Reflets de l’actualité au Sahara Occidental: février-mars 1995

1.2.1995 Droits humains
L'AFAPREDESA constate dans un communiqué qu'aucun des 310 Sahraouis libérés en 1991 des geôles marocaines ne bénéficie de traitement médical ni n'a jamais été indemnisé. L'Association annonce le décès, faute de soins et d'aide matérielle, de huit de ces ex-détenus. En mars elle publie une liste de huit ex-disparus sahraouis déportés au Maroc, à Tan-Tan, Akka et Tiznit. Un ancien «disparu» sahraoui rend compte, dans une interview publiée par Le Courrier de Genève (10.3.), de ses quinze années de détention et de torture dans les bagnes secrets du Maroc.

10.2.1995 Assistance militaire des USA au Maroc
Les Etats-unis ont octroyé au Maroc, en 1994, une assistance militaire «indirecte» de $ 270 millions. L'ambassadeur américain à Rabat justifie cette décision par la réduction, en 1994, de l'aide militaire «directe» d'environ $ 30 millions.

27.2.1995 A nouveau des Marocains déplacés au Sahara Occidental
Dans une lettre adressée au président de la Commission d'identification, Bachir Sayed, responsable sahraoui pour le référendum, dénonce l'arrivée à Smara de milliers de citoyens marocains pour prendre part au processus d'identification. Ce fait confirme n «la détermination du Maroc à persévérer dans sa politique du fait accompli, en noyant la population sahraouie dans une masse de colons marocains», n «la volonté du Maroc d'oeuvrer pour que le référendum ne concerne pas le peuple sahraoui mais le peuple marocain», n «l'incapacité de la MINURSO de faire respecter le plan de paix». Le Front Polisario exige le retour immédiat au Maroc des citoyens marocains. Selon le Front Polisario, depuis 1991, 180'000 Marocains se sont établis au Sahara occidental à côté de 200'000 Sahraouis.

24.3.1995 Un journal marocain fait état de l'intention du gouvernement de construire 10'000 habitations à El Ayoune pour la somme de $ 50 millions. La première tranche de 5'000 maisons pourra abriter 87'000 personnes. El Ayoune compte actuellement plus de 175'000 habitants.

7-19.3.1995 Visite du président sahraoui en Europe

Après son voyage aux Etats-unis fin janvier-début février de cette année, Mohamed Abdelaziz se rend en Belgique et au Parlement européen «pour demander à tous (ses) interlocuteurs de sauver le plan de paix». Le président sahraoui rencontre des responsables politiques belges, des parlementaires européens et est reçu par le président du Parlement européen.

16.3.1995 Le Parlement européen pour une mission d'information sur place
Dans une résolution le Parlement européen demande au Maroc n de mettre un terme à ses manoeuvres dilatoires qui visent à freiner l'application du plan de paix, n d'engager des négociations directes avec le Front Polisario et n de ne plus interdire l'accès du Sahara occidental aux observateurs étrangers. Le Parlement européen envisage de désigner une mission d'information afin d'enquêter sur place sur la préparation du référendum. Le Maroc qualifie cette résolution de «non-fondée» et de«mal intentionnée».

15-17.3.1995 Visite de Hassan II à Washington
Selon El País le roi va à Washington chercher l'appui des Etats-unis à sa politique au Sahara occidental. Aucun détail ne filtre sur les éventuels résultats politiques de cette visite.

29.3.1995 Visite sahraouie aux Canaries
Une délégation sahraouie comprenant les quatre gouverneurs de wilaya et 25 autres responsables se rend aux Iles Canaries à l'invitation de l'Association canarienne des villes jumelées avec le Sahara occidental. La délégation est reçue par les autorités locales. Bachir Sayed, responsable pour le référendum, déclare à cette occasion que, si les Nations unies ne mettent pas un terme à leur complicité avec le Maroc dans le blocage du plan de paix, le Front Polisario se verra contraint à reprendre la guerre et à mener des actions à l'intérieur du Maroc. suite page suivante

Réactions au rapport Ruddy

25.2.1995 La journaliste Jane Kokan, visitant les camps de réfugiés, publie dans "The Guardian" un article qui fait longuement état du rapport Ruddy. Interviewé, le président sahraoui déclare que le roi du Maroc n'a jamais désiré que le référendum aboutisse et qu'une solution militaire pourrait être la seule façon d'obtenir l'indépendance du Sahara occidental.

5.3.1995 Chris Hedges, envoyé spécial à El Ayoun, publie «Morocco is accused of Interfering in affairs of a smaller desert neighbor» dans "The New York Times", et le lendemain dans "The International Herald Tribune" «Morocco meddling in Sahara, UN says». Interrogé l'ambassadeur Ruddy répète ses accusations contre la MINURSO, devenue selon lui «un instrument du gouvernement marocain», ajoutant: «Le Maroc ne quittera jamais le Sahara occidental». Les critiques de F. Rudy sont confirmées dans les articles mentionnés par des membres de la MINURSO.

Dans une lettre au "The New York Times" publiée pendant la visite de Hassan II aux USA, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies dément les déclarations de F. Ruddy.

30.3.1995 Rapport du Secrétaire général des Nations unies [S/1995/240] [PDF] and [Add.1] [PDF])
Boutros-Ghali fait à nouveau le bilan des activités des derniers trois mois: sept centres d'identification fonctionnent aujourd'hui, un huitième sera prochainement ouvert dans le camp de Dakhla, à 180 km au sud de Tindouf en Algérie. Plus de 21'300 personnes ont été identifiées à la mi-mars. Le secrétaire général espère, malgré les problèmes existants exposés en détails, pouvoir accélérer le processus d'identification pour que soit atteint le chiffre de 25'000 personnes identifiées par mois, ce qui permettrait de fixer le début de la période de transition (Jour J) en août 1995 et le référendum en janvier 1996. Cela correspond donc à un nouveau report d'au moins trois mois. Le rapport traite aussi d'autres aspects du plan de paix comme la présence militaire marocaine et sahraouie, la nomination d'un juriste, les prisonniers de guerre et le rapatriement des votants.

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