LE COURRIER DE FRANCE

 

N° 07 janvier 1999

 

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication :
Fadel Ismael

SOMMAIRE

EDITORIAL

RASD

UNION EUROPEEENE

FRANCE

DOCUMENT

MAROC

PRESSE

DROITS HUMAINS


Editorial


La riposte appropriée

par Fadel Ismail

Après une très longue inertie, le processus de mise en œuvre du plan de paix ONU/OUA sur le Sahara Occidental a redémarré, grâce à l'action conjuguée de Kofi Annan et de son Envoyé Personnel James Baker, couronnée par les accords de Houston, matérialisant l'engagement des deux parties (Front Polisario et Maroc) vis à vis du plan de règlement et de l'acceptation des résultats du référendum.

La Commission d'identification a entendu tous les requérants conformément aux accords de Houston. Le gros a été fait (opération inédite d'identification de près de 150.000 personnes) ; Le référendum est plus que jamais possible. L'essentiel du corps électoral est aujourd'hui connu. L'identification des 65.000 personnes des tribus contestées (dont moins de 1% figure dans le recensement espagnol de 1974) ne peut rien changer à ce constat des faits.

Mais le Maroc a peur du référendum et tout indique que, connaissant les résultats de l'identification, il fera tout pour le saborder : imposer au mépris des accords de Houston l'identification - voire carrément (on ne manque pas de culot à Rabat !) l'acceptation - des 65.000 personnes comme votants sans même être au préalable entendues par la Commission d'identification, empêcher le HCR de faire son travail dans le territoire en refusant l'ouverture du bureau du HCR à El-Aâiun, au Sahara Occidental, ne pas signer l'accord sur le statut des forces, continuer de bloquer à l'aéroport d 'El Aâiun les équipements de communication des unités de déminage, embêter les membres de la Minurso par le contrôle, les filatures et les tracasseries administratives. Contrairement à Rabat, qui est revenu sur les engagements pris avec le Front Polisario devant James Baker, le Front Polisario a pleinement coopéré avec la Minurso, James Baker et Kofi Annan. Les Sahraouis ont rempli tous leurs engagements pris à Houston et ont accepté sans hésitation ni réserve les propositions du Secrétaire général de l'ONU.Celles-ci ont été pourtant pensées et formulées sur la base de la satisfaction d'une exigence marocaine (identification des groupements de tribus H41, I61 et J51/52) à laquelle le Front Polisario s'est longuement opposée, estimant que les personnes appartenant à ces groupements de tribus n'ontpas de lien avec le Sahara Occidental.

Les accords de Houston ont réglé ce problème par une formule de compromis. Alors que la partie sahraouie a respecté celui-ci, le Maroc l'a ignoré totalement et a présenté à nouveau la même exigence, par ailleurs injustifiable. D'où les propositions du Secrétaire général de l'ONU, présentées en novembre dernier aux parties par son adjoint, le Français Bernard Millet.

L'acceptation de l'intégralité de ces "mesures" par le Sahraouis est sans doute une nouvelle concession. Ils veulent par-là témoigner, une fois de plus, de leur désir sincère de coopération avec l'ONU afin de déjouer les manœuvres marocaines d'obstruction du référendum et parachever le processus de décolonisation du Sahara Occidental. Le Secrétaire général a accueilli avec satisfaction la position sahraouie et le Conseil de sécurité, dans sa dernière résolution (1265/1998, du 17 décembre 1998) "s'est félicité que le F. Polisario ait officiellement accepté d'appliquer l'ensemble des mesures" proposées.

A l'instar de nombreux observateurs, les sahraouis ont cru que Rabat, une fois son exigence d'identification des tribus contestées satisfaite, se décidera à rompre avec son intransigeance et acceptera de coopérer avec l'ONU. Au contraire, il est en train de se livrer à une série de manœuvres dilatoires qui cachent mal ce qui n'est autre qu'un refus des propositions de l'ONU. Dans sa dernière résolution (17.12.1998), le Conseil de sécurité a donné à Rabat jusqu'au 31 janvier 1999 pour qu'elle accepte les mesures du Secrétaire Général. Mais il n'est pas exclu que Rabat passe outre cet ultimatum et confirme son refus aux propositions de l'ONU, exposant ainsi le processus de paix à un réel danger et le référendum s'en trouverait sérieusement menacé. Le Maroc sera l'unique responsable d'un tel échec. Va-t-il continuer de se sentir libre d'agir impunément ? La Communauté internationale restera-t-elle impuissante devant cet affront, mettant ainsi en cause sa crédibilité ?

Faute de référendum, et pour éviter le retour aux hostilités, les Sahraouis attendent de la communauté internationale une riposte conséquente : soit une sanction sévère contre Rabat, soit la reconnaissance de l'indépendance du Sahara Occidental.

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PARLEMENT EUROPEEN


Résolution sur le Sahara Occidental

Suite aux nouvelles tentatives marocaines de blocage du processus de mise en œuvre du plan de paix au Sahara Occidental, le Parlement européen a adopté, le 14 janvier 1999 à Strasbourg, la résolution suivante, qui se passe de tout commentaire :

Le parlement européen,
- vu ses résolutions et ses recommandations précédentes sur la situation au Sahara Occidental,
- vu le rapport du Secrétaire général des Nations unies du 11 décembre 1998 (S/1998/1160) et les observations et recommandations qu'il contenait,
- vu les résolutions 1204 (1998) du 30 octobre 1998 et 1215 (1998) du 17 décembre 1998 du Conseil de sécurité des Nations unies,

A. Observant que des progrès notables ont été réalisés au cours des derniers mois concernant le processus relatif au référendum au Sahara Occidental et que toutes les parties concernées par ce processus ont publiquement fait part de leur volonté d'accélérer le mouvement,

B. Craignant que, plus le temps passe, plus la perspective d'une concertation électorale s'éloigne,

C. constatant que toutes les mesures nécessaires pour assurer le rapatriement des réfugiés sahraouis appelés à voter ont été prises au plutôt et que le HCR a présenté à toutes les parties concernées un protocole à cette fin,

D. soulignant la nécessité que l'Union européenne apporte son soutien le plus large possible au Secrétaire général des Nations unies dans les efforts qu'il mène pour faire aboutir le processus de référendum au Sahara Occidental au plutôt,

E. considérant que l'Union européenne devrait continuer à soutenir le rôle de médiation joué par les Nations unies, et en particulier par son Secrétaire général, et maintenir l'aide humanitaire qu'elle fournit dans la région,

  1. se félicite des progrès réalisés par le Secrétaire général des Nations unies concernant le processus relatif au référendum au Sahara Occidental et invite les parties concernées à confirmer et à renforcer la volonté dont elles ont fait preuve au cours des négociations;
  2. invite instamment le gouvernement du Maroc à accepter dans les délais établis par les Nations unies les propositions du Secrétaire général des Nations unies visant à faire progresser la mise en œuvre du plan de paix;
  3. invite le gouvernement du Maroc et le Front Polisario à coopérer pleinement avec les Nations unies pour assurer, sans plus de retard, la tenue d'un référendum libre, équitable et impartial, sur l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental;
  4. invite les parties et les Etats intéressés à signer aussi tôt que possible le protocole proposé de rapatriement des réfugiés avec le Bureau du Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, invite instamment le gouvernent du Maroc à donner un caractère formel à la présence de le HCR sur le territoire, et demande aux deux parties de mener des actions concrètes pour permettre au HCR de réaliser les travaux préparatoires nécessaires;
  5. invite la Commission et le Conseil à apporter leur soutien le plus large possible aux travaux préparatoires qu'exigent encore le processus relatif au référendum au Sahara Occidental;
  6. invite la Commission à renforcer son aide humanitaire au peuple sahraoui, conformément aux demandes des ONG, notamment dans les domaines de l'alimentation et de la santé;
  7. décide d'envoyer une délégation d'observateurs pour suivre le déroulement du référendum au Sahara Occidental;
  8. charge son président de transmettre la présente résolution à la Commission et au Conseil ainsi qu'au Secrétaire général des Nations unies, à l'OUA, au gouvernement du Maroc et au Front Polisario.

UE : Le référendum doit avoir lieu

La présidente du Conseil, Mme Ferrero-Waldner (ministre autrichienne de la coopération), a assuré, dans une déclaration faite le 16 décembre 1998, que l'UE soutient pleinement le plan de paix ainsi que la MINURSO.
L'UE ne doit pas développer d'initiatives propres, estime-t-elle, mais agir discrètement en coulisse. "En vue d'éventuelles mesures de soutien de la part de l'Union, qui ne sont pour l'instant pas encore définies", Mme Ferrero-Waldner maintient un contact étroit avec M. Kofi Annan.
Elle révèle qu'elle a proposé au Secrétaire général de l'ONU soit de l'accompagner soit d'accompagner James Baker dans une mission commune. "Nous devons tout faire pour que le référendum ait lieu", a-t-elle affirmé. Mais les chances pour que les discussions de l'ONU avec le Maroc aboutissent jusqu'à fin janvier sont faibles.
Mme Ferrero-Waldner dit être parfaitement consciente que le Maroc cherche à retarder le processus, puisque le résultat du vote sera très probablement en faveur de l'indépendance (Arso).

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R.A.S.D.


Ould-Salek : Choisir entre le référendum et la RASD

Le ministre des affaires étrangères et de la coopération de la RASD a accusé le Maroc d'entraver le processus de règlement au Sahara Occidental et a appelé la communauté internationale à faire pression sur Rabat.

Lors d'une conférence de presse, tenue le 27 décembre 1998 à l'ambassade de la RASD à Alger, M. Mohamed-Salem Ould-Salek a indiqué que le Front Polisario espère que le Maroc acceptera les dernières propositions du Secrétaire général des Nations unies. Dans le cas contraire, "la communauté internationale doit reconnaître, sur les plans politique et diplomatique, la RASD".

"Si le Maroc continue de s'opposer à la volonté clairement affichée des Nations unies et à la légalité internationale", a-t-il poursuivi, le Conseil de sécurité est en devoir d'étudier les modalités de sanctions économiques et politiques à l'endroit du Maroc".

"Le peuple sahraoui, épris de paix et de justice, privilégie les voies pacifiques. Le cas échéant, nous serons contraints de recourir une nouvelle fois à la lutte de libération nationale. De ce qui en découlera sur le plan national, régional et international, seul le Maroc sera tenu pour responsable", a-t-il conclu (APS).

Le CICR visite des prisonniers marocains

Une délégation du CICR, comprenant un médecin, a visité, du 2 au 8 décembre 1998, 1'080 prisonniers marocains aux mains du Front Polisario. Le CICR a également vu les 84 personnes libérées en avril 1997, qui attendent toujours d'être rapatriées vers le Maroc (Arso).

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DROITS HUMAINS


Les rescapés de la prison marocaine revendiquent leurs droits

Dans son numéro 11, du 20 au 26 novembre 1998, le périodique marocain As-Siyassa a révélé que les 320 détenus sahraouis (50 à El Aâiun et 270 à Kalâat-Megouna), libérés par les autorités marocaines en juin 1991 continuent d'endurer les difficultés dans leur vie quotidienne (problèmes de santé, de travail, etc.). 57 d'entre eux sont décédés en prison ( 43 à Kelâat-Megouna et les autres à El Aâiun). 13 autres (jusque' octobre 1998) sont décédés après leur libération, à la suite de maladies graves, conséquence de leurs mauvaises conditions de détention : cancer, cœur, reins,gastrite. etc. Leur âge varie de 12 à 100 ans ; 69 d'entre eux sont des femmes dont l'âge varie de 12 à 70 ans. Ils comptent des familles entières, à l'exemple des familles Leili et Abdes-Samad, ainsi que deux handicapés mentaux.
Après de vaines tentatives auprès des autorités à El Aâiun, un groupe de ces détenus séjourne depuis le 29 août 1998 à Rabat dans le but d'attirer l'attention des autorités marocaines sur leurs conditions et réclamer leurs droits à l'indemnisation, aux soins médicaux et au travail.

Un Sahraoui privé de passeport

Selon le périodique marocain Al-Ousbou, les autorités marocaines refusent de donner son passeport à un Sahraoui. "Voilà plus d'un an que Ahmida Jamaâ attend son passeport. Il s'est adressé au ministère des droits de l'Homme, au ministre de l'intérieur et à la Wilaya de Laâyoune. Seul le ministère des droits de l'Homme lui a répondu qu'il avait écrit au ministère de l'Intérieur en avril 98...". Ce que le journal n'a pas dit c'est que des milliers de Sahraouis sont privés de toute leur liberté !

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F R A N C E


Essonne : Soirée de solidarité avec le peuple sahraoui

En marge de son congrès, la Fédération de la CGT à l'Essonne organise le 20 janvier 1999 à Evry une soirée de solidarité avec le peuple sahraoui. Le représentant en Europe de l'Afapredesa (Association des familles et parents des disparus sahraouis), M. Daoud Khadir et le Secrétaire général de l'Association des Sahraouis en France, M. Mohamed M'barek assistent à cette soirée où un film sur le peuple sahraoui sera projeté, suivi de débat.

Le Havre : Lettre au Forum des progressistes européens

Profitant de la tenue du forum des progressistes européens (15.01.1999 à Paris), l'association "Un camion citerne pour les Sahraouis" a adressé aux participants le message suivant :

"Le 7 décembre 1998 devait se tenir au Sahara Occidental, le référendum d'autodétermination, donnant enfin aux populations sahraouies, aux termes du plan de paix des Nations Unies et de l'OUA initié en 1991, la possibilité de choisir entre l'indépendance ou l'intégration au Maroc.
En dépit des efforts des Nations Unies, la date prévue est à nouveau reportée, prolongeant d'une nouvelle année l'exil d'un peuple qui vit cette situation depuis 23 ans.
Le Conseil de sécurité a, le 30 octobre 1998, réaffirmé sa volonté de voir se dérouler "un référendum libre, régulier et impartial en vue de l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental", conformément aux accords de Houston signés en 1997 par les représentants du Front Polisario et du Maroc.
Le droit à l'autodétermination doit être respecté, la confiance que le peuple sahraoui a placé dans la communauté internationale ne doit pas être vaine, il y va de l'avenir de ce peuple et de la paix au Maghreb.
Nous vous appelons donc à agir pour que le peuple sahraoui choisisse son destin."

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MAROC

Du phénomène intégriste

Sous le titre : "Rabat garde le silence sur la manifestation islamiste de soutien à l'Irak", Pedro Canales écrit dans El Pais du 22.12. 98 :
"Les autorités marocaines ont décidé de garder le silence sur la participation principale des organisations islamistes dans la manifestation gigantesque du dimanche en solidarité avec le peuple irakien. Les moyens de communication officiels se sont limités à signaler qu' une "manifestation populaire" spontanée convoquée par "certains mouvements qui ne sont pas au courant de son interdiction" s'est déroulée à Rabat.
Les partis démocratiques de la coalition du gouvernement présidé par le socialiste Abderrahmane Youssoufi se sont montrés gênés par l'absence notoire des formations démocratiques dans la marche. A l'exception de la Jeunesse socialiste et de certains membres de la centrale syndicale CDT, le reste des formations de la coalition était absent. Seul le journal communiste El Bayane a signalé que les islamistes du Parti de la Justice et Développement et de la Justice et Charité ont pris part à la manifestation.
L'inusuelle absence de drapeaux et de portraits du roi et la présence protagoniste des islamistes radicaux de Justice et Charité ont suscité la nervosité des autorités. Le cheikh Abdesslam Yassin continue de diriger, depuis sa résidence de Salé où les autorités l'ont enfermé, un mouvement qui déclare posséder "des milliers de membres dans tous les coins du pays".

De son côté, le journal marocain Al-Bayane écrit dans son édition du 9.1.1999, sous le titre "Les jeunes et la politique: une relation ambiguë" (par Ahmed Moumnine) :
Les jeunes ne s'intéressent pas à la politique. Non pas parce qu'ils ont été déçus mais, tout simplement, parce qu'ils n'ont pas été suffisamment encadrés. Le système éducatif y est pour beaucoup. C'est aussi parce que les partis politiques ne se sont pas totalement investis dans l'encadrement des jeunes. Une situation que les islamistes se sont empressés de combler en encadrant les jeunes... mais à leur manière... Les partis de la Koutla avaient, à travers leur chabiba, essayé d'investir les facultés. Au début des années 70, ils ont réussi. A partir du début des années 80, ils vont cependant lâcher prise. Laissant ainsi le terrain vide à certains mouvements islamistes épaulés, dans le temps, par les pouvoirs publics. Ces derniers, en revanche, ont réussi dans leur mission d'encadrement... Résultat, aujourd'hui, ils disposent d'une capacité de mobilisation des jeunes qui dépasse toutes les prévisions. La preuve en a été donnée tout récemment lors de la marche de solidarité avec le peuple irakien.

Pour sa part, Al Mounaddama, un autre journal marocain, écrit, dans son numéro du 9.1.1999, sous le titre "La résidence forcée du cheikh Yassine entre dans la 9ème année" : On se demande vraiment quelle est la validité de la perpétuation de la résidence surveillée imposée à Abdeslam Yassine, alors que sa pensée, ses livres, ses idées et les choix de son Association connaissent un développement accru...

Dans un récent ouvrage, intitrulé "Monarchie et Islam politique au Maroc" (Ed. Presse de Sciences Po, 1999), le professeur marocain, Mohamed Tozy, aborde ainsi la question des islamistes au Maroc :

" Dans toutes les interviews qu'il a accordées aux médias étrangers, le roi a eu tendance à minimiser l'impact du mouvement islamiste au Maroc, en distinguant le fondamentalisme (application stricte des règles de conduite de l'islam et nécessité de ressourcement dans le corpus originel [Coran et Sunna]), qu'il revendique, et l'intégrisme, qu'il condamne. Cette attitude laisse peu de chance à l'insertion officielle du mouvement : les autorités, jusqu'à maintenant, n'ont toujours pas délivré de récépissé de dépôt à l'association Al Islam WA Tadjdid (ce qui équivaut à une semi-reconnaissance) et ont refusé de reconnaître l'association Al Adl wa L-Ihsan.
L'influence des islamistes se situent avant tout dans l'espace privé. Leur présence sur la scène publique a eu comme conséquences de banaliser la figure de l'islamiste et même de la faire accepter comme partenaire possible par les partis de l'opposition. Des rapprochements entre l'aile fondamentaliste de l'Istiqlal et quelques groupes islamistes, notamment ceux des villes moyennes (Safi, Tétouan…), sont envisageables. Néanmoins, il ne faut pas oublier que les structures clandestines sont aussi mal connues qu'actives. L'activisme étudiant représente le côté visible de cette nébuleuse. Le mouvement islamiste, notamment Al-'Adl, voudrait profiter de l'espace d'opposition laissé par la gauche pour l'occuper dans la perspective d'une alternance future. Il a donc essayé de faire valoir ses droits politiques à l'université".

Dans la presse marocaine

Al-Mounaddama (5.1.99)
L'embarras des petits rêves,
"Beaucoup de citoyens rêvent seulement de réaliser des petites choses. Combien de jeunes aimeraient seulement avoir un emploi leur assurant la stabilité, la possibilité de fonder une famille et de vivre correctement ? Combien de gens sont absorbés par les nécessités de l'instant au point de ne pas avoir l'occasion de savoir ce que signifie l'avenir ? La majorité du peuple vit ainsi".

Le Quotidien du Maroc (4.1.99)
Cherchez la source d'information !
"Les journalistes marocains sont les derniers à être informés sur l'évolution de ce processus [Plan de paix au Sahara Occidental], se voient supplantés par la presse étrangère qui en sait plus qu'eux sur les derniers développements de ce processus «On connaît depuis longtemps l'animosité que voue la presse espagnole à notre pays». Le journal "Le Monde" sous la plume de son "tu es quoi" suit la même voie, non sans fustiger le Maroc de tous les maux "qui sabordent le référendum".

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PRESSE


Le Monde (30.12.98)

Sahara Occidental : l'échec du référendum, par Jean Pierre Tuquoi

Fin décembre, un point final aurait pu être mis à un conflit aussi ancien qu'oublié : celui du Sahara Occidental. Un référendum devait se tenir ce mois-ci sous l'égide des Nations Unies et décider de l'avenir définitif de cette ancienne colonie espagnole : soit ce territoire désertique, aussi vaste que le Royaume-Uni et peuplé de quelques centaines de milliers de Sahraouis, votait pour l'indépendance, soit il se prononçait en faveur du rattachement au royaume du Maroc.
L'année s'achève sans cette consultation. Le Front Polisario, favorable à un Etat sahraoui, et les Marocains, qui occupent l'essentiel du Sahara Occidental depuis la "marche verte" de 1975, faisant assaut de mauvaise foi, n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur les modalités du vote. Du coup, les Nations Unies ont décidé de repousser d'un an le scrutin. Il n'aura pas lieu avant décembre 1999 (…)
Rares sont même les diplomates occidentaux qui pensent qu'elle aura lieu un jour. Pour une raison très simple : les dirigeants marocains ne sont prêts à jouer la carte du référendum que s'ils sont sûrs de le gagner. Tant qu'ils n'auront pas la certitude absolue de l'emporter sur les indépendantistes du Polisario, soutenus par l'Algérie, ils entraveront sa tenue même si, dans leurs discours, ils jurent le contraire.
"Que ce référendum ait lieu ou non, les provinces du sud [le Sahara Occidental, selon la terminologie officielle] resteront partie intégrante de l'unité territoriale du Maroc", a redit vendredi 18 décembre le Premier ministre 'socialiste) marocain, Abderrahmane Youssoufi, à l'occasion de son premier déplacement dans l'ancienne colonie espagnole. On ne saura être plus clair, ni plus fermé à un compromis.
Avec le soutien de partis politiques, le roi HassanII a sacralisé "les provinces du sud" et leur rattachement à la mère-patrie. Aucun journal, aucun responsable ne peut impunément rompre "l'union sacrée" entretenue par la classe politique depuis une génération, et mettre en doute publiquement la "marocanité du Sahara Occidental". L'opposant Abraham Serfaty le sait bien qui, pour avoir osé préconiser "l'autodétermination" des populations sahraouies, s'est vu interdire de retourner dans son pays natal (…)
Depuis des années, le Maroc pratique donc un double jeu vis à vis de la communauté internationale et des Nations Unies. D'un côté, le royaume ne perd pas une occasion de réaffirmer son attachement au référendum ; de l'autre, il ne cesse d'en retarder la tenue en mettant à profit la lourdeur du processus d'identification par les Nations Unies des Sahraouis appelés à prendre part à ce scrutin (…)
Redoutant de perdre le référendum, Rabat se montre de plus en plus exigeant. Après avoir réclamé et obtenu que les membres des tribus contestées soient "identifiés" par les équipes des Nations Unies installées au Sahara Occidental, des hommes politiques marocains veulent désormais qu'ils participent "tous" à la consultation (…)
Les Marocains savent bien qu'une telle exigence - contraire à tous leurs engagements officiels - est inacceptable pour leur adversaire du Polisario et que, dans ces conditions, ils sabordent le référendum (...).

La Tribune (Mauritanie) 25.11.1998

Le Sahara Occidental et nous Par M.F. Ould Oumère
L'affaire du Sahara Occidental pèse de plus en plus sur notre devenir national. Il devient de jour en jour évident pour tout le monde, qu'une solution définitive débouchant sur un vainqueur et un vaincu (quelle que soit la forme de victoire…) est inconcevable.
Depuis que les Américains se sont saisis du dossier (à travers les Nations Unies), on sait qu'une Pax Americana nécessairement complexe et probablement frustrante pour chacune des parties sera imposée. La Mauritanie ne pourra qu'être directement "concernée" par cette solution quelle qu'elle soit.
Il est généralement admis que les conditions de la paix se négocient et se construisent pendant la guerre. Il est donc évident que l'impact de la résolution de ce conflit sur la Mauritanie sera fonction de sa présence et de son implication dans les négociations non seulement en cours, mais aussi et surtout de la manière dont elle se sera préparée à toutes les éventualités (…).

Nouakchott Matin 18.11.1998

Au-delà de la question du Sahara : Quel rôle sous-régional pour la Mauritanie ?
La visite que vient d'effectuer chez nous le Secrétaire général de l'ONU, le ghanéen Kofi Annan rentre dans le cadre des tentatives de la communauté internationale de trouver une solution à la question du Sahara qui perdure depuis la nuit des temps (…).
La Mauritanie joue admirablement bien le rôle de pays neutre qu'elle s'est attribuée dans cette affaire du Sahara, non sans oublier de se concerter avec les parties concernées (…). La Mauritanie, ce bon élève de l'ONU se voit donc solliciter pour jouer un rôle plusimportant dans la sous-région et particulièrement dans le dossier du Sahara dont elle s'est toujours affirmée d'une neutralité indéniable.
La récente nomination de Mohamed El Hacen Ould Lebatt, ancien ministre des affaires étrangères, pour s'occuper de ce dossier dénote de la volonté de Ould Taya d'avoir un "Monsieur Sahara" pour suivre de plus près ce délicat problème (...)

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DOCUMENT

"Le processus ne peut pas échouer" déclare le ministre sahraoui de l'intérieur, Khalil Sid' Mhamed au jounal mauritanien Le Calame, édition du 21.12.1998

Bien que les observateurs sont de plus en plus sceptiques quant aux chances de faire aboutir le processus de paix, en organisant un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental avant décembre 1999, le SG des Nations Unies se montre plutôt confiant dans son dernier rapport sur la question . Les mesures proposées par Kofi Annan, lors de sa dernière tournée dans la région, "ont été officiellement acceptées par le Front Polisario et ont bénéficié de l'appui sans réserve de la Mauritanie et de l'Algérie", lit-on dans le rapport. A propos de la réaction marocaine, le Secrétaire général de l'ONU note que dans un mémorandum daté du 20 novembre, "les autorités marocaines cherchent à obtenir des précisions sur certaines dispositions des projets de protocole avant de se prononcer officiellement sur le train de mesures proposées par l'ONU". Les Nations Unies viennent d'ailleurs de proroger, la semaine dernière, le mandat de la Minurso, jusqu'au 31 janvier 1999, conformément à une recommandation formulée par Annan dans son rapport.
A propos de l'évolution de la situation au Sahara, nous avons rencontré le ministre de l'intérieur sahraoui qui effectue ces jours-ci une visite à Nouakchott.

Le Calame: quel est l'objet de votre visite en Mauritanie?
El Khalil: Cette visite s'inscrit dans le cadre des consultations périodiques entre nos deux pays. Notamment après l'importante tournée que vient d'effectuer dans la région le secrétaire général de l'ONU. Comme vous le savez sans doute le Polisario a une fois encore montré sa volonté quant à la recherche d'une solution pacifique, en acceptant le nouveau plan de paix qu'a proposé lors de cette tournée le Secrétaire Général de l'ONU, y compris l'identification des 65.000 personnes qui ont été pourtant déjà rejetées par les accords de Houston.

Le Calame: A l'issu de cette tournée, la tendance était au pessimisme, y compris dans l'entourage même de Kofi Annan. Est-ce le cas pour vous?
El Khalil : Certes la volonté du Maroc d'aller à un référendum transparent et équitable reste encore à prouver. Ce qu'il cherche, c'est plutôt un référendum de confirmation, c'est pourquoi, il multipliera les manœuvres. Malgré cela, je pense que des étapes importantes on t été franchies. Même si le chemin qui reste à parcourir est encore plus long et plus décisif. Je pense aussi qu'étant donné l'importance des changements intervenus depuis le début de processus de paix à ce jour, la tendance est aujourd'hui à la paix. Le monde d'aujourd'hui est devenu en effet celui de la légalité, de la démocratie et des Droits de l'Homme. les solution basées sur une approche politique l'emporte de plus en plus sur l'option militaire.

Le Calame: Est-ce à dire qu'en cas d'échec du processus de paix, vous ne reprendriez les armes?
El Khalil: D'abord je ne pense pas qu'un tel processus puisse échouer, pour les raisons que j'ai évoqué. Si , malgré cela, la Communauté internationale se montre incapable d'imposer des solutions de paix pour garantir la stabilité, nous reprendrons alors les armes.

Le Calame: Pourtant beaucoup pensent que le processus est en panne?
El Khalil: Le processus serait en panne si les deux parties (et les parties intéressées)l'avaient toutes rejetées. Mais une seule partie a encore des réserves ou plus exactement des requêtes. Mais le Maroc finira par accepter ce plan de paix. Il n'a pas le choix, car il a déjà assez de problème à l'intérieur.

Le Calame: On parle aussi d'une solution" intermédiaire ". Qu'en est-il ?
El Khalil : Pour le moment en tout cas, la seule approche qui est retenue est à laquelle ont déclaré leur adhésion, c'est le référendum d'autodétermination. Si celui-ci échoue , je ne vois qu'une autre solution , le retour aux hostilités.

Le Calame: Le processus de paix de l'ONU, fait-il l'unanimité au sein du Polisario?
El Khalil : Malgré d25 ans d'occupation et huit ans de "ni guerre, ni paix" ce processus fait toujours l'unanimité.

Le Calame: On parle de l'existence de deux ails au sein du Polisario, l'une modérée, et l'autre radicale…
El Khalil : Même dans le corps d'un même individu, il y a toujours une gauche et une droite. C'est une réalité dans toute société démocratique comme la nôtre.

Le Calame: Au cas où le Maroc gagnerait le référendum , où iront les combattants sahraouis?ss
El Khalil : ils iront au Sahara Occidental accepteront le verdict des urnes, à condition toutefois que celui-ci soit l'émanation du peuple sahraoui et non de 30 millions de marocains.

Le Calame: Le Polisario est-il aujourd'hui assez fort pour reprendre la guerre?
El Khalil : Il est en tout cas plus fort qu'il ne l'était en 1975.

Le Calame: Pensez-vous qu'après l'effondrement de l'URSS et l'affaiblissement de Cuba, vous pouvez toujours mener la guerre?
El Khalil : Le Polisario ne s'appuyait ni sur l'URSS ni sur Cuba. En réalité, Cuba ne faisait que nous apporter son concours pour l'éducation de nos enfants.

Le Calame: Sur qui vous appuyez-vous alors ?
El Khalil : Nous nous appuyons sur la même chose que les Américains quand ils combattaient pour se libérer de la Grande Bretagne. C'est à dire sur la force de notre peuple et la justesse de notre cause.

Propos recueillis par MON

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