LE COURRIER DE FRANCE

 

N° 02 - 30 mars 1998

 

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication :
Fadel Ismael


IDENTIFICATION

Le point sur l'opération d'identification au 19 mars 1998 (Actualités Hébdomadaires, ARSO)

Les centres d'identification opérationnels :


POSITIONS

 

Recommandation du Parlement européen au Conseil sur le Sahara occidental

Sahara Occidental (art.92 du règlement) A4-0066/98

Le Parlement européen,

- vu l'article 92 de son règlement,

- vu l'article J7, deuxième alinéa, du traité UE,

- vu ses résolutions du 16 mars 1995 sur le Sahara Occidental1 et du 13 juillet 1995 sur le jugement prononcé à l'encontre de huit manifestants sahraouis au Maroc2

- vu les résolutions 658 et 691 du Conseil de sécurité des Natoins unies,

- vu le projet de recommandation de la commission des affaires étrangères, de la sécurité et de la politique de la défense (A4-0066/98),

A. considérant le plan de paix sur le Sahara occidental établi et adopté par les résolutions 658 et 691 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la création de la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), ainsi que la résolution 1113 également adoptée par le Conseil de sécurité décidant de proroger le mandat de la MINURSO et se déclarant satisfait des accords auxquels les parties sont parvenues à Houston,

B. considérant l'occasion unique que représentent les résultats acquis au cours des négociations entre le Maroc et le Front Polisario qui ont permis un compromis qui pourrait conduire à l'organisation du référendum sur l'autodétermination vers la fin de l'année en cours,

C. considérant la complexité des accords et la fragilité caractérisant toutes les phases prévues avant l'organisation du référendum sur l'autodétermination vers la fin de l'année en cours,

D. considérant la responsabilité historique spécifique de certains Etats membres de l'Union européenne dans la région et l'importance que revêt pour la stabilité dans le Maghreb la paix entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario,

E. estimant nécessaire que l'Union européenne soutienne avec détermination la réactivation actuelle du plan de paix et s'emploie à ce que la reprise du processus se développe conformément aux prévisions, d'une façon libre et démocratique,

F. estime opportun que le conseil définisse une position commune réaffirmant la détermination de l'Europe en ce qui concerne l'organisation du référendum et établissant le cadre d'une contribution communautaire la plus complète possible pour répondre aux besoins économiques et humains du plan de paix,

G. exprimant sa volonté d'envoyer au moment opportun une délégation d'observateurs pour le référendum sur l'autodétermination au Sahara occidental,

1. recommande au Conseil:

a) de prendre acte de l'intérêt qu'attache le Parlement européen à ce que l'Union européenne soutienne avec détermination la pleine application du plan de paix, les accords qui l'ont réactivé et l'organisation du référendum prévu et à ce que la préparation du référendum se déroule dans les meilleures conditions d'égalité des chances entre les parties et de sécurité pour les électeurs;

b) de définir une position commune afin de réaffirmer le plein appui de l'Union européenne au plan de paix et à toutes ses étapes intermédiaires (identification des votants, cantonnement des troupes, échange des prisonniers, libération des prisonniers politiques et des disparus, rapatriement des réfugiés, déroulement de la campagne électorale, etc.) ainsi que sa participation active à l'organisation libre et transparente du référendum surl'autodétermination à la date prévue, en contribuant en outre à ce que les parties respectent avant et pendant la consultation les engagements pris et, à l'issue du vote, les résultats et en garantissant dans tous les cas les droits fondamentaux des personnes, indépendamment du résultat du référendum;

c) de fournir dans tous les cas les moyens d'aide humanitaire nécessaires tant à l'ONU et à ses agences spécialisées (notamment le HCR) qu'à d'autres organisations humanitaires pour contribuer à la réinstallation décente des sahraouis dans la région du conflit et, d'une façon générale, d'organiser la participation de l'Union européenne au moyen de crédits, d'observateurs, et, le cas échéant, de personnel et de matériel, aux travaux de la MINURSO;

d) de formuler un programme pour une coopération future et permanente visant au développement intégral et durable du Sahara occidental;

2. charge son Président de transmettre la présente recommandation au Conseil et, pour information, à la Commission et aux gouvernements des Etats membres.


Mr Martin INDYK à Rabat

Le Secrétaire d'Etat adjoint américain pour le le Proche Orient et l'Afrique du Nord, M. Indyk, a eu des entretiens avec le roi Hassan II et des membres du gouvernement. Lors d'une conférence de presse, M. Indyk, répondant à une question relative à la question du Sahara Occidental, a déclaré que cette question relève des compétences des Nations Unies, que le processus d'identification va bon train selon les accords de Houston, ajoutant que l'idée même d'un référendum a été proposée à l'origine par le Maroc et que le Maroc est signataire des accords. La presse marocaine a vivement réagi à ces propos, en affirmant notamment que M. Indyk "a dépassé les bornes"! (Actualités hébdomadaires, semaine 12, ARSO)


Groupe d'Etudes français sur le Sahara Occidental à l'Assemblée Nationale

Le Groupe d'études de l'Assemblée Nationale sur le Sahara Occidental entre bientôt en action. Présidé par le député du Havre Daniel PAUL, le groupe tient sa première réunion début avril prochain. Il doit entendre le représentant du F. Polisario en France, Fadel Ismail. Le Groupe se compose de nombreux parlementaires appartenant aux diverses sensibilités politiques de la France.


Intergroupe parlementaire américain sur le Sahara Occidental

Un intergroupe a été constitué fin janvier 1998 aux Etats Unis, à l'initiative des membres du Congress américain Donald Payne, John Porter, Ed Royce, Chris Smith et Robert Menendez. Il porte le nom de : "Congressional Caucus on the Western Sahara".


Pour un Envoyé spécial des USA au Sahara Occidental

Le parlementaire américain Curt Weldon a demandé au Président Bill Clinton, dans une lettre cosignée par quarante sénateurs et membres du congress, de désigner un Envoyé spécial des Etats-Unis pour le Sahara Occidental. Les USA avainent des envyés spéciaux pour la Namibie (Edmund Muskie) et pour Chypre (Richard Holbrooke).


SOLIDARITE

L'Algérie pour une mise en oeuvre loyale et intégrale du plan de règlement au Sahara Occidental

Dans son intervention devant la 54ème session de la Commission des droits de l'homme dont les travaux viennent de commencer à Genève, et s'agissant de la question du Sahara Occidental, le délégué de l'Algérie a réitéré l'engagement de son pays à soutenir la mise en oeuvre loyale et intégrale du plan de règlement sur la base des accords conclus sous l'égide de M. Baker, Evoyé Personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental.

"L'Algérie, en sa qualité d'observateur, n'a ménagé et ne ménagera aucun effort pour l'aboutissement de cette dynamique de solution car elle reste convaincue que la stabilité et la prospérité de toute la région en dépend", a-t-il indiqué. "La construction de la paix dans ces régions par la réalisation du droit à l'autodétermination reste un défi que la communauté internationale se doit de relever en cette fin de siècle", devait-il conclure.

 

L'AIJD appelle la communauté internationale à jouer un rôle plus actif

Le Bureau de l'Association Internationale des Juristes Démocrates (AIJD) a adopté récemment une résolution dans laquelle il rappelle que l'AIJD a été la première ONG à prendre position en faveur du droit à l'autodétermination et à l'indépendance du peuple sahraoui, et ce avant même le retrait des troupes espagnoles du Sahara Occidental.

Dans cette même résolution, l'AIJD lance un appel à la communauté internationale pour jouer un rôle plus actif afin que le peuple sahraoui puisse exercer son droit à l'autodétermination en toute liberté sans contrainte et en faisant pression sur le Maroc pour respecter lews accords de Houston et cesser ses manoeuvres d'obstruction du processus d'identification des futurs participants au référendum.

 

Cuges les Pins signe la charte de solidarité avec le peuple sahraoui

Le Conseil Municipal de Cuges les Pins a signé à son tour la charte de solidarité avec le peuple sahraoui.
Il est à rappeler que ladite charte, qui sera adressée aux Nations Unies et au gouvernement français, est déjà signée par les villes de Gonfreville L'Orcher et du Mans. (Pour la signature de cette charte, s'adresser à Mr Jean Paul LECOQ, Maire, Hôtel de Ville, 76600 Gonferville L'Orcher).

 

L'A.A.RASD : Il est urgent que que la France mette tout son poids pour que le Maghreb retrouve la paix

Dans sa dernière édition (janvier-mars1998) , Sahara Info a consacré son éditorial pour attirer "la vigilance de tout ceux qui, en France et dans le monde, militent pour un règlement équitable et définitif" au Sahara Occidental.

"Le gouvernement français,, si proche des socialistes marocains et étroitement lié par "tradition" au régime chérifien (...) ne doit-il pas enfin réfléchir aux raisons de son soutien à une puissance colonisatrice ?", écrit l'éditorialiste, Mme Régine Villement, Secrétaire générale de l'AARASD. "Il est urgent qu'il s'engage et mette tout son poids et son prestige dans la balance pour qu'enfin le Maghreb retrouve la paix en donnant au Peuple Sahraoui la chance de jouir de son droit à la liberté et à édifier son Etat.", écrit encore Sahara Info.


DOCUMENT

Circulaire de Mr Driss Basri, ministre marocain de l'intérieur, adressée le 22 janvier 1998 aux walis (préfets) et gouverneurs du Maroc

TEXTE INTEGRAL

 

COMMENTAIRE

Un des derniers documents coloniaux du siècle: Transformer un Marocain en Sahraoui en trois jours

Commentaires de l'APSO (Action pour la Paix au Sahara Occidental) à propos de la circulaire (réf/84/CAB) adressée le 22 janvier 1998 par M. BASRI aux gouverneurs du Maroc

La circulaire du 22 janvier 1998 du Ministre d'État à l'intérieur du royaume du Maroc aux Wallis et gouverneurs, après avoir constaté le peu d'efficience de ces derniers dans les résultats obtenus par les ateliers de formation des postulants à l'identification en vue du "référendum confirmatif de la marocanité du Sahara", donne de nouvelles directives à suivre point par point.

Directives, comme on va le voir, totalement anachroniques car elles s'apparentent aux attitudes manipulatrices attendues autrefois des gouverneurs coloniaux au moment de simulacres d'expression démocratique et totalement surréalistes car il faudrait pratiquement que chaque sujet marocain destiné à devenir "sahraoui" ait été longuement préparé à développer des capacités dignes d'un agent secret.

Dans le premier point, il est avoué que les gouverneurs ne sont pas en mesure d'identifier les postulants, car les fichiers préfectoraux et provinciaux ne seraient pas conformes au fichier central informatique. Ce qui est curieux car les recensements sont habituellement établis à partir des données recueillies sur le terrain !

Avec le point 2 relatif aux formulaires qui aurait dû être rempli par les postulants en 1994, formulaires à partir desquels aurait été constitué le fameux fichier informatique central, on se perd en conjectures.
Qui a bien pu remplir ces formulaires ? Normalement ce sont les postulants ... mais apparemment ceux-ci n'en connaissent pas le contenu et doivent être spécialement préparés par les services du Ministère, à justement "connaître au moins le contenu du dit formulaire" !
Traditionnellement, l'environnement familial et l'éducation faisaient que chaque jeune adulte sahraoui connaissait parfaitement son arbre généalogique sur au moins trois générations, beaucoup remontant même à l'ancêtre éponyme, soit en moyenne dix générations et parfoi s au-delà. Dans le cadre d'une fraction et à fortiori d'une sous-fraction, chacun connaît tous ses cousins. Comment imaginer qu'un séjour sous administration marocaine ait pu tout effacer entre 1994 et 1998, y compris l'identité des parents directs.
Aveu suprême, il est précisé que "quand ce document ne reflète pas la situation réelle du postulant, celui-ci ne doit pas en rester prisonnier" et doit pouvoir réciter le reste de la leçon apprise, concernant les lieux de naissance de sa famille et de lui-même, les aires de transhumance, des dates de repères de la famille, son rattachement à une famille sahraouie connue, l'histoire de sa tribu, la géographie de la région de nomadisation.
Pour être efficace, cet apprentissage demande, de la part des postulants, des qualités exceptionnelle apparentées pratiquement au profil attendu des agents des services spéciaux en mission extérieure. La note qui ne laisse rien au hasard précise "le comportement psychologique" à "inculquer au postulant". Sans vouloir démoraliser les autorités marocaines, il est permis de douter qu'une formation au contenu si complexe puisse conduire aux résultats escomptés en deux ou trois jours !

le point 3 relatif à la mission du cheikh et de l'observateur est tout aussi savoureuse.
Un cheikh digne de cette fonction n'a pas besoin d'une heure et encore moins de deux à trois jours pour se familiariser avec un membre de sa fraction.
Dans la tradition, c'est par des caractéristiques physiques que ce peuple très observateur savait - sait encore - de qui est tel ou tel car dans le désert, on ne demande pas d'où viens-tu, mais de qui tu es, sous-entendu à quel campement es-tu rattaché ?
Si en dehors d'un groupe donné, les vieux étaient capables d'identifier les membres d'autres tribus sahraouies nomadisant dans des régions éloignées des leurs, c'est faire injure au cheikh, que de penser qu'il doit suivre des cours accélérés pour faire connaissance avec le postulant de sa sous-fraction afin de "connaître sa filiation et ses liens avec la sous-fraction et la région".
Les autorités marocaines doivent également savoir que même terrorisé, un cheikh qui veut garder le respect de ses contribules, ne peut pas dévier d'un code d'honneur exigeant.
La note reconnaît que le travail de filiation fait jusque là n'a pas vraiment porté ses fruits et qu'il faudra dorénavant multiplier par trois les équipes d'observateurs pour "leur permettre de suivre à la fois l'opération d'identification et la préparation des postulants".

Le point 4 ayant trait au rôle des encadreurs révèle le développement de la panique qui règne à quelques semaines de la fin du processus d'identification.
De manière allusive la note indique les pressions qui devront être exercées, en direction du cheikh, par l'encadrement administratif (encadreur et observateur) pour "le sensibiliser", "le motiver", "le décomplexer". Dans ce cadre, ultime arme, il est envisagé de faire appel à l'assistance technique du Sud (autrement dit des Sahraouis sous occupation marocaine) pour sahraouiser les postulants des provinces du Nord, autrement dit des Marocains.
Parmi les étrangetés de la note, comme par exemple la mention "sous-fraction ethnique" qui ne correspond à rien dans l'univers sahraoui, la phrase concernant "leur filiation la plus connue et la plus répandue" est une énigme. cela veut-il dire que les Marocains ont plusieurs filiations et qu'ils sont à la recherche d'une filiation sahraouie ??
Il est aussi envisagé, comme dans le cas de l'apprentissage des langues étrangères, une immersion totale des Marocains dans des tribus sahraouies, afin toujours de les familiariser avec "certains aspects pouvant faciliter leur identification".
Enfin pour les postulants qui seraient sûrs de leur origine sahraouie, mais qui ont acquis la culture marocaine, ils doivent réapprendre leur parfois lointaine sahraouité pour la défendre de façon convaincante.
Rien n'est laissé au hasard, le ministre fait son travail de manière consciencieuse, sans oublier personne : postulants, observateurs, encadreurs, chioukh.
En dernier ressort, d'une manière administrativement diplomatique, on laisse pointer le recours à la corruption, la carotte...ou le bâton. Les chioukh "méritants" seront respectés et encouragés. On sait par contre que certains chioukh ont subi des représailles. On parle même d'un cheikh mort dans des conditions suspectes au retour d'une mission d'identification.

 

Vingt trois ans après l'invasion du Sahara Occidental par les troupes marocaines, trente deux ans après la première résolution des Nations Unies reconnaissant le droit imprescriptible à l'autodétermination du peuple sahraoui, le Maroc continue à vouloir faire diversion, à vouloir tromper la communauté internationale.

Alors qu'il préparait la guerre, le roi avait déclaré à son peuple, le 20 août 1975, à propos des chances de récupérer le Sahara Occidental par des moyens pacifiques ou par les armes "nous sommes en mesure d'affirmer, et nous sommes très pessimistes, que nos chances sont de l'ordre de 50%" (sous-entendu de façon pacifique puisque l'armée était prête à intervenir).

L'invasion qui a entraîné de nombreuses souffrances pour les peuples sahraoui et marocain n'a pas changé les données du problème, qui demeurera, tant que les Sahraouis n'auront pas choisi librement leur destin.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a désormais fixé une date pour la tenue du référendum. Vouloir la retarder serait de toute façon, pour le Maroc, l'aveu que les chances de le gagner sont très en-dessous de 50%.

La mondialisation a changé toutes les données géostratégiques, géo-économiques ; les peuples voisins doivent désormais impérativement coopérer entre eux pour survivre.

Si les nouvelles composantes du pouvoir marocain, qui sont l'expression de la cohabitation des différences, voulaient envisager la recherche d'une paix durable avec le peuple sahraoui...la perspective de rapports de coopération entre deux peuples qui pourraient être frères et associés, dans le strict respect de leur personnalité politique et sociale, devrait l'emporter sur toute autre considération.


PRESSE

 

Articles de presse parus en France

 

Jeune Afrique n°1941, du 24 au 30 mars 1998

Titre : Comment les Marocains préparent le référendum.

Dans une circulaire confidentielle en date du 22 janvier (...), le ministre marocain de l'intérieur, Driss Basri, demande avec fermeté aux walis et gouverneurs du royaume de mieux se préparer aux opérations d'identification du corps électoral appelé à se prononcer, par référendum, sur le sort du Sahara Occidental. Mené sous les auspices de l'ONU, ce recensement, en cours depuis décembre 1997, doit en principe s'achever fin juin. Or, constate le ministre, ses résultats sont "actuellement en dessous du niveau necessaire" - ce qui signifie que le nombre des électeurs sahraouis présentés par la partie marocaine et effectivement inscrits sur les listes électorales, après avoir subi avec succès "l'examen de passage" de la Commissiojn d'identification de l'ONU, est inférieur aux prévisions de Rabat. A terme, ce "déficit" du nombre des votants supposés être favorables à la thèse du rattachement du territoire au royaume pourrait, on le craint, jouer en faveur du Polisario. D'où la sonnette d'alarme tirée par Driss Basri et les mesures dont il préconise l'application immédiate.

En ce qui concerne ceux qu'il appelle "les postulants" - les électeurs potentiels -, Driss Basri exige qu'ils soient mieux connus et, surtout, mieux préparés avant de passer à l'épreuve de l'identification (...). D'où la necessité d'une formation du postulant "deux à trois jours avant la séance d'identification ".

(...) Appelé à témoigner que le postulant remplit bien les critères d'identification, le cheikh marocain "doit se montrer crédible et convaicant, en ne se limitant pas à reconnaître le postulant, mais en cherchant à l'appuyer et à le défendre". Il est donc indispensable que le cheikh, l'observateur et les postulants sahraouis aient, avant l'examen, une séance de travail afin de "coordonner, évaluer et planifier leur action commune".

Un rôle spécifique est enfin dévolu aux "encadreurs", chargés de former les postulants (...)

Après avoir signifié au passage que "les chioukhs méritants doivent être respectés et encouragés", le ministre Driss Basri conclut ses instructions aux walis et gouverneurs par cette phrase : "Les vingt semaines à venir sont déterminantes pour l'issue du référendum confirmatif de la marocanité du Sahara"(...)

Le Maroc, qui donnait parfois l'impression de se reposer nonchalamment sur son "bon droit", commence à prendre les choses au sérieux...

 

COURRIER INTERNATIONAL, n°383, du 5 au 11 mars 1998

Titre : Le nouveau Premier ministre avance en terrain miné

(...) La préoccupation majeure du gouvernement socialiste (marocain) restera la question du Sahara Occidental. Ce dossier a pris un tournant dangereux depuis que les Etats Unis ont décidé de participer activement à son règlement.

Les accords de Houston, organisés et parrainés par l'ex-secrétaire d'Etat américain James Baker, ont redonné vie au Front Polisario, qui s'était affaibli au point de glisser peu à peu dans l'oubli. Ces accords prévoient l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination des populations sahraouies avant la fin de l'année.

L'UFSP se montre hostile à cette consultation arguant qu'"un citoyen ne peut pas abandonner sa patrie". Le parti du Premier ministre serait d'ailleurs prêt à s'opposer au gouvernement américain s'il persistait à vouloir imposer sa solution au conflit du Sahara Occidental. (AL QUDS AL-ARABI, Mahmoud Maarouf)

 

Maroc Hebdo international , n°314, du 14 au 20 mars 1998

Titre: Une présence marocaine à revoir, par Mustapha TOSSA

(...) Sur la place de Paris, une des plus importantes stations diplomatiques pour le Maroc, le gouvernement (socialiste marocain) a hérité d'une situation catastrophique quant à la gestion du dossier du Sahara marocain sur le plan des médias et des leaders d'opinion. La faillite a été telle que la France entière a été contaminée par "l'esprit Polisario" .

(...) Jusqu'à présent la sympathie pro-polisarienne qui traverse la gauche plurielle n'a pas déteint sur la position officielle de la France. Mais on se rappelle l'épisode tragi-comique de l'escale de Charles Pasqua, alors ministre de líIntÈrieur, à Laâyoune en 94. Le porte-parole du quai d'Orsay de l'époque, Catherine Colonna, s'était sentie obligée de rappeler la position de la France à l'égard du Sahara Occidental: "La France soutient et a toujours soutenu les efforts du secrétaire général des Nations Unies et de son représentant, Yakoub Khan, en vue de parvenir à la mise en oeuvre du plan de paix de l'ONU à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination dès que possible."

Il serait assez simpliste d'attribuer les points marqués par le Polisario en France et sa capacité d'engranger des sympathies au sein de la gauche française aux seuls talents de communicateur de son représentant à Paris, Fadel Ismaël (...)

La nomination de Me Youssoufi peut-elle changer quoi que se soit à cette situation ? (...)

La question posée cette semaine à un proche de Me Youssoufi à Paris était: "Pour quelles raisons vous vous êtes abstenus d'agir dans ce dossier sachant que l'affaire du Sahara est une affaire qui concerne tous les Marocains?" La réponse est tombée, résumant ce casse-tête: "Un, l'appareil sécuritaire marocain n'avait aucune confiance dans nos comportements et deux, nous n'avons jamais été sollicités par qui que ce soit."

 

Le Monde, 17 mars 1998

Titre: Education, emploi, Sahara Occidental : les dossiers chauds par Jean-Pierre TUQUOI

(...) De façon plus urgente, le dossier du Sahara Occidental risque d'occuper une bonne part de l'agenda du nouveau premier ministre (marocain), même si, officiellement, il est du ressort du ministre de l'intérieur, Driss Basri. En acceptant de signer, en fin d'année dernière, sous l'égide de l'ONU, les accords de Houston, les Marocains, de l'avis des milieux diplomatiques occidentaux, ont commis une erreur d'appréciation. Rien ne garantit en effet que le corps électoral qui sera finalement retenu par les équipes des Nations Unies chargées de l'organisation du référendum d'autodétermination votera pour le rattachement des provinces sahariennes au royaume.

Le ministre marocain de l'intérieur le sait bien. Constatant, fin janvier, dans un document confidentiel obtenu par Le Monde , que "les résultats de l'identification (des électeurs sont) actuellement en dessous du niveau nécessaire (pour l'emporter)", M. Basri a donné des instructions écrites aux "walis [préfets] et gouverneurs" pour battre le rappel de tous les Sahraouis susceptibles d'apporter leur vote à Rabat. "Les agents d'autorité, les notables [...] doivent se mobiliser en faveur de cette opération", écrit le ministre d'Etat. N'est-ce pas trop tard ?

 

Le Monde, 12 mars 1998

Titre: James Baker pourrait à nouveau intervenir dans le dossier du Sahara Occidental par Jean-Pierre TUQUOI

A quelques mois du rÈfÈrendum sur le Sahara Occidental, qui décidera de son rattachement ou non au Maroc, l'ex-secrétaire d'Etat américain James Baker reste "préoccupé "par l'évolution de la situation sur le terrain et il "n'exclut pas la tenue de nouvelles discussions en avril à Houston" pour tenter d'aplanir les obstacles, a révélé, mardi 10 mars à Paris, un dirigeant du Front Polisario, M'hamed Khaddad, chargé de la coordination des relations avec la Minurso, a reproché aux Marocains de "ne pas respecter les engagements souscrits en décembre" à Houston.(

...) Mais l'un des points du compromis négocié sous l'égide de M. Baker, par son côté imprécis, laisse la porte ouverte à l'inscription de plusieurs milliers de Sahraouis appartenant à des tribus contestées par le Front Polisario. "Un millier d'individus ont été convoqués [par la Minurso]. 12.000 se sont présentés - pas d'eux-mêmes, mais encouragés par le Maroc au vu et au su de la Minurso", a accusé le dirigeant du Polisario. En tenant d'augmenter la taille du corps électoral au profit des Sahraouis acquis à sa cause, le Maroc, selon le Polisario, cherche à peser sur l'issue du scrutin. "Le Maroc veut imposer coûte que coûte le nombre d'électeurs qu'il lui faut pour gagner le référendum", a déclaré M. Khaddad.

Interrogé sur la campagne de presse lancée ces dernières semaines par Rabat contre le Polisario et la Minurso, le responsable sahraoui l'a mise sur le compte de la "nervosité" des autorités marocaines, non sans écarter l'hypothèse qu'il pourrait s'agir de leur part d'un "chantage" exercé sur la Minurso.(...)

 

L'Humanité, 12 mars 1998

Titre: Le Polisario craint un retard dans le processus de paix par Françoise GERMAIN-ROBIN

Le calendrier de mise en oeuvre du plan de paix de l'ONU pour le Sahara Occidental, qui doit déboucher sur un rÈfÈrendum d'autodétermination le 7 décembre prochain, risque de ne pas être respecté. C'est ce qu'a déclaré hier, lors d'une conférence de presse donnée dans les locaux de la Fondation France-Libertés, le coordinateur du Polisario auprès de l'ONU, M'hamed Khaddad.(...)

M'hamed Khaddad, qui revenait de NewYork o˜ il avait eu des entretiens avec Kofi Annan et James Baker, a indiqué que ce dernier "pourrait à nouveau envisager une rencontre entre les deux parties en avril prochain, à Houston ou ailleurs, pour discuter du problème des tribus contestées, dont nous pensions qu'il était résolu par le compromis de septembre".(...)

Le Maroc accuse de son côté le Polisario de manipulations et James Baker de partialité. Un transfuge du Polisario passé du côté marocain, Brahim Hakim, a déclaré jeudi dernier à Bruxelles: 2Si les résultats du rÈfÈrendum sont injustes, je crains le pire. Les frustrations accumulées par les tribus pourraient mener à une guerre civile interminable et difficile à contenir sur l'autre rive de la Méditerranée." interrogé sur ces propos, M'hamed Khaddad a déclaré ne pas vouloir commenter ce "chantage à la guerre civile", assurant quíaucune tribu sahraouie ne se prêtait à ce jeu".(...)

M'hamed Khaddad a enfin souhaité un engagement plus grand de la France dans le processus de paix, estimant que "l'ancienne puissance coloniale de l'Afrique du Nord ne peut se dÈsintÈresser de la paix et de la stabilité dans une région où elle a tant de liens historiques et d'intérêts économiques".

 

Jeune Afrique Economie, n°259, du 2 au 15 mars 1998

Interview de MrYoussoufi par Christian Castéran

JAE - Une échéance importante vous attend à la fin de l'année avec l'organisation d'un référendum sur le Sahara. Etes-vous sur la même position que le roi Hassan II sur la question du Sahara ?

Youssoufi - L'USFP, à l'origine, considérait que le problème était réglé dès lors que le Sahara était décolonisé. Mais il y a eu une telle campagne d'hostilité qu'il s'est créé une opinion favorable à la mise en oeuvre d'une procédure engageant les Nations Unies. Beaucoup de nos partenaires voulaient la mise en oeuvre d'un réferendum. Nous y avons souscrit. Le référendum aura lieu.

 

Maroc hebdo international, n°312, du 28 février au 6 mars 1998

Titre: Référendum au goût de pétrole, par Abraham Serfaty

(...) La donnée majeure du monde actuel est la volonté des Etats-Unis d'en finir de façon stable avec les conflits régionaux pour permettre le libre déploiement du processus de mondialisation(...) Cette volonté (...) converge avec la mise en oeuvre du droit international dont l'actuel Secrétaire général de l'ONU est, de façon marquante, le gardien. Pour la question du Sahara, ce n'est pas le poids algérien qui est déterminant au plan international, mais cette volonté de stabilisation de la région pour éviter qu'elle ne sombre dans l'emprise islamiste ou dans la guerre fratricide, - et les deux peuvent se produire en même temps. Cette volonté et cette convergence se sont marquées nettement dans les accords de Houston à travers la personnalité de James Baker.

Il serait suicidaire pour le Maroc de s'opposer à la mise en oeuvre de ces accords, y compris dans le processus d'identification dont les fonctionnaires de l'ONU restent, sous la direction de Kofi Annan, maîtres en derniers ressort, notamment pour l'application des critères convenus à Houston.

Or ces Accords ont précisé et amendé les critères, d'identification retenus en 1991. L'actuel ministre de l'Intérieur marocain, qui a signé ces accords, avait cru en septembre pouvoir pallier aux difficultés de ces critères ainsi amendés, par le recours habituel aux méthodes qui lui ont si bien réussi pour le processus électoral de ces derniers mois - et il l'avait déclaré à Paris le 25 septembre. mais l'appareil de l'ONU n'est pas de celui de ses gouverneurs. D'où son recours actuel à une surenchère dont notre pays ne peut que sortir perdant (...).

 

Jeune Afrique, n°1939, du 10 au 16 mars 1998

Titre: Le calendrier sera-t-il respecté ? par Chérif Ouazani

La commission d'identification des électeurs de la Minurso (...) a rendu public le nombre de personnes auditionnées par ses soins : 94.194. Ce chiffre a été confirmé par Robin Kinloch, président de la Minurso. Il comprend toutes les personnes qui se sont présentées devant les experts entre le 3 décembre 1997, date de reprise des travaux de la commission, et la fin du mois de février 1998. L'opération d'identification a repris après les accords de Houston entre le Maroc et le Polisario, sous l'égide de l'ancien secrétaire d'Etat américain, James Baker (...)

Le secrétaire général de l'ONU déplore les critiques de la presse marocaine contre la Minurso et remarque que les tensions persistent (...).

 

Publications

Sahara-Info n°101, janvier-mars 1998


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