Monsieur ROCHEREAU DE LA SABLIERE
Ambassadeur
Représentant permanent de la France
auprès des Nations Unies
Fax : 00.212.421.68.89

 

Paris, vendredi 17 janvier 2003

 

 

Monsieur l'Ambassadeur,

Monsieur le Président,

 

Ce premier mois de l'année pendant lequel vous assurez la présidence du Conseil de Sécurité des Nations-Unies est lourd de dangers. Je souhaite ardemment que le respect de la légalité internationale et des droits fondamentaux des peuples soit assuré.

C'est tout particulièrement en faveur du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui que je me permets de vous adresser ce courrier aujourd'hui.

Le mandat de la Minurso arrive à son terme fin janvier. L'Ambassadeur James BAKER envoyé spécial du Secrétaire Général effectue une tournée dans la région avec de nouvelles propositions - suivant les observateurs - et fera rapport dans quelques jours au Conseil de Sécurité.

Le Conseil de Sécurité avait considéré avec sagesse le 31 juillet dernier que l'accord cadre ne pouvait être retenu "dans le cadre d'arrangements compatibles avec les buts et principes de la Charte des Nations Unies". Le Conseil de Sécurité renouvelait ainsi son refus du fait accompli colonial en réaffirmant son attachement aux principes des Nations Unies en matière de décolonisation.

En effet, le cadre de référence de cette question demeure bien la Résolution 1514 et 1541 de l'Assemblée Générale des Nations Unies (20/12/1960), la Résolution 690 du Conseil de Sécurité du 29 avril 1991 et les accords de Houston de 1997 destinés à relancer - après accord des parties en conflit - le plan de paix et la perspective concrète d'un référendum d'autodétermination.

Dans quelques jours, le Conseil de Sécurité devra à nouveau prendre position. A votre place éminente et compte-tenu des relations étroites qu'entretient la France avec les pays du Maghreb, quelle sera la voix de la France ? Notre pays ne pourrait-il contribuer à fixer clairement les contours de l'application du plan de paix et des accords de Houston ?

Au prétexte de préserver la stabilité au Maghreb, préoccupation bien sûr légitime, n'existe-t-il pas une autre politique possible que celle du soutien presque inconditionnel à l'exaltation nationaliste marocaine ?

Le maintien d'un foyer de guerre, même s'il peut apparaître en veilleuse aujourd'hui, n'est bon ni pour les peuples du Maghreb, ni pour la France. Le blocage du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui rend difficile l'établissement de relations sereines et fraternelles entre les peuples de la région. Il retarde les espoirs de développement d'économies complémentaires mutuellement profitables et solidaires. Il retarde également les perspectives à venir d'un vaste ensemble euro-méditerranéen auquel la France a tout à apporter et à gagner.

Le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui exige de vous et de la France une position équilibrée et juste au sein du Conseil de sécurité, qui donne au Plan de paix des perspectives claires d'application et un espoir au peuple sahraoui.

Je vous prie de croire, Monsieur l'Ambassadeur, Monsieur le Président, en l'assurance de ma haute considération.

Yasmine Boudjenah

Députée européenne


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