou en une autre, une vérité révélée, qu’il est plus utile de les défendre désormais, alors que j’ai la possibilité de le faire, à l’intérieur des instances et des organes du F. Polisario lui-même.

L’opposition n’est pas et n’a jamais été pour moi un métier ou une rente tout comme l’irresponsabilité qui consisterait, en les graves circonstances actuelles que nous connaissons, à jeter le bébé avec l’eau du bain n’est pas et n’a jamais constitué un possible, sérieux ou réel choix pour moi.

J’ai plus que jamais l’intime conviction aujourd’hui que le Sahara Occidental a plus que jamais, de nos jours, besoin de tous ses enfants et ses filles pour empêcher l’ennemi marocain de nous imposer son dicktat et ses choix dont le moins dangereux, faut-il y insister, est de faire de nous les nouveaux Kurdes du Maghreb.

Convaincu que ce qui nous divise est infiniment moins important que ce qui réellement nous unit, à savoir un destin et un avenir communs, je suis persuadé, aujourd’hui plus que jamais, que le seul choix qui se pose à nous, individuellement et collectivement, est celui d’exister ou de ne pas exister, être ou ne pas être, comme dirait l’autre. Et que la seule façon pour nous, décidément, d’exister et d’être, individuellement et collectivement, est d’unir nos efforts et nos énergies - sans toutefois sacrifier nos sensibilités politiques ou renoncer à nos approches critiques - pour faire face à l’ennemi héréditaire marocain dans l’espoir de faire échouer, encore qu’il est temps, ses stratagèmes et ses tentatives de nous diviser et nous affaiblir avant de nous faire rayer de la carte.

06.09.07


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