Reflets de l'actualité au Sahara Occidental: juillet-août 1995

28.6. Procès des huit Sahraouis: rapport de l'OMDH
L'Organisation Marocaine des Droits de l'Homme publie un rapport et ses observations sur le procès du 21 juin 1995 (voir Reflets IV/5). Elle signale que l'audience a eu lieu à huis clos en présence de deux observateurs de l'OMDH. Les avocats commis d'office ont évoqué l'état dans lequel les inculpés ont été amenés au tribunal: yeux bandés et mains menottées. Ils ont qualifié d'inhumaines les conditions du transport des accusés de Laayoune à Rabat. Les inculpés ont confirmé avoir subi de mauvais traitements après leur arrestation. L'OMDH relève que "les faits rapportés constituaient un simple délit de manifestation non déclarée" et que "la saisine injustifiée du tribunal permanent des forces armées (...) confirme les craintes maintes fois formulées sur les dysfonctionnements de la justice". L'OMDH demande que "la Cour suprême, saisie d'un pourvoi en cassation, se prononce rapidement et statue en toute indépendance".

6.7. Procès des huit Sahraouis: action urgente d'Amnesty international
Crainte de torture / Procès inéquitable
Maroc et Sahara occidental:
Nissan Murabih (alias M'Rabih Rabou NEYSAN), Lakahal Abdelhay (alias Abdel'hay LEKHAL), M'Barki Ahmed (alias Salama Ahmed LEMBARKI), Saidi Mohamed (alias Ahmed EL KOURI), Baba Larbi (alias Arbi Brahim BABA), Rahou Mahfoud (alias Mahfoud Brahim DAHOU), Becharaoui Nabat (alias Nebt Ramdane BOUCHRAYA) et Shikhatou BOUH - tous de sexe masculin, âgés de 18 à 20 ans.
Amnesty international craint que les prisonniers d'opinion dont les noms figurent ci-dessus, qui auraient été torturés et victimes de mauvais traitements pendant la période précédant leur procès, risquent d'être à nouveau torturés.
Les jeunes gens ont été arrêtés le 11 mai 1995 à Laayoune à la suite d'une manifestation pacifique de soutien au Front Polisario. De nombreux autres cas d'arrestations en relation avec la même manifestation ont été signalés.
Les huit jeunes civils cités plus haut ont été jugés le 21 juin 1995 par la Cour Militaire à Rabat et condamnés à des peines allant de 15 à 20 ans de prison, les charges retenues étant la menace de la sécurité extérieure et de l'intégrité territoriale du pays.
Le procès, qui s'est déroulé à huis clos, n'a pas été conforme aux normes internationales pour un procès équitable;
les accusés ont affirmé que, pendant leur garde à vue, ils ont été battus et ont subis des tortures allant jusqu'aux électrochocs. Ils ont été forcés à signer des aveux établissant qu'ils avaient participé à une manifestation de soutien au Front Polisario en portant des drapeaux du Polisario et des tracts et en chantant des slogans. La Cour, à plusieurs reprises, n'a pas tenu compte de leurs allégations de torture, et il est à craindre qu'ils ne courrent encore le risque de torture et de mauvais traitements.
Ces prisonniers n'ont pas le droit de faire appel, mais leur procès sera révisé par la Cour Suprême de "Cassation", à travers un mécanisme qui règle les procédures mais qui ne ré-examine pas les faits de l'affaire.
Amnesty international les considère comme des prisonniers d'opinion, incarcérés uniquement pour l'expression de leurs opinions, sans avoir utilisé ou préconisé la violence. Amnesty international demande donc leur libération immédiate et sans conditions.

9.7. Répression au Sahara occidental - grâce royale au Maroc
De source officielle on apprend que Hassan II a réduit les peines des huits jeunes Sahraouis à un an d'emprisonnement. Ils avaient été condamnés à des peines allant de 15 à 20 ans de prison ferme ! La veille le ministère de l'information de la RASD annonçait que la campagne de répression marocaine au Sahara occidental se poursuivait depuis début mai et qu'une femme de 50 ans avait été arrêtée. D'autre part un responsable adjoint de la municipalité d'El Ayoun a été retrouvé égorgé dans son propre magasin le 5 juillet. Le Comité de Lutte Contre la Répression au Maroc publiait, le 19.7., les noms de trois autres personnes arrêtées fin juin à El Ayoun ainsi que celui de Malaenin ould Abdenbi, décédé sous la torture lors de son incarcération au commissariat. Cette organisation "demande la libération immédiate de l'ensemble des prisonniers sahraouis arrêtés avant et depuis le déploiement de la MINURSO", et "exige que toute la lumière soit faite sur la mort de Malaenin ould Abdenbi et sur le sort des 526 Sahraouis toujours portés disparus". Le Parlement européen a adopté, le 13 juillet, une résolution demandant la mise en liberté inconditionnelle des huit Sahraouis condamnés. En Espagne quelque 200 personnes se sont rassemblées le 15 juillet devant l'ambassade du Maroc à Madrid, pour protester contre la répression marocaine au Sahara occidental. D'autres manifestations ont eu lieu à Bilbao, Barcelone et Séville.

9.7. Reprise de la participation sahraouie aux travaux de la Commission d'identification
Réuni en session extraordinaire le Secrétariat National du Front Polisario décide de poursuivre sa participation aux travaux de la Commission d'identification, mais estime "inacceptable la participation de populations de substitution, comme tend àle faire admettre la puissance occupante, dont la dernière vise à inscrire 100'000 de ses nationaux sur les listes électorales". Enfin le Front Polisario "exige que les Nations unies contrôlent les frontière internationales du territoire". Les revendications du Front Polisario ont été transmises à tous les membres du Conseil de sécurité qui ont reçu, le 13 juillet, l'envoyé spécial du Président de la RASD, M. Bachir Sayed. Les travaux d'identification ont effectivement repris le 26.7.

15.7. La 5è commission de l'Assemblée générale des Nations unies a approuvé le budget de 50 millions de $ de la MINURSO pour la période du 1.12.94 au 30.9.95.

4.8. Le Maroc enregistre
Selon le ministre de l'intérieur marocain Driss Basri, le Maroc va ouvrir la semaine prochaine 40 centres d'enregistrement: 13 au Sahara occidental et 27 dans les villes marocaines de Rabat, Casablanca, Marrakesh et Agadir, afin d'accélérer le processus référendaire. D'autres centres seront ouverts dans les ambassades marocaines à l'étranger. Selon Basri le Maroc a déposé dans les délais en tout 271'000 demandes d'identification. Dans les Reflets IV/6 nous parlions de 235'000 demandes reçues par l'ONU, soit 100'000 émanant de candidats résidant au Maroc, 30'000 dans les camps de réfugiés, 82'000 dans le territoire lui-même et 23'000 ailleurs. Le nouveau chiffre avancé par le Maroc change fondamentalement les données. Si, au lieu de 100'000, il faut compter avec 200'000 demandes de candidats résidant au Maroc, comment le calendrier référendaire pourra-t-il être respecté ? (En près d'une année moins de 50'000 candidats ont passé la procédure d'identification.) Un déroulement sérieux et fiable de l'identification peut-il encore être garanti ? Mais surtout, peut-on encore fermer les yeux devant l'énormité de la manipulation marocaine ?

4.8. Afrique du Sud, RASD et Maroc
David Beresford dans le Guardian (Johannesburg) écrit que le Front Polisario s'est plaint auprès de la commission des affaires étrangères du parlement sud-africain du retard que prend la reconnaissance de la RASD, promise par Nelson Mandela. Selon le journaliste ce retard serait dû aux pressions exercées sur Thabo Mbeki (vice-président et successeur probable de Mandela) par le gouvernement marocain, qui aurait apporté un important soutien financier à l'ANC.

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