Révolte des Sahraouis - Revolt of the Saharawis - Revuelta de los Saharauis

 

AFASPA
Association Française d'Amitié et de Solidarité avec les Peuples d'Afrique

Bagnolet l

e 1er novembre 2005

Monsieur Kofi ANNAN
Secrétaire Général de l'ONU

Palais des Nations Unies S-378
NEW YORK  NY 10017
USA

Objet : Assassinat d'un manifestant sahraoui par la police marocaine

Monsieur le Secrétaire Général,

Depuis plusieurs mois, vous êtes interpellé par de nombreuses associations de défense des Droits humains et des organisations de solidarité avec le peuple sahraoui sur la répression marocaine au Sahara Occidental occupé illégalement depuis 1975. Il vous a été demandé que la MINURSO soit missionnée pour protéger les civils qui manifestent leur droit légitime à l'autodétermination reconnu par l'ONU dans le Plan de Paix de 1991. Pour sa part L'Association Française d'Amitié et de Solidarité avec les Peuples d'Afrique vous a adressé un courrier le 19 Juin au lendemain de l'arrestation et le tabassage d'une douzaine de militants de défense des Droits de l'homme pour vous demander leur protection ainsi que la libération d'Aminatou Haidar, l'une des dirigeants, gravement blessée. Nous vous avons alerté sur le danger de l'engrenage de  violence policière, seule réponse aux manifestations populaires pacifiques.

Qu'en est-il 4 mois plus tard? La mission de l'ONU continue d'assister passive à la répression qui s'abat sur les manifestations quotidiennes qui s'expriment dans les villes d'El Ayoune, Dakhla, Smara, Boujdour. Les forces de police marocaines ont quant à elles été décuplées avec de nouvelles unités « spécialisées » venue en renfort. Elles perpétuent les pratiques des années de plomb : tabassage public, arrestations des dirigeants torturés quelques jours puis relâchés dans de piteux afin d'impressionner leurs proches et dissuader la population de poursuivre l'Intifada installée dans le pays depuis le mois de mai 2005.

Le 30 octobre à El Ayoune, avenue de Smara, la police a frappé trop fort. Elle a tué un jeune homme de 31 ans, Lembarki Hamdi ould Salek ould Lmahjoub, décédé à l'hôpital Belmehdi  quelques heures après un « passage à tabac » de nuit.

Le même scénario s'est produit à Smara le 31 octobre, Makhlof Tfah, âgé de 23 ans a été blessé à la tête ; la gravité de son état a nécessité son transport à l'hôpital d'El Ayoune où le pronostic est réservé.

La patience populaire, après 13 années d'une promesse non tenue,  est arrivée à son terme. Si Front Polisario a respecté jusqu'à présent son engagement d'un cessez-le-feu, le peuple sahraoui, sous occupation et dans les campements de réfugiés n'a pas pour autant renoncé à son droit indéfectible à l'autodétermination. Il n'y renoncera jamais.

Le Maroc paralyse le processus référendaire sous le regard bienveillant de la France, de l'Espagne et des Etats Unis, ce qui n'apporte pas de solution à ce conflit de décolonisation né en 1973 contre l‚occupant espagnol.

Une nouvelle fois notre association vous demande solennellement d‚intervenir pour protéger la population civile sahraouie qui subit la répression d‚une occupation illégale de son pays et de poursuivre vos efforts pour que le processus référendaire soit mené à son terme.

Nous vous demandons de prendre connaissance du rapport que nous ont adressé ce jour des militants de défense des Droits humains, concernant les conditions dans lesquelles la mort du jeune Lembarki Hamdi est intervenue, et vous demandons de saisir le Conseil de Sécurité pour diligenter une enquête internationale à ce sujet.

Recevez, Monsieur le Secrétaire Général, l'expression de ma parfaite considération.

Jean Paul ESCOFFIER

Président de l'AFASPA


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