Madrid et la cause sahraouie
Difficile de faire taire le peuple d'Espagne
L'apartheid marocain (Frank Ruddy)
L'Internationale libérale
Royaume Uni
Conférence des chefs d'état de l'OUA
Accord Maroc/UE
Résolution sur le MAROC, adoptée le 6 juin 96
Intergroupe Parlementaire
M. Abdelaziz à "La Tribune": Quelle est maintenant la force de la MINURSO ?
MAROC: Une option à haut risque
TERRITOIRES LIBÉRÉS: des journalistes français ont fait le voyage
Amnesty International : Violations des droits de l'homme au Sahara Occidental
Le maire de Bagnolet exige la libération des prisonniers sahraouis
Fadel Ismaël
Cinq années de cessez-le-feu, la présence de l'ONU
au Sahara occidental, n'ont pas changé grand chose au conflit
de décolonisation qui oppose le Front Polisario au Maroc.
Aucune perspective de solution ne s'annonce, le
référendum est une opération impossible dans
l'état actuel des choses et, à force d'immobilisme, les
hommes s'impatientent: la guerre se profile à l'horizon. Rien
n'a réellement modifié les relations maroco-sahraouies:
si ce n'est qu'après avoir essayé la guerre,
après avoir essayé la paix, les problèmes de
fond demeurent.
Il est aujourd'hui évident que les parties ne peuvent camper
sur leurs positions plus longtemps. Mais personne ne veut perdre. Le
Maroc a décidé de maintenir le Sahara occidental sous
sa souveraineté tandis que le Front Polisario se bat pour que
le peuple sahraoui puisse exercer son droit légitime à
l'autodétermination. Or, tout le monde le sait, si le
référendum d'autodétermination sahraoui devait
se dérouler dans des conditions normales - c'est
à dire justes et sans contraintes - le peuple
sahraoui, qui, par la force des choses, a goûté à
l'autorité du Maroc, choisira l'indépendance. Cela le
Maroc ne peut l'accepter, nous l'avons tous compris.
Cependant, nous pouvons - il le faut - choisir de
mettre un terme à ce conflit rapidement. « la paix
est dans l'intérêt de tous les protagonistes qui, tous,
la désirent - dès lors qu'elle leur est
présentée de manière attrayante » ,
écrit Ahmed Baba Miské , en notant que « ce
qui a toujours fait défaut, c'est ce "troisième acteur"
si souvent indispensable pour arrêter un conflit.»*
Différentes issues sont envisageables du moment qu'on en parle
ensemble. Le Maroc et le F. Polisario doivent éliminer les
cause de blocage et trouver un terrain d'entente, et pour ce faire,
ils ont besoin d'aide. « Autres pays voisins du Sahara,
poursuit M. Baba Miské [« un observateur
(très) concerné »], l'Algérie et la
Mauritanie restent des acteurs incontournables de toute recherche de
solution, même si elles ne se considèrent pas comme
parties directes au conflit » Certes les
Algériens sont fortement préoccupés par l'option
qui sera prise en réponse à la question de la
souveraineté du Sahara occidental. Cette réponse
établira en grande partie les données
géopolitiques qui feront le Maghreb du XXIe siècle. Par
exemple, la sécurité de la Mauritanie « en
dépend largement, ainsi que la qualité de ses relations
avec ses voisins maghrébins », indique M. Baba
Miské rappelant que « deux pays semblent parmi les
mieux placés pour réussir une médiation: la
France et la Mauritanie. » En tant que partenaire principal
des pays du Maghreb, la France a un rôle de premier plan
à tenir dans le dénouement de ce conflit auquel elle a
toujours été implicitement liée. La Mauritanie,
quant à elle, a fait la paix, depuis longtemps, avec le Front
Polisario, reconnaît la légitimité de la
République sahraouie et « entretient des relations
équilibrées avec toutes les parties »
remarque Ahmed Baba Miské, observant qu'
« une médiation franco-mauritanienne serait
facilitée par les excellentes relations qui existent entre
Paris et Nouakchott. »
C'est précisément cette question - le rôle
que la France peut jouer dans le règlement du problème
du Sahara occidental -, qui a été posée
à Jacques Godfrain, le ministre français
délégué à la coopération, en
visite à Nouakchott, le 6 juin 1995. M. Godfrain a
évoqué, pour toute réponse, « tout le
rôle de médiation que peut jouer la Mauritanie dans
cette affaire. » Quant à la question posée:
il faudra bien que la France y réponde un jour ou l'autre.
Henri Brouste
* in « Sahara: pour une
médiation franco-mauritanienne » Jeune Afrique
du 5 au 11 juin 1996.
Sommaire
En 1966, Mohamed Sid Ibrahim Bassiri, l'enfant de Tan-Tan, a 25 ans. Il est Rabat après avoir fait des études de journalisme au Caire et à Damas. Il y fonde le journal sahraoui Al Chihab (« la Torche ».), lequel rencontre une hostilité grandissante. Depuis 1956, l'idée d'un « Grand Maroc » allant « de Tanger au fleuve Sénégal » a fait son chemin et de nombreux adeptes à qui l'émergeance d'un front politique indépendantiste au Sahara Espagnol, ne dit rien qui vaille. Déception de Bassiri et de ses compagnons qui ont été, pour certains, combattants aux côtés de leurs frères marocains dans l'Armée de Libération.
Bassiri rejoint alors El Aïun, où il organise le Front de libération du Sahara (FLS). Dans la clandestinité, le mouvement mobilise et politise. Le 17 juin 1970, le FLS sort au grand jour pour une importante manifestation, place Zemla, à El Aïun et remet une pétition au général Perez Delema, le gouverneur de la « province ».
Le FLS revendique l'autonomie interne, un accord avec l'Espagne fixant la date limite pour la proclamation de l'indépendance du Sahara et l'évacuation des troupes espagnoles; l'arrêt de l'exploitation des ressources du Sahara occidental sans l'accord des Sahraouis.
La réaction de Madrid ne se fait pas attendre: trois bataillons donnent la charge et procèdent à l'arrestation de centaines de manifestants dont Bassiri. C'est l'échec de la voie pacifiste qui détermine, trois ans plus tard, la proclamation d'un mouvement armé pour la libération du Sahara occidental: le Front Polisario.
Ce 17 juin 1970, Mohamed Sid Ibrahim Bassiri a disparu. Selon certaines sources, il aurait été torturé à mort dans un fort espagnol. Madrid a assuré, pour sa part, l'avoir envoyé au Maroc. Certains le croient encore vivant.
Vingt-six ans plus tard, le destin de Bassiri demeure un mystère total.
Sommaire
Le Parlement européen se réserve un droit de
regard sur les droits de l'homme au Maroc et la question du Sahara
occidental.
Au cours d'un débat sur l'accord Maroc/UE qui s'est
déroulé mercredi 5 juin 1996 au Parlement
européen à Bruxelles, le Commissaire Manuel Marin,
évoquant la situation au Sahara occidental, a
précisé que « la seule façon de
régler le problème du Sahara occidental passe par la
négociation dans le cadre des Nations unies. Nous attendons le
rapport final que doit déposer le secrétaire
général, M. Boutros-Ghali, le 31 août. À
ce moment, l'Union devra à nouveau se pencher sur cette
question »
L'accord d'association Maroc/UE a été adopté par
263 voix pour, 65 contre et 8 abstentions. Non sans
hésitations et réserve en raison du non respect des
droits de l'homme par le Maroc et en raison de « l'attitude de
ce pays accusé d'entraver le processus de règlement du
conflit du Sahara occidental ». Pour l'Agence Europe, « le
ton général était "Oui, mais", sauf dans le cas
du groupe des Verts et celui de la Gauche européenne
unifée qui ont appelé pour une non-coopération
avec le Maroc. »
L'Agence Europe a noté que « les réserves
exprimées au sujet de l'accord Maroc/UE se sont traduites par
l'adoption d'une résolution conjointe, présentée
par le groupe socialiste, par 278 voix pour, 34 contre et 36
abstentions. »
Dans cette résolution, poursuit l'Agence Europe, « le
Parlement Européen a exprimé son inquiétude au
sujet de la situation des droits de l'homme et de l'évolution
démocratique au Maroc et lui a demandé de lui
présenter, au moins une fois par an, un rapport sur la
situation des droits de l'homme. »
Concernant le Sahara occidental, la résolution note les
souhaits du Conseil de sécurité des Nations unies que
les autorités marocaines et le Front Polisario approfondissent
leur dialogue en vue d'éliminer les obstacles qui se dressent
devant l'organisation du référendum
d'autodétermination sahraoui.
QUELLE EST MAINTENANT LA FORCE DE LA MINURSO ?
Mohamed Abdelaziz à «La Tribune»
« La résolution 1056 est un temps supplémentaire
accordé à la Minurso, un temps supplémentaire
pour le maintien du Cessez-le-feu et les démarches politiques
entre les deux parties », a déclaré, lundi 10
juin 1996, le président de la RASD, M. Mohamed Abdelaziz, au
quotidien algérien, «La Tribune».
Le Front Polisario veut que la responsabilité totale du
processus de règlement du conflit du Sahara occidental soit
assumée par l'ONU et l'OUA, et l'idée d'un bureau
politique onusien chargé de nouer le contact entre les parties
et d'aboutir à un compromis va dans ce sens. Mais les «
interrogations principales » demeurent. Les chances de
réussite de la Minurso dépendent de « ce que sera
la force de ce bureau politique, () son autorité, ses limites
», selon Mohamed Abdelaziz, qui se demande si le sursis
accordé par la résolution 1056 sera «
utilisé pour réellement faire pression sur le Maroc
» alors que « cinq ans de présence des Nations unies
au Sahara occidental avec un plan de paix prêt à
l'emploi n'ont pas empêché le Maroc de faire
échouer ostensiblement toutes les initiatives engagées.
».Pour le président sahraoui, « la logique aurait
voulu que le Conseil de sécurité, au lieu de diminuer
les effectifs de la Minurso, de suspendre la commission
d'identification, augmente au contraire, sa présence
militaire, policière, civile et politique sur place.
»
« D'un côté le Conseil de sécurité et
l'esprit qui le domine mettent en avant la nécessité de
stabilité, de paix et la peur de l'escalade, d'un autre il
n'est pas prêt à prendre les engagements qu'il faut,
à mettre en place les moyens humains, politique et financiers
pour prévenir ce qui pourrait désormais arriver dans la
région. Nous avons le sentiment que sa préoccupation
essentielle n'est que le maintien du cessez-le-feu. Cela pour nous
n'est une position ni responsable, ni acceptable, ni objective
». Sans réponse aux questions que soulève la
décolonisation du Sahara occidental, et par le maintien
artificiel du statu quo actuel qui n'est pas la paix , on ne saurait
favoriser la stabilité durable de la région. Il faut
crever l'abcès et trouver un compromis sinon acceptable par
tous, au moins juste devant l'Histoire.
(...)« David contre Goliath, la République Arabe
Sahraouie Démocratique (RASD) se dit prête à
reprendre le combat contre le Maroc () Elle désespère
aujourd'hui de voir organiser le référendum
d'autodétermination promis par l'Onu. () Les
révolutionnaires mûrissants de la RASD font face
à un dilemne. Aprés vingt ans d'impasse, « la
génération née dans les camps réclame des
comptes », note un cadre. Il ne s'agit plus de nomades
illettrés, mais de jeunes gens formés en
Algérie, voire en Libye et à Cuba qui n'ont d'autres
perspectives que l'uniforme ou la toile de tente.
« Nous n'avons pas seulement les armes, mais aussi les
pierres et les couteaux, dit le président Abdelaziz. Nous
pouvons combattre l'occupation militaire de
l'intérieur. »
« Des grands noms de la guerilla africaine, le Polisario se
retrouve seul à n'avoir pas réussi sa
révolution. () À grands frais, l'ONU entretien au
Sahara occidental, une commission civile et militaire, la Minurso.
Depuis 1991, pas un coup de feu n'a été tiré,
mais le référrendum promis dès 1978,
s'éloigne toujours un peu plus, tel un mirage. () Les
officiels des Nations unies continuent de quadriller le désert
dans leur jeep climatisées; mais ils n'ont « absolument
rien » à dire sur les progrès de leur mission.
» Le Figaro (6/5/96)
« Menacé dans son existence par une
pérennisation du statu quo, le mouvement sahraoui (Front
Polisario) s'est ménagé deux recours, l'un
diplomatique, l'autre militaire: l'appui de l'Afrique du Sud et
l'"intifada" dans les "zones occupées" par le Maroc. La
reconnaissance diplomatique de la RASD par Prétoria, que
Mohamed Abdelaziz annonce pour « très
prochainement », jetterait dans la balance tout le prestige
moral de Nelson Mandela. (...) Quand à un soulèvement
populaire à l'intérieur du Sahara Occidental,
l'idée hante apparemment tous les esprits du côté
de Tindouf. Mustapha Béchir Sayed justifie d'avance une
« guerre totale » que « le faible
mène contre le fort », y compris au moyen de
plasticages. Le Premier ministre du Polisario, Mahfoud Ali Beiba,
estime même que « des actions de d"stabilisation
à l'intérieur du
Maroc » - l'attaque de casernes, le sabotage de
dépôts de carburant ou d'autres
infrastructures - « ne relèvent pas du
terrorisme. » Si, pour sa part, Mohamed Abdelaziz exclut
« tout acte terroriste », il souligne
néamoins que « les Sahraouis peuvent sa battre non
seulement avec des armes militaires mais, aussi, avec des pierres et
des couteaux. » Enfin, après cinq années de
trêve « qui n'ont apporté que le
désespoir », le général Ghali croit
les Sahraouis « mentalement plus disposés à
l'intifada. »
Piégé au pied du mur, le Polisario profère-t-il
des menaces gratuites? L'un de ses dirigeants les plus politiques,
Mamout Abdelfatah, rappelle que, dans la cosmogonie sahraouie, un
rocher inivisible est suspendu sur la tête de chaque fils du du
désert, prêt à l'écraser s'il se renie. En
1989 à Marrakech, lorsqu'il reçut pour la
première fois une délégation du Polisario,
Hassan II avait reconnu sa propre fragilité en parlant,
métaphoriquement, du trône alaouite. « Je ne
veux pas remettre à mon successeur un oeuf
fissuré », avait-il affirmé. Aux yeux de
Mamout Abdelfatah et d'autres dirigeants modérés, entre
le reniement identitaire du Polisario et ce souci royal de
stabilité « il reste un espace pour des
négociations directes, si chacun assume sa part de
réalité. » Libération (9/5/96)
« Quel sera le crépuscule des Sahraouis?
Après le Rwanda et la Somalie, Boutros Boutros-Ghali, le
Secrétaire général de l'ONU, ne peut se
permettre un nouvel échec. Cette année, il
espère être réélu par l'Assemblée
générale, et il renouvellera certainement le mandat de
la Minurso. Mais, après cinq années d'une paix
amère, le Polisario s'impatiente. Bachir Mustapha Saïd,
un dirigeant "dur", exige le départ des Casques bleus. El les
combattants, affirme un officier, « ne demandent
qu'à se dégourdir les jambes. » Mais pour
quel type de mission? Un assaut frontal contre le mur? Des
opérations de harcèlement, de terrorisme? Une
"Intifada" dans les territoires contrôlés par le Maroc?
Les Sahraouis n'ont qu'une réponse. Tout doit être fait
pour briser l'oubli où les a confinés la
communauté internationale. Tout plutôt que
disparaître.
l'Evènement du Jeudi(16-22/5/96)
« Le ministre de la défense, bien qu'adepte du
secret et abonné au concept militaire universel de "la grande
muette", rejette toute option terroriste, telle que certains
politiques pourraient la concevoir. Il ébauche cependant une
stratégie: « Le Front Polisario est connu pour mener
une certaine forme de guerre. Nous n'utiliseront jamais le
terrorisme, même si nous sommes au bout de nos forces. Mais la
guerre peut nous conduire à déterminer un certain
nombre de choses qui pourraient jouer un rôle
déterminant. » Les Sahraouis pourraient-ils se
lancer dans une forme d'intifada, pour harceler les Marocains ? Le
ministre se fait grave et affirme que les Sahraouis des territoires
occupés ont les mêmes devoirs que les autres citoyens
qui combattent dans les zones libérées. « Je
suis certain que la libération nécessite un sacrifice,
mais le choix de l'intifada ou de toute autre force de combat sera
dictée par les circonstances. Pourtant, si le retrait des
Nations unies et l'espoir d'une autodétermination
s'éloigne et si l'on voit qu'une guerre des pierres peut
racourcir le chemin vers l'indépendance, nous aviserons, mais
je concède que les Sahraouis en sont plus proches qu'en
1990. » La guerre des sables chauffe doucement l'ouest de
l'immense désert. Pourtant, en dépit de ces paroles
abruptes, de cette désespérance, les appels à la
médiation, française notamment, se font entendre. L'un
des principaux dirigeants du Front Polisario rappelle les risques
d'un nouvel embrasement au sud du Maghreb, déjà
miné par l'intégrisme et il cite ce proverbe:
« Personne n'aime voir brûler la tente de son voisin,
le vent risque de transmettre l'incendie à sa propre
tente.»
L'Alsace (16/5/96)
Lever les obstacles
Dans une lettre adressée le 11 juin 96 au Conseil de
sécurité des Nations unies, le président
Ghanéen, J.J.Rawlings, président en exercice de la
Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest (ECOWAS) s'est déclaré «
préoccupé par les derniers développements de la
mise en uvre du plan de paix de l'ONU au Sahara occidental ().
« Au nom de l'ECOWAS, poursuit la lettre, je vous adresse
un appel pressant pour redynamiser l'engagement des Nations unies au
Sahara occidental () pour la vie de centaines d'innocents, hommes,
femmes et enfants, qui pourraient mourir si le cessez-le-feu au
Sahara occidental venait à être interrompu () »
« Les Nations unies doivent encourager les autorités du
Front Polisario et le gouvernement du Maroc à engager un
dialogue direct dans un effort résolu en vue de lever les
obstacles qui se dressent actuellement devant le processus de paix au
Sahara occidental. »
Encore un viol aérien du cessez-le-feu
Le 29 mai 1996, à 18. 40 gmt, deux avions de combat marocains
ont survolé la localité de Dougaij, au sud du Sahara
occidental contrôlé par le Front Polisario. Ce survol
constitue, selon les termes du plan de règlement et les
recommandations du secrétaire général des
Nations unies, une violation du cessez-le-feu. Cette violation est
d'autant plus flagrante qu'elle survient au moment où le
Conseil de sécurité a adopté sa
résolution 1056, appelant le Maroc et le Front Polisario
à faire preuve de volonté politique pour l'application
du plan de paix.
Libre au Maroc de violer le cessez-le-feu, puisque l'ONU ne fait
rien, alors libre aux combattants de l'Armée de
libération sahraouie de répondre en abattant tout avion
qui s'aventurerait à violer l'espace aérien du Sahara
libéré. Dans ce cas, la riposte ne serait que
légitime défense, en toute conformité avec la
légalité.
...et de nouvelles victimes des droits de l'homme au
Sahara occupé par le Maroc
Le XXIIIe anniversaire du déclenchement de la guerre de
libération nationale par le peuple Sahraoui a
été fêté, le 20 mai, dans les villes
occupées du Sahara occidental. À Boujdour, les
autorités marocaines ont arrêté plusieurs
dizaines de jeunes sahraouis qui distribuaient des tracts pour
l'indépendance et des drapeaux aux couleurs de la RASD. Parmi
ces nouveaux disparus figurent notamment: Andalla Cheikh Abilil -
Abdallahi Loueli Lekhfaouni - Salek Laghdaf Bembari - Abdallahi Dafa
Mohamed - Mohamed M'barek Kharachi - Saleh Mohamed Lamine Baiba -
Abdallahi Mustapha Sidi Ahmed - Sid'Ahmed Ahmed Moustapha - Ahmed
Nabt Ahmed et Mansour Ali Sid'Ahmed.
Ces jeunes ont été transférés les yeux
bandés à la prison secrète d'El Aïun
où ils ont été passés par la torture, et
ce, avant d'avoir été présenté au
tribunal qui les a condamné à des peines de prison
allant de 18 mois à 7 ans.
Cette vague d'arrestations et d'intimidations, menées par le
Maroc à l'encontre des Sahraouis demeurés dans les
villes qu'il occupe au Sahara occidental, et les procès
expéditifs et injustifiables qui les ont suivis, ont eu lieu
en dépit du fait qu'il incombe à la Minurso de
surveiller et d'assurer la protection des droits de l'homme et des
droits fondamentaux des citoyens sahraouis dans les territoires
administrés par le Maroc.
...À quoi sert donc la Minurso?
L'organisation du référendum au Sahara occidental est
interrompue depuis la fin 1995, aussi, l'ONU a-t-elle eu quelque
difficulté à conserver la légitimité de
la Minurso qui comme chacun sait porte mal son nom depuis cette
interruption. Dans sa résolution 1056, le Conseil de
sécurité, a donc procédé à une
nécessaire redéfinition des attributs de sa mission au
Sahara occidental: rappelant que la Minurso est chargée
de surveiller le cessez-le-feu en tant que « partie
intégrante du plan de paix » et de s'assurer que les
droits de l'homme sont respectés sur le terrain. Or, au vu des
violations aériennes du cessez-le-feu qui se sont
intensifiées depuis le début de l'année sans que
la moindre remarque n'ait été faite au Maroc qui les
perpétue, au vu des populations sahraouies habitants dans les
villes du Sahara occupé par le Maroc qui continuent de subir
la répression des autorités marocaines, on est en droit
de se demander à quoi sert la Minurso?
Sommaire
Cette année encore, une centaine d'écoliers
sahraouis de 9 à 11 ans, vont être accueillis pendant
deux mois de vacances (juillet et août) par leurs camarades de
France, dans une douzaine de villes-surs et grace à des
organisations aussi diverses que les Guides de France,
Vacances-voyages-loisirs, France-libertés ou l'AFASPA.
Dans les « colos » et les familles on les attend avec
impatience, ces petits ambassadeurs d'un peuple en exil, on les
attend pour vivre des moments de vrai bonheur et de partage comme
ceux de l'an passé: Najem, 11 ans, qui plonge dans la piscine,
sans savoir nager ou Cheikh, 12 ans, recevant fièrement le
foulard de ses hôtes, les éclaireurs de Loon-plage, ou
Maryam, haute comme trois pommes, qui se met à chanter une
complainte du désert pour ses compagnons ébahis dans le
car descendant les Champs Élysées.
Comme le dit Gilles, le directeur d'un centre de loisir, « ces
séjours sont une sacré expérience pour des
enfants qui n'ont guère connu que le soleil, le sable et les
tentes chez nous, ils découvrent des éléments
presqu'inconnus: la pluie, l'herbe, les arbres, la montagne; ils sont
confrontés à un autre mode de vie, pas forcément
idéal avec sa télé, ses immeubles, ses voitures,
mais ce qu'ils nous apportent, en échange, est aussi important
que ce qu'ils reçoivent: une culture authentique, riche de
chants et de danses, et un sens développé de la vie en
collectivité. Combien de parents français ont ainsi
pris conscience de l'identité profonde d'un peuple et de son
juste combat pour l'autodétermination ».
Un tremplin pour l'épanouissement
Pour comprendre à quel point ces séjours à
l'étranger sont précieux, il faut savoir qu'au
re--tour, dans les collèges, les enseignants sahraouis
organisent une véritable mise en commun des acquis
engrangés par les « petits voyageurs »
selon une pédagogie originale: la redécouverte
active.
« Parce-que ces découvertes de l'été
sont innoubliables, explique M. Sarrakh Abdessalam, professeur
d'espagnol; il suffit que les vacanciers, qui ont
séjourné dans une douzaine de pays, les restituent et
les partagent pour que tout le monde en profite. C'est la base d'un
travail scolaire fécond ».
Que soient donc remerciés chaleureusement tout ceux qui
contribuent ainsi à l'épanouissement de ces enfants du
désert, du Mans à Gonfreville, des Ulysses à
Saint-Nazaire, d'Argenteuil à Hérouville, du Havre
à Palaiseau, de Loon-plage à Toulouse.
En espérant élargir chaque année, un peu plus,
ce Tour de France de l'Amitié franco-sahraouie.
- Yvon Charon -
Sommaire
Les forces de sécurité marocaines continuent de
perpétrer de graves violations des droits de l'homme au Sahara
occidental, au mépris des traités internationaux
ratifiés par le Maroc, et malgré la présence,
depuis 1991, de la mission des Nations-Unies pour l'organisation d'un
référendum au Sahara Occidental (MINURSO).
Amnesty international est préoccupée par l'absence de
dispositions d'ensemble relatives aux droits de l'homme dans le
mandat de la Minurso, et par le fait que les garanties existantes,
déjà limitées, ne sont pas respectées. Si
des mesures ne sont pas prises de toute urgence par les Nations
unies, la Minurso restera le témoin silencieux des violations
des droits de l'homme au Sahara occidental.
Depuis une vingtaine d'années, Amnesty international n'a
cessé de recueillir des informations sur les violations des
droits de l'homme commises au Sahara occidental et de faire campagne
contre de telles pratiques. Des centaines de Sahraouis
arrêtés après l'annexion du Sahara occidental par
le Maroc, en 1975, ont "disparu". Plus de 300 d'entre eux, dont
certains avaient "disparu" depuis seize ans, ont été
libérés par les autorités marocaines en juin
1991, après avoir été incarcérés
dans des conditions inhumaines dans des centres de détention
secrets où nombre d'entre eux ont trouvé la mort. Les
autorités marocaines n'ont jamais reconnu officiellement la
mort de ces "disparus" et les familles des victimes ignorent le lieu
où leurs proches ont été enterrés. Une
trentaine de Marocains incarcérés depuis dix-huit ans
dans le centre secret de détention de Tazmamart ont
également recouvré la liberté en 1991.
Tout en saluant la libération de ces "disparus",
l'Organisation reste préoccupée par le sort de
plusieurs centaines d'autres personnes, des Sahraouis pour la
plupart, dont on reste sans nouvelles. Les anciens "disparus" et les
familles des prisonniers morts en détention secrète
n'ont reçu aucune compensation. Aucune enquête n'a
été menée sur ces "disparitions" ni sur la mort
de très nombreux prisonniers incarcérés dans des
centres de détention secrets. Les autorités marocaines
n'ont manifesté aucune intention d'enquêter sur ces
violations des droits fondamentaux, et les responsables continuent de
bénéficier d'une impunité totale.
La situation des droits de l'homme s'est sensiblement
améliorée depuis la libération des "disparus"
marocains et sahraouis en 1991. Citons notamment la commutation de
195 condamnations à mort en 1993, et la libération, en
1994, de plus de 350 prisonniers d'opinion et prisonniers politiques
condamnés à l'issue de procès
inéquitables. Ces améliorations ne se sont toutefois
pas étendues au Sahara occidental et l'espoir que de nouvelles
mesures seraient prises, notamment pour éclaircir le sort de
centaines de "disparus", a été déçu.
Les arrestations massives d'opposants présumés n'ont
pas cessé au Sahara occidental. La détention
prolongée au secret, désormais rarement signalée
au Maroc, reste très répandue au Sahara Occidental
où la plupart des personnes arrêtées ne font
l'objet d'aucune procédure judiciaire. Les anciens "disparus"
restent soumis à une étroite surveillance et leur
liberté d'expression, d'association et de mouvement est
limitée. Nombre d'anciens "disparus" ont de nouveau
été arrêtés et placés en
détention secrète pendant plusieurs semaines, voire
plusieurs mois. Des jeunes gens arrêtés à la
suite de manifestations en faveur de l'indépendance ont
été condamnés par un tribunal militaire à
des peines allant jusqu'à vingt ans d'emprisonnement pour
atteinte à la sécurité extérieure de
l'Etat. Ces prisonniers d'opinion sont toujours
incarcérés; leurs plaintes pour tortures
infligées pendant leur détention prolongée au
secret n'ont fait l'objet d'aucune enquête.
Le présent rapport évoque également les
préoccupations d'Amnesty International concernant les
exactions commises par le passé dans les camps de
réfugiés adminstrés par le Front Polisario, dans
le sud de l'Algérie.
Amnesty International invite:
- Les autorités marocaines à prendre des mesures pour
mettre un terme aux violations des droits de l'homme commises au
Sahara occidental, à élucider le sort de tous les
"disparus", à enquêter sur les "disparitions" et sur les
autres violations passées et présentes des droits de
l'homme et à traduire les responsables en justice;
- Les Nations unies à prendre sans délai les mesures
necessaires pour veiller au respect des garanties en matière
de droits de l'homme contenues dans le mandat de la Minurso, et
à élargir le mandat de cet organisme de façon
qu'il prévoie la surveillance des droits de l'homme sur le
terrain et des enquêtes sur les cas présumés de
violations;
- Le Front Polisario à prendre les mesures necessaires pour
faire en sorte qu'aucun individu ne soit arbitrairement
détenu, torturé ou maltraité, et à
veiller à ce que toute personne présumée
responsable d'exactions soit écartée de tout poste
d'encadrement.
Londres,18 avril 1996
Sommaire
(Lettre à l'ambassadeur du Maroc en France, le 10/06/96)
Monsieur l'ambassadeur,
Je souhaite, par la présente, attirer votre attention et celle de votre gouvernement sur la situation extrèmement préoccupante de la population du Sahara occidental.
En effet, la population qui compose ce pays, toujours occupé par le votre depuis le départ, en 1976, attend toujours de pouvoir exercer son droit légitime à l'autodétermination reconnu par l'Organisation des Nations unies.
D'autre part, lors de sa dernière visite en France, le Roi Hassan II avait affirmé qu'il n'y avait plus de détenus politiques dans les prisons marocaines. Or cette information est en contradiction avec le fait que 526 Sahraouis soient toujours portés disparus. Cette atteinte à la liberté d'opinion et aux droits de l'homme est intolérable, c'est pourquoi je m'associe pleinement à l'appel lancé à la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui à l'occasion de la journée européenne de solidarité afin d'exiger la libération immédiate des prisonniers, et la reconnaissance des droits légitimes du peuple sahraoui.
Je vous serai reconnaissant de bien vouloir transmettre cette requête à votre gouvernement.
Je vous prie d'agréer, M. l'Ambassadeur, l'expression de mes sentiments distingués.
Daniel Mongeau,
Maire de Bagnolet, vice-président du conseil général de la Seine Saint-Denis
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