L'Echo du POLISARIO

No 5, juin1996

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication : Fadel ISMAEL

[Numéros précédents]

SOMMAIRE

EDITORIAL
Le troisième acteur
Où est Bassiri ?

ACTUALITE

Madrid et la cause sahraouie
Difficile de faire taire le peuple d'Espagne
L'apartheid marocain (Frank Ruddy)
L'Internationale libérale
Royaume Uni
Conférence des chefs d'état de l'OUA


MAROC - UNION EUROPEENNE

Accord Maroc/UE
Résolution sur le MAROC, adoptée le 6 juin 96
Intergroupe Parlementaire


DANS LA PRESSE

M. Abdelaziz à "La Tribune": Quelle est maintenant la force de la MINURSO ?
MAROC: Une option à haut risque
TERRITOIRES LIBÉRÉS: des journalistes français ont fait le voyage

EN BREF
Découvrir un peuple à travers ses enfants
DROITS DE L'HOMME

Amnesty International : Violations des droits de l'homme au Sahara Occidental

Le maire de Bagnolet exige la libération des prisonniers sahraouis


EDITORIAL

Il y a vingt-trois ans, le mouvement pour la libération de la Saguiet El-Hamra et du Rio de Oro, colonisés par l'Espagne, naissait. Le Front Polisario se chargeait de projeter un peuple et une Nation sur la scène internationale, là où nombre d'observateurs étrangers ne croyaient voir réclamer l'indépendance qu'un conglomérat de tribus hétéroclites et rebelles.
En 1973, des femmes, des hommes, mirent de côté une certaine conception du monde selon laquelle, les droits sont calculés sur la naissance Ces femmes et ces hommes forment une entitéé dans le creuset d'une même langue, d'une culture, d'un mode de vie communs, et une terre aimée et partagée... Ces gens là proclamèrent la Nation sahraouie. Depuis lors, ils ont les mêmes droits qu'ils soient hommes, femmes, noirs ou blancs, mais l'essentiel manque: la terre et la liberté.
Il est bon de s'en souvenir et de le donner cet exemple à ceux qui sont nés dans un Maghreb déchiré où les enfants d'une même communauté, les peuples d'une même région, les Etats d'un même ensemble, empoisonnent leurs rapports.
Le Front Polisario a toujours désiré la paix, mais les circonstances qui l'on vu naître et le cours des évènements, en ont décidé autrement. Malgré tout, le Front Polisario continue de croire à la solution du dialogue et de le proposer sous différentes formes au Maroc. Car la tolérance est l'essence même de sa philosophie. Le Front Polisario est un front trés large, qui regroupe en son sein des sensibilités différentes, des hommes et des femmes réunis autour d'un objectif commun: la libération et la construction du Sahara Occidental, leur pays. Une profonde aspiration à la paix et à l'ouverture porte le peuple sahraoui et son mouvement de libération nationale. Le fait de s'interdire de recourir au terrorisme et aux procédés extrémistes en général, tout au long de son combat long et difficile, est, à lui seul, le témoignage édifiant des valeurs humanistes de ceux qui combattent avec le Front Polisario « des deux côtés du Mur ».
Le roi du Maroc persiste à refuser le dialogue. Pourtant, Rabat se trouve dans une position de force par rapport au Front Polisario, et la communauté internationale multiplie les appels pour que les deux parties en conflit négocient. Rien n'y fait: Hassan II joue la carte du temps et pense que l'Algérie, aux prises avec d'autres problèmes, finira bien par lâcher un Polisario affaibli et lassé dont le Maroc ne fera qu'une bouchée. Mais le souverain marocain, auquel on attribue beaucoup de génie et d'intelligence, n'ignore point qu'il n'est pas éternel, que le Maroc ferait mieux d'alléger son fardeau de problèmes du poids du conflit du Sahara occidental qui l'oppose à la volonté inaltérable d'un peuple. Quant à l'Algérie, l'histoire en dit suffisamment long tant sur les capacités de ce pays à gérer ses problèmes, que sur sa fidélité aux principes pour lesquels le peuple algérien a payé de son sang.
Aujourd'hui, c'est vers les démocrates marocains, représentants de leur peuple, que nous nous tournons. Et nous leur disons, gravement mais fraternellement, que leur responsabilité est grande, que leur silence est éloquent. L'avenir du Maroc,du Sahara Occidental, de toute la région les concerne en premier lieu, parce-que cet avenir appartient aux démocrates maghrébins pour peu qu'ils sachent comment s'y prendre, en agissant de concert, afin de saisir les éléments qui rapprochent et unissent et de marginaliser les causes de divisions et de conflits. La guerre gronde là où l'on aurait besoin de l'énergie de tous, de tous les partenaires du Grand Maghreb pour construire sur des bases solides une communauté capable de vaincre les défis de l'avenir après avoir applani les difficultés actuelles.
Et, le plus tôt sera le mieux.

Fadel Ismaël

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Le troisième acteur



Cinq années de cessez-le-feu, la présence de l'ONU au Sahara occidental, n'ont pas changé grand chose au conflit de décolonisation qui oppose le Front Polisario au Maroc. Aucune perspective de solution ne s'annonce, le référendum est une opération impossible dans l'état actuel des choses et, à force d'immobilisme, les hommes s'impatientent: la guerre se profile à l'horizon. Rien n'a réellement modifié les relations maroco-sahraouies: si ce n'est qu'après avoir essayé la guerre, après avoir essayé la paix, les problèmes de fond demeurent.
Il est aujourd'hui évident que les parties ne peuvent camper sur leurs positions plus longtemps. Mais personne ne veut perdre. Le Maroc a décidé de maintenir le Sahara occidental sous sa souveraineté tandis que le Front Polisario se bat pour que le peuple sahraoui puisse exercer son droit légitime à l'autodétermination. Or, tout le monde le sait, si le référendum d'autodétermination sahraoui devait se dérouler dans des conditions normales - c'est à dire justes et sans contraintes - le peuple sahraoui, qui, par la force des choses, a goûté à l'autorité du Maroc, choisira l'indépendance. Cela le Maroc ne peut l'accepter, nous l'avons tous compris.
Cependant, nous pouvons - il le faut - choisir de mettre un terme à ce conflit rapidement. « la paix est dans l'intérêt de tous les protagonistes qui, tous, la désirent - dès lors qu'elle leur est présentée de manière attrayante  » , écrit Ahmed Baba Miské , en notant que « ce qui a toujours fait défaut, c'est ce "troisième acteur" si souvent indispensable pour arrêter un conflit.»* Différentes issues sont envisageables du moment qu'on en parle ensemble. Le Maroc et le F. Polisario doivent éliminer les cause de blocage et trouver un terrain d'entente, et pour ce faire, ils ont besoin d'aide. « Autres pays voisins du Sahara, poursuit M. Baba Miské [« un observateur (très) concerné »], l'Algérie et la Mauritanie restent des acteurs incontournables de toute recherche de solution, même si elles ne se considèrent pas comme parties directes au conflit » Certes les Algériens sont fortement préoccupés par l'option qui sera prise en réponse à la question de la souveraineté du Sahara occidental. Cette réponse établira en grande partie les données géopolitiques qui feront le Maghreb du XXIe siècle. Par exemple, la sécurité de la Mauritanie « en dépend largement, ainsi que la qualité de ses relations avec ses voisins maghrébins », indique M. Baba Miské rappelant que « deux pays semblent parmi les mieux placés pour réussir une médiation: la France et la Mauritanie. » En tant que partenaire principal des pays du Maghreb, la France a un rôle de premier plan à tenir dans le dénouement de ce conflit auquel elle a toujours été implicitement liée. La Mauritanie, quant à elle, a fait la paix, depuis longtemps, avec le Front Polisario, reconnaît la légitimité de la République sahraouie et « entretient des relations équilibrées avec toutes les parties » remarque Ahmed Baba Miské, observant qu'
« une médiation franco-mauritanienne serait facilitée par les excellentes relations qui existent entre Paris et Nouakchott. »
C'est précisément cette question - le rôle que la France peut jouer dans le règlement du problème du Sahara occidental -, qui a été posée à Jacques Godfrain, le ministre français délégué à la coopération, en visite à Nouakchott, le 6 juin 1995. M. Godfrain a évoqué, pour toute réponse, « tout le rôle de médiation que peut jouer la Mauritanie dans cette affaire. » Quant à la question posée: il faudra bien que la France y réponde un jour ou l'autre.

Henri Brouste

* in « Sahara: pour une médiation franco-mauritanienne » Jeune Afrique du 5 au 11 juin 1996.

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OU EST BASSIRI ?

En 1966, Mohamed Sid Ibrahim Bassiri, l'enfant de Tan-Tan, a 25 ans. Il est Rabat après avoir fait des études de journalisme au Caire et à Damas. Il y fonde le journal sahraoui Al Chihab (« la Torche ».), lequel rencontre une hostilité grandissante. Depuis 1956, l'idée d'un « Grand Maroc » allant « de Tanger au fleuve Sénégal » a fait son chemin et de nombreux adeptes à qui l'émergeance d'un front politique indépendantiste au Sahara Espagnol, ne dit rien qui vaille. Déception de Bassiri et de ses compagnons qui ont été, pour certains, combattants aux côtés de leurs frères marocains dans l'Armée de Libération.
Bassiri rejoint alors El Aïun, où il organise le Front de libération du Sahara (FLS). Dans la clandestinité, le mouvement mobilise et politise. Le 17 juin 1970, le FLS sort au grand jour pour une importante manifestation, place Zemla, à El Aïun et remet une pétition au général Perez Delema, le gouverneur de la « province ».
Le FLS revendique l'autonomie interne, un accord avec l'Espagne fixant la date limite pour la proclamation de l'indépendance du Sahara et l'évacuation des troupes espagnoles; l'arrêt de l'exploitation des ressources du Sahara occidental sans l'accord des Sahraouis.
La réaction de Madrid ne se fait pas attendre: trois bataillons donnent la charge et procèdent à l'arrestation de centaines de manifestants dont Bassiri. C'est l'échec de la voie pacifiste qui détermine, trois ans plus tard, la proclamation d'un mouvement armé pour la libération du Sahara occidental: le Front Polisario.
Ce 17 juin 1970, Mohamed Sid Ibrahim Bassiri a disparu. Selon certaines sources, il aurait été torturé à mort dans un fort espagnol. Madrid a assuré, pour sa part, l'avoir envoyé au Maroc. Certains le croient encore vivant.
Vingt-six ans plus tard, le destin de Bassiri demeure un mystère total.

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ACTUALITE


Madrid et la cause sahraouie

Soutien d'opérette.
Dans un communiqué de presse, rendu public mardi 3 juin 1996, le bureau d'information diplomatique du ministère espagnol des affaires étrangère, réagissant à la résolution 1056 du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara occidental, a précisé que « le gouvernement espagnol réitère sa position de principe traditionnelle selon laquelle le problème du Sahara occidental se règlera uniquement et définitivement par l'autodétermination du peuple sahraoui à travers un référendum libre et avec des garanties internationales »
« Le gouvernement, note le communiqué, exprime sa préoccupation du fait de la suspension de l'opération d'identification des votants et souligne l'importance de préserver le climat de coexistance harmonieuse entre les peuples du Maghreb. »

Difficile de faire taire le peuple d'Espagne

Des centaines de personnes ont participé à une imposante manifestation, samedi 8 juin 1996 à Madrid, pour exprimer leur soutien au peuple sahraouis. Les manifestants - représentants d'ONG, intellectuels, journalistes, maires, personnalités politiques espagnoles, anciens résidents espagnols au Sahara occidental - ont appelé l'ONU et l'Espagne à assumer leurs responsabilités à l'égard du processus de décolonisation du Sahara occidental et ont remis une déclaration de soutien au peuple sahraoui à la représentation de l'ONU en Espagne.

L'apartheid marocain.

Lors de la conférence « Paix et justice pour le peuple sahraoui », tenue à Madrid le 27 juin 1996, l'ex-ambassadeur américain, Franck Ruddy, ancien vice-président de la Mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso) a accusé le régime marocain de se comporter au Sahara occidental comme jadis le faisaient les gouvernants de l'apartheid sud-africain.
M. Ruddy qui a rendu son tablier à l'ONU en janvier 1995, a déclaré que « les Marocains agissent au Sahara occidental comme des gangsters, comme la mafia. » Il stigmatisait ainsi les principaux responsables de la non tenue du référendum. « Les abus et les obstructions du Maroc, d'une part, l'échec absolu de l'ONU qui n'a pas accompli sa mission de paix et qui a toléré les excès du Maroc, d'autre part, ont provoqué une situation sans issue et dangereuse », a-t-il encore expliqué.

L'Internationale libérale

Les membres de l'ONU ont la responsabilité de trouver une solution pour le Sahara occidental
À l'issue de son congrès tenu du 5 au 8 juin 96, Nerdwijk (Pays Bas), l'internationale libérale a adopté une résolution sur le Sahara occidental dont voici le texte intégral:
« Le congrès de l'internationale libérale,
exprimant sa préoccupation face à la décision, prise le 29 mai 1996 par le Conseil de sécurité des Nations unies, de ne pas organiser le référendum prévu pour le peuple sahraoui afin de décider du statut politique futur du Sahara occidental,
1. Réitère le soutien de l'internationale libérale à un référendum juste et honnête comme unique solution au conflit et pour empêcher une nouvelle guerre au Sahara occidental.
2. Exprime sa conviction que l'Espagne (en tant que puissance administrante) et tous les membres des Nations unies ont la responsabilité de trouver une solution pacifique par la mise en uvre des résolutions de l'ONU et de son plan de paix; et exprime son souci pour la sécurité globale de la région.
3. Condamne énergiquement le Royaume du Maroc pour ses initiatives de manipuler le référendum en incluant des milliers de marocains dans le corps électoral approuvé par les Nations unies.
4. Appelle les Nations unies à maintenir les troupes de la Minurso dans la région,
5. Demande au bureau de l'Internationale libérale de transmettre cette résolution aux Nations unies en participant en tant que pétitionnaire à la prochaine résolution du comité de l'ONU chargé de l'octroi de l'indépendance aux peuples et aux territoires coloniaux, prévue pour la mi-juillet, au Royaume du Maroc, à l'Espagne, au Front Polisario et à l'Algérie. »

ROYAUME UNI

Solidarité avec le Front Polisario
L'association de solidarité anglaise de soutien au peuple sahraoui a réalisé une étude sur la situation actuelle au Sahara occidental, dont voici les conclusions:
1. L'occupation du Sahara par le Maroc est et demeure illégale.
2. L'échec de la Minurso est une grave déconvenue de l'ONU.
3. L'ONU n'a pas tenu les promesses faites au peuple sahraoui.
4. Si le F. Polisario décide de reprendre les combats, ce sera parfaitement justifié.
5. WSC soutiendra pleinement toute action militaire du F. Polisario. La seule alternative est la négociation directe.
6. La Minurso a été contrôlée complètement par la puissance occupante
7. Le seul vainqueur c'est le Maroc qui va continuer sa politique de répression envers la population civile.
Conclusion: WSC n'est pas optimiste. Les grandes puissances n'exercent pas de pressions suffisantes sur le Maroc. Le seul espoir réside dans une nouvelle initiative qui consisterait à favoriser des négociations directes. Une telle démarche serait beaucoup plus efficace qu'une opération de l'ONU sans volonté réelle.

CONFERENCE DES CHEFS D'ETAT DE L'OUA

Envoyé spécial du président Mohamed Abdelaziz, M. Mohamed-Salem Ould-Salek, ministre conseiller à la présidence de la RASD a été reçu à Yaoundé, le 17 juin, par M. Titus Edzo, Secrétaire général à la présidence du Cameroun. Au cours de cette audience, le ministre sahraoui a confirmé la participation du président de la RASD à la Conférence au sommet des chef d'État et de gouvernements de l'OUA, prévue du 8 au 10 juillet à Yaoundé.

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ACCORD MAROC / UNION EUROPEENNE


Le Parlement européen se réserve un droit de regard sur les droits de l'homme au Maroc et la question du Sahara occidental.

Au cours d'un débat sur l'accord Maroc/UE qui s'est déroulé mercredi 5 juin 1996 au Parlement européen à Bruxelles, le Commissaire Manuel Marin, évoquant la situation au Sahara occidental, a précisé que « la seule façon de régler le problème du Sahara occidental passe par la négociation dans le cadre des Nations unies. Nous attendons le rapport final que doit déposer le secrétaire général, M. Boutros-Ghali, le 31 août. À ce moment, l'Union devra à nouveau se pencher sur cette question »
L'accord d'association Maroc/UE a été adopté par 263 voix pour, 65 contre et 8 abstentions. Non sans hésitations et réserve en raison du non respect des droits de l'homme par le Maroc et en raison de « l'attitude de ce pays accusé d'entraver le processus de règlement du conflit du Sahara occidental ». Pour l'Agence Europe, « le ton général était "Oui, mais", sauf dans le cas du groupe des Verts et celui de la Gauche européenne unifée qui ont appelé pour une non-coopération avec le Maroc. »
L'Agence Europe a noté que « les réserves exprimées au sujet de l'accord Maroc/UE se sont traduites par l'adoption d'une résolution conjointe, présentée par le groupe socialiste, par 278 voix pour, 34 contre et 36 abstentions. »
Dans cette résolution, poursuit l'Agence Europe, « le Parlement Européen a exprimé son inquiétude au sujet de la situation des droits de l'homme et de l'évolution démocratique au Maroc et lui a demandé de lui présenter, au moins une fois par an, un rapport sur la situation des droits de l'homme. »
Concernant le Sahara occidental, la résolution note les souhaits du Conseil de sécurité des Nations unies que les autorités marocaines et le Front Polisario approfondissent leur dialogue en vue d'éliminer les obstacles qui se dressent devant l'organisation du référendum d'autodétermination sahraoui.


RESOLUTION SUR LE MAROC, adoptée le 6 juin 96

Le Parlement européen, vu ses résolutions antérieures sur les violations des droits de l'homme au Maroc et des personnes disparues, ainsi que sur le conflit du Sahara occidental,
Rappelant que le Maroc a ratifié les conventions internationales en faveur des droits de l'homme et contre la torture,
Considérant la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de réduire son personnel et ses effectifs au Sahara occidental, et les conséquences que l'on peut en déduire,
Considérant que dans la situation actuelle, la suspension du processus de préparation du référendum met en danger le plan de paix,
Souhaitant que, tout en soutenant les objectifs généraux de la nouvelle politique méditerranéenne, inscrits dans les accords euro-méditerranéens, l'Union européenne et le Maroc parviennent à approfondir leurs relations dans la perspective de l'institutionnalisation du dialogue politique necessaire afin de répondre aux défis communs en Méditerranée,
manifeste sa préoccupation face à la situation des droits de l'homme au Maroc,
Invite l'Union européenne, ses Etats membres et le Maroc à appuyer sans réserve un dialogue large et permanent visant à promouvoir le respect des droits de l'homme et les libertés et demande au gouvernement marocain et au Front Polisario de tout mettre en oeuvre pour accélérer la solution du problème du Sahara Occidental, dans le plein respect des résolutions des Nations unies;
prend acte du souhait du Conseil de sécurité des Nations unies que les autorités marocaines et le Front Polisario approfondissent leur dialogue direct afin d'éliminer les obstacles existant dans le processus de préparation du réferendum d'autodétermination au Sahara Occidental;
invite la Commission à veiller en permanence au respect des droits de l'homme et à l'évolution démocratique au Maroc et demande à la la Commission de lui présenter, au moins une fois par an, un rapport sur la situation des droits de l'homme et la mise en place de l'accord euro-méditerranéen;
charge son président de transmetre la présente résolution au conseil, à la Commission et au gouvernement marocain.


INTER-GROUPE EUROPEEN:

Imposer le processus de paix

« L'inter-groupe Pour le peuple sahraoui au Parlement européen s'est réuni le 21 mai à Strasbourg en marge de la session pleinière. L'inter-groupe a protesté contre l'interruption du processus d'identification des électeurs en vue du référendum d'autodétermination décidé par les Nations Unies [au Sahara occidental, ndlr.]. Cette décision revient à cautionner les manuvres d'obstruction et de retardement du gouvernement marocain qui veut empêcher la tenue d'un référendum juste et équitable. L'intergroupe a décidé de saisir le président du Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que le président du Conseil des ministres des Quinze afin que tout soit mis en uvre pour sortir de l'impasse actuelle et faire respecter le processus de paix. »
( Faits et Arguments sur l'UE - N°38, mai-juin 1996 ).

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DANS LA PRESSE





QUELLE EST MAINTENANT LA FORCE DE LA MINURSO ?

Mohamed Abdelaziz à «La Tribune»

« La résolution 1056 est un temps supplémentaire accordé à la Minurso, un temps supplémentaire pour le maintien du Cessez-le-feu et les démarches politiques entre les deux parties », a déclaré, lundi 10 juin 1996, le président de la RASD, M. Mohamed Abdelaziz, au quotidien algérien, «La Tribune».
Le Front Polisario veut que la responsabilité totale du processus de règlement du conflit du Sahara occidental soit assumée par l'ONU et l'OUA, et l'idée d'un bureau politique onusien chargé de nouer le contact entre les parties et d'aboutir à un compromis va dans ce sens. Mais les « interrogations principales » demeurent. Les chances de réussite de la Minurso dépendent de « ce que sera la force de ce bureau politique, () son autorité, ses limites », selon Mohamed Abdelaziz, qui se demande si le sursis accordé par la résolution 1056 sera « utilisé pour réellement faire pression sur le Maroc » alors que « cinq ans de présence des Nations unies au Sahara occidental avec un plan de paix prêt à l'emploi n'ont pas empêché le Maroc de faire échouer ostensiblement toutes les initiatives engagées. ».Pour le président sahraoui, « la logique aurait voulu que le Conseil de sécurité, au lieu de diminuer les effectifs de la Minurso, de suspendre la commission d'identification, augmente au contraire, sa présence militaire, policière, civile et politique sur place. »
« D'un côté le Conseil de sécurité et l'esprit qui le domine mettent en avant la nécessité de stabilité, de paix et la peur de l'escalade, d'un autre il n'est pas prêt à prendre les engagements qu'il faut, à mettre en place les moyens humains, politique et financiers pour prévenir ce qui pourrait désormais arriver dans la région. Nous avons le sentiment que sa préoccupation essentielle n'est que le maintien du cessez-le-feu. Cela pour nous n'est une position ni responsable, ni acceptable, ni objective ». Sans réponse aux questions que soulève la décolonisation du Sahara occidental, et par le maintien artificiel du statu quo actuel qui n'est pas la paix , on ne saurait favoriser la stabilité durable de la région. Il faut crever l'abcès et trouver un compromis sinon acceptable par tous, au moins juste devant l'Histoire.



MAROC: Une option à haut risque

Dans un article du Monde intitulé « Le nouveau jeu français au Maghreb », Catherine Simon analyse la situation des pays maghrébins et leurs rapports avec la France et l'Europe. Concernant tout particulièrement le Maroc, et après avoir rappelé la visite du Roi Hassan II en France, les 6 et 7 mai 1996, la visite du chancelier allemand, Helmut Kohl, au Maroc, le 31 mai 1996, et celle du premier ministre espagnol, José-Maria Aznar, le 3 juin 1996, la journaliste écrit: « Ce regain d'intérêt ne doit cependant pas faire illusion. Les dérives mafieuses de l'économie marocaine - dont certains aspects ont été relevés par l'Observatoire géopolitique des drogues, en 1994, et par la Banque Mondiale, à la fin 1995 - sont sources de préoccupations grandissantes en Europe. S'y ajoutent les incertitudes politiques liées à la succession de Hassan II. »
« Colosse aux pieds d'argile, dans un Maghreb en transition, hâtivement promu "meilleur rempart contre l'islamisme" à l'échelle régionale est sommé de tenir son rang.
« Les réformes structurelles, nécessaires et urgentes, n'ont toujours pas été mises en chantier. Il aurait fallu, pour cela, un gouvernement qui gouverne; ce qui n'est pas le cas. Résultat: le Maroc a pris deux ou trois ans de retard! », résume un haut fonctionnaire français. Les indicateurs socio-économiques figurent « parmi les plus mauvais du monde arabe. », précise-t-on volontiers à Paris. Croissance démographique alarmante, analphabêtisme généralisé, misère grandissante dans les faubourgs et les campagnes: cette conjonction de handicaps est une "bombe à retardement" dont les groupes islamistes pourraient, à terme, tirer profit. En misant sur le Maroc pour jouer le rôle de locomotive du Maghreb, les capitales européennes ont donc pris une option à haut risque ().

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TERRITOIRES LIBÉRÉS:

des journalistes français ont fait le voyage :


Les mirages du Sahara Occidental

par Jean-Jacques Mével

(...)« David contre Goliath, la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) se dit prête à reprendre le combat contre le Maroc () Elle désespère aujourd'hui de voir organiser le référendum d'autodétermination promis par l'Onu. () Les révolutionnaires mûrissants de la RASD font face à un dilemne. Aprés vingt ans d'impasse, « la génération née dans les camps réclame des comptes », note un cadre. Il ne s'agit plus de nomades illettrés, mais de jeunes gens formés en Algérie, voire en Libye et à Cuba qui n'ont d'autres perspectives que l'uniforme ou la toile de tente.
« Nous n'avons pas seulement les armes, mais aussi les pierres et les couteaux, dit le président Abdelaziz. Nous pouvons combattre l'occupation militaire de l'intérieur. »
« Des grands noms de la guerilla africaine, le Polisario se retrouve seul à n'avoir pas réussi sa révolution. () À grands frais, l'ONU entretien au Sahara occidental, une commission civile et militaire, la Minurso. Depuis 1991, pas un coup de feu n'a été tiré, mais le référrendum promis dès 1978, s'éloigne toujours un peu plus, tel un mirage. () Les officiels des Nations unies continuent de quadriller le désert dans leur jeep climatisées; mais ils n'ont « absolument rien » à dire sur les progrès de leur mission. » Le Figaro (6/5/96)


Quand les Sahraouis parlent d'intifada

par Stephen Smith

« Menacé dans son existence par une pérennisation du statu quo, le mouvement sahraoui (Front Polisario) s'est ménagé deux recours, l'un diplomatique, l'autre militaire: l'appui de l'Afrique du Sud et l'"intifada" dans les "zones occupées" par le Maroc. La reconnaissance diplomatique de la RASD par Prétoria, que Mohamed Abdelaziz annonce pour « très prochainement », jetterait dans la balance tout le prestige moral de Nelson Mandela. (...) Quand à un soulèvement populaire à l'intérieur du Sahara Occidental, l'idée hante apparemment tous les esprits du côté de Tindouf. Mustapha Béchir Sayed justifie d'avance une « guerre totale » que « le faible mène contre le fort », y compris au moyen de plasticages. Le Premier ministre du Polisario, Mahfoud Ali Beiba, estime même que « des actions de d"stabilisation à l'intérieur du Maroc » - l'attaque de casernes, le sabotage de dépôts de carburant ou d'autres infrastructures - « ne relèvent pas du terrorisme. » Si, pour sa part, Mohamed Abdelaziz exclut « tout acte terroriste », il souligne néamoins que « les Sahraouis peuvent sa battre non seulement avec des armes militaires mais, aussi, avec des pierres et des couteaux. » Enfin, après cinq années de trêve « qui n'ont apporté que le désespoir », le général Ghali croit les Sahraouis « mentalement plus disposés à l'intifada. »
Piégé au pied du mur, le Polisario profère-t-il des menaces gratuites? L'un de ses dirigeants les plus politiques, Mamout Abdelfatah, rappelle que, dans la cosmogonie sahraouie, un rocher inivisible est suspendu sur la tête de chaque fils du du désert, prêt à l'écraser s'il se renie. En 1989 à Marrakech, lorsqu'il reçut pour la première fois une délégation du Polisario, Hassan II avait reconnu sa propre fragilité en parlant, métaphoriquement, du trône alaouite. « Je ne veux pas remettre à mon successeur un oeuf fissuré », avait-il affirmé. Aux yeux de Mamout Abdelfatah et d'autres dirigeants modérés, entre le reniement identitaire du Polisario et ce souci royal de stabilité « il reste un espace pour des négociations directes, si chacun assume sa part de réalité. » Libération (9/5/96)


Le Polisario au pied du mur

par Lakhdar Belaïd

« Quel sera le crépuscule des Sahraouis? Après le Rwanda et la Somalie, Boutros Boutros-Ghali, le Secrétaire général de l'ONU, ne peut se permettre un nouvel échec. Cette année, il espère être réélu par l'Assemblée générale, et il renouvellera certainement le mandat de la Minurso. Mais, après cinq années d'une paix amère, le Polisario s'impatiente. Bachir Mustapha Saïd, un dirigeant "dur", exige le départ des Casques bleus. El les combattants, affirme un officier, « ne demandent qu'à se dégourdir les jambes. » Mais pour quel type de mission? Un assaut frontal contre le mur? Des opérations de harcèlement, de terrorisme? Une "Intifada" dans les territoires contrôlés par le Maroc? Les Sahraouis n'ont qu'une réponse. Tout doit être fait pour briser l'oubli où les a confinés la communauté internationale. Tout plutôt que disparaître.
l'Evènement du Jeudi(16-22/5/96)


La République des sables mobilise 

par Raymond Couraud

« Le ministre de la défense, bien qu'adepte du secret et abonné au concept militaire universel de "la grande muette", rejette toute option terroriste, telle que certains politiques pourraient la concevoir. Il ébauche cependant une stratégie: « Le Front Polisario est connu pour mener une certaine forme de guerre. Nous n'utiliseront jamais le terrorisme, même si nous sommes au bout de nos forces. Mais la guerre peut nous conduire à déterminer un certain nombre de choses qui pourraient jouer un rôle déterminant. » Les Sahraouis pourraient-ils se lancer dans une forme d'intifada, pour harceler les Marocains ? Le ministre se fait grave et affirme que les Sahraouis des territoires occupés ont les mêmes devoirs que les autres citoyens qui combattent dans les zones libérées. « Je suis certain que la libération nécessite un sacrifice, mais le choix de l'intifada ou de toute autre force de combat sera dictée par les circonstances. Pourtant, si le retrait des Nations unies et l'espoir d'une autodétermination s'éloigne et si l'on voit qu'une guerre des pierres peut racourcir le chemin vers l'indépendance, nous aviserons, mais je concède que les Sahraouis en sont plus proches qu'en 1990. » La guerre des sables chauffe doucement l'ouest de l'immense désert. Pourtant, en dépit de ces paroles abruptes, de cette désespérance, les appels à la médiation, française notamment, se font entendre. L'un des principaux dirigeants du Front Polisario rappelle les risques d'un nouvel embrasement au sud du Maghreb, déjà miné par l'intégrisme et il cite ce proverbe: « Personne n'aime voir brûler la tente de son voisin, le vent risque de transmettre l'incendie à sa propre tente.»
L'Alsace (16/5/96)

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EN BREF



Lever les obstacles
Dans une lettre adressée le 11 juin 96 au Conseil de sécurité des Nations unies, le président Ghanéen, J.J.Rawlings, président en exercice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (ECOWAS) s'est déclaré « préoccupé par les derniers développements de la mise en uvre du plan de paix de l'ONU au Sahara occidental (). « Au nom de l'ECOWAS, poursuit la lettre, je vous adresse un appel pressant pour redynamiser l'engagement des Nations unies au Sahara occidental () pour la vie de centaines d'innocents, hommes, femmes et enfants, qui pourraient mourir si le cessez-le-feu au Sahara occidental venait à être interrompu () »
« Les Nations unies doivent encourager les autorités du Front Polisario et le gouvernement du Maroc à engager un dialogue direct dans un effort résolu en vue de lever les obstacles qui se dressent actuellement devant le processus de paix au Sahara occidental. »

Encore un viol aérien du cessez-le-feu
Le 29 mai 1996, à 18. 40 gmt, deux avions de combat marocains ont survolé la localité de Dougaij, au sud du Sahara occidental contrôlé par le Front Polisario. Ce survol constitue, selon les termes du plan de règlement et les recommandations du secrétaire général des Nations unies, une violation du cessez-le-feu. Cette violation est d'autant plus flagrante qu'elle survient au moment où le Conseil de sécurité a adopté sa résolution 1056, appelant le Maroc et le Front Polisario à faire preuve de volonté politique pour l'application du plan de paix.
Libre au Maroc de violer le cessez-le-feu, puisque l'ONU ne fait rien, alors libre aux combattants de l'Armée de libération sahraouie de répondre en abattant tout avion qui s'aventurerait à violer l'espace aérien du Sahara libéré. Dans ce cas, la riposte ne serait que légitime défense, en toute conformité avec la légalité.

...et de nouvelles victimes des droits de l'homme au Sahara occupé par le Maroc
Le XXIIIe anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale par le peuple Sahraoui a été fêté, le 20 mai, dans les villes occupées du Sahara occidental. À Boujdour, les autorités marocaines ont arrêté plusieurs dizaines de jeunes sahraouis qui distribuaient des tracts pour l'indépendance et des drapeaux aux couleurs de la RASD. Parmi ces nouveaux disparus figurent notamment: Andalla Cheikh Abilil - Abdallahi Loueli Lekhfaouni - Salek Laghdaf Bembari - Abdallahi Dafa Mohamed - Mohamed M'barek Kharachi - Saleh Mohamed Lamine Baiba - Abdallahi Mustapha Sidi Ahmed - Sid'Ahmed Ahmed Moustapha - Ahmed Nabt Ahmed et Mansour Ali Sid'Ahmed.
Ces jeunes ont été transférés les yeux bandés à la prison secrète d'El Aïun où ils ont été passés par la torture, et ce, avant d'avoir été présenté au tribunal qui les a condamné à des peines de prison allant de 18 mois à 7 ans.
Cette vague d'arrestations et d'intimidations, menées par le Maroc à l'encontre des Sahraouis demeurés dans les villes qu'il occupe au Sahara occidental, et les procès expéditifs et injustifiables qui les ont suivis, ont eu lieu en dépit du fait qu'il incombe à la Minurso de surveiller et d'assurer la protection des droits de l'homme et des droits fondamentaux des citoyens sahraouis dans les territoires administrés par le Maroc.

...À quoi sert donc la Minurso?
L'organisation du référendum au Sahara occidental est interrompue depuis la fin 1995, aussi, l'ONU a-t-elle eu quelque difficulté à conserver la légitimité de la Minurso qui comme chacun sait porte mal son nom depuis cette interruption. Dans sa résolution 1056, le Conseil de sécurité, a donc procédé à une nécessaire redéfinition des attributs de sa mission au Sahara occidental: rappelant que la  Minurso est chargée de surveiller le cessez-le-feu en tant que « partie intégrante du plan de paix » et de s'assurer que les droits de l'homme sont respectés sur le terrain. Or, au vu des violations aériennes du cessez-le-feu qui se sont intensifiées depuis le début de l'année sans que la moindre remarque n'ait été faite au Maroc qui les perpétue, au vu des populations sahraouies habitants dans les villes du Sahara occupé par le Maroc qui continuent de subir la répression des autorités marocaines, on est en droit de se demander à quoi sert la Minurso?

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Découvrir un peuple à travers ses enfants

Cette année encore, une centaine d'écoliers sahraouis de 9 à 11 ans, vont être accueillis pendant deux mois de vacances (juillet et août) par leurs camarades de France, dans une douzaine de villes-surs et grace à des organisations aussi diverses que les Guides de France, Vacances-voyages-loisirs, France-libertés ou l'AFASPA.
Dans les « colos » et les familles on les attend avec impatience, ces petits ambassadeurs d'un peuple en exil, on les attend pour vivre des moments de vrai bonheur et de partage comme ceux de l'an passé: Najem, 11 ans, qui plonge dans la piscine, sans savoir nager ou Cheikh, 12 ans, recevant fièrement le foulard de ses hôtes, les éclaireurs de Loon-plage, ou Maryam, haute comme trois pommes, qui se met à chanter une complainte du désert pour ses compagnons ébahis dans le car descendant les Champs Élysées.
Comme le dit Gilles, le directeur d'un centre de loisir, « ces séjours sont une sacré expérience pour des enfants qui n'ont guère connu que le soleil, le sable et les tentes chez nous, ils découvrent des éléments presqu'inconnus: la pluie, l'herbe, les arbres, la montagne; ils sont confrontés à un autre mode de vie, pas forcément idéal avec sa télé, ses immeubles, ses voitures, mais ce qu'ils nous apportent, en échange, est aussi important que ce qu'ils reçoivent: une culture authentique, riche de chants et de danses, et un sens développé de la vie en collectivité. Combien de parents français ont ainsi pris conscience de l'identité profonde d'un peuple et de son juste combat pour l'autodétermination ».
Un tremplin pour l'épanouissement
Pour comprendre à quel point ces séjours à l'étranger sont précieux, il faut savoir qu'au re--tour, dans les collèges, les enseignants sahraouis organisent une véritable mise en commun des acquis engrangés par les « petits voyageurs » selon une pédagogie originale: la redécouverte active.
« Parce-que ces découvertes de l'été sont innoubliables, explique M. Sarrakh Abdessalam, professeur d'espagnol; il suffit que les vacanciers, qui ont séjourné dans une douzaine de pays, les restituent et les partagent pour que tout le monde en profite. C'est la base d'un travail scolaire fécond ».
Que soient donc remerciés chaleureusement tout ceux qui contribuent ainsi à l'épanouissement de ces enfants du désert, du Mans à Gonfreville, des Ulysses à Saint-Nazaire, d'Argenteuil à Hérouville, du Havre à Palaiseau, de Loon-plage à Toulouse.
En espérant élargir chaque année, un peu plus, ce Tour de France de l'Amitié franco-sahraouie.
- Yvon Charon -

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DROITS DE L'HOMME

Amnesty International

Maroc : violations des droits de l'homme au Sahara Occidental

Les forces de sécurité marocaines continuent de perpétrer de graves violations des droits de l'homme au Sahara occidental, au mépris des traités internationaux ratifiés par le Maroc, et malgré la présence, depuis 1991, de la mission des Nations-Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (MINURSO).

Amnesty international est préoccupée par l'absence de dispositions d'ensemble relatives aux droits de l'homme dans le mandat de la Minurso, et par le fait que les garanties existantes, déjà limitées, ne sont pas respectées. Si des mesures ne sont pas prises de toute urgence par les Nations unies, la Minurso restera le témoin silencieux des violations des droits de l'homme au Sahara occidental.

Depuis une vingtaine d'années, Amnesty international n'a cessé de recueillir des informations sur les violations des droits de l'homme commises au Sahara occidental et de faire campagne contre de telles pratiques. Des centaines de Sahraouis arrêtés après l'annexion du Sahara occidental par le Maroc, en 1975, ont "disparu". Plus de 300 d'entre eux, dont certains avaient "disparu" depuis seize ans, ont été libérés par les autorités marocaines en juin 1991, après avoir été incarcérés dans des conditions inhumaines dans des centres de détention secrets où nombre d'entre eux ont trouvé la mort. Les autorités marocaines n'ont jamais reconnu officiellement la mort de ces "disparus" et les familles des victimes ignorent le lieu où leurs proches ont été enterrés. Une trentaine de Marocains incarcérés depuis dix-huit ans dans le centre secret de détention de Tazmamart ont également recouvré la liberté en 1991.

Tout en saluant la libération de ces "disparus", l'Organisation reste préoccupée par le sort de plusieurs centaines d'autres personnes, des Sahraouis pour la plupart, dont on reste sans nouvelles. Les anciens "disparus" et les familles des prisonniers morts en détention secrète n'ont reçu aucune compensation. Aucune enquête n'a été menée sur ces "disparitions" ni sur la mort de très nombreux prisonniers incarcérés dans des centres de détention secrets. Les autorités marocaines n'ont manifesté aucune intention d'enquêter sur ces violations des droits fondamentaux, et les responsables continuent de bénéficier d'une impunité totale.
La situation des droits de l'homme s'est sensiblement améliorée depuis la libération des "disparus" marocains et sahraouis en 1991. Citons notamment la commutation de 195 condamnations à mort en 1993, et la libération, en 1994, de plus de 350 prisonniers d'opinion et prisonniers politiques condamnés à l'issue de procès inéquitables. Ces améliorations ne se sont toutefois pas étendues au Sahara occidental et l'espoir que de nouvelles mesures seraient prises, notamment pour éclaircir le sort de centaines de "disparus", a été déçu.

Les arrestations massives d'opposants présumés n'ont pas cessé au Sahara occidental. La détention prolongée au secret, désormais rarement signalée au Maroc, reste très répandue au Sahara Occidental où la plupart des personnes arrêtées ne font l'objet d'aucune procédure judiciaire. Les anciens "disparus" restent soumis à une étroite surveillance et leur liberté d'expression, d'association et de mouvement est limitée. Nombre d'anciens "disparus" ont de nouveau été arrêtés et placés en détention secrète pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Des jeunes gens arrêtés à la suite de manifestations en faveur de l'indépendance ont été condamnés par un tribunal militaire à des peines allant jusqu'à vingt ans d'emprisonnement pour atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat. Ces prisonniers d'opinion sont toujours incarcérés; leurs plaintes pour tortures infligées pendant leur détention prolongée au secret n'ont fait l'objet d'aucune enquête.
Le présent rapport évoque également les préoccupations d'Amnesty International concernant les exactions commises par le passé dans les camps de réfugiés adminstrés par le Front Polisario, dans le sud de l'Algérie.

Amnesty International invite:

- Les autorités marocaines à prendre des mesures pour mettre un terme aux violations des droits de l'homme commises au Sahara occidental, à élucider le sort de tous les "disparus", à enquêter sur les "disparitions" et sur les autres violations passées et présentes des droits de l'homme et à traduire les responsables en justice;

- Les Nations unies à prendre sans délai les mesures necessaires pour veiller au respect des garanties en matière de droits de l'homme contenues dans le mandat de la Minurso, et à élargir le mandat de cet organisme de façon qu'il prévoie la surveillance des droits de l'homme sur le terrain et des enquêtes sur les cas présumés de violations;

- Le Front Polisario à prendre les mesures necessaires pour faire en sorte qu'aucun individu ne soit arbitrairement détenu, torturé ou maltraité, et à veiller à ce que toute personne présumée responsable d'exactions soit écartée de tout poste d'encadrement.

Londres,18 avril 1996

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Le maire de Bagnolet exige la libération des prisonniers sahraouis

(Lettre à l'ambassadeur du Maroc en France, le 10/06/96)

Monsieur l'ambassadeur,

Je souhaite, par la présente, attirer votre attention et celle de votre gouvernement sur la situation extrèmement préoccupante de la population du Sahara occidental.
En effet, la population qui compose ce pays, toujours occupé par le votre depuis le départ, en 1976, attend toujours de pouvoir exercer son droit légitime à l'autodétermination reconnu par l'Organisation des Nations unies.
D'autre part, lors de sa dernière visite en France, le Roi Hassan II avait affirmé qu'il n'y avait plus de détenus politiques dans les prisons marocaines. Or cette information est en contradiction avec le fait que 526 Sahraouis soient toujours portés disparus. Cette atteinte à la liberté d'opinion et aux droits de l'homme est intolérable, c'est pourquoi je m'associe pleinement à l'appel lancé à la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui à l'occasion de la journée européenne de solidarité afin d'exiger la libération immédiate des prisonniers, et la reconnaissance des droits légitimes du peuple sahraoui.
Je vous serai reconnaissant de bien vouloir transmettre cette requête à votre gouvernement.
Je vous prie d'agréer, M. l'Ambassadeur, l'expression de mes sentiments distingués.

Daniel Mongeau,
Maire de Bagnolet, vice-président du conseil général de la Seine Saint-Denis




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